Feeds:
Articles
Commentaires

Posts Tagged ‘Présidentielles 2012’

Sur le Portail « Orange », sont publiées des actualités que chaque internaute peut en principe commenter au travers de ce qui est appelé un « Journal de réactions ». Ces réactions ne sont mises en ligne qu’après avoir été lues (et validées) par une « équipe de modération ». Cette dernière a pour mission de veiller à ce que les messages des internautes respectent la loi et certaines règles élémentaires de courtoisie et de bonnes mœurs. En particulier, ces messages ne doivent être ni injurieux, ni racistes, ni pédophiles ou pornographiques, etc.  Rien qui ne soit prohibé par la loi ne doit être diffusé et c’est légitime…

Mais désormais, l’équipe de  modération semble aller plus loin, car elle sanctionne – c’est-à-dire censure – l’ironie, dès lors qu’elle n’est pas en adéquation avec le politiquement correct médiatique. Aucune thèse contraire au discours dominant du moment ne doit sans doute être développée.

Ainsi, en réaction à un article publié sur le portail « Orange »ce jour à 8h24 et  intitulé : « Le tweet de Trierweiler: « règlement de comptes » et « couac » pour Hollande, pour la presse », j’ai tenté vainement de mettre en ligne le commentaire suivant :

 «   Angevinades au sommet

L’angevine Trierweiler et Royal la néo-poitevine se crêpent les chignons! L’enjeu est de taille: un corrézien d’adoption devenu président de la République. Et lui, normand d’origine hésite: « Peut-être bien que oui ou peut-être bien que non! » ou encore: « Je me débarrasserais volontiers de l’Ex en faisant semblant de la soutenir et j’approuve ma nouvelle, tout en la désavouant implicitement ».

C’est vrai qu’au perchoir de l’Assemblée, l’Ex risque d’être plus embarrassante qu’utile, et la faire battre « démocratiquement » est un bon moyen de régler le problème sans avoir à l’affronter. La stratégie est subtile et ça peut fonctionner, à condition toutefois de ne pas se faire prendre la main dans le sac et de ne pas se retrouver prisonnier de son stratagème. Un stratagème en forme de muse omniprésente. Conclusion : N’est pas Machiavel qui veut! En outre, le temps des monarchies est révolu, comme celui des comtes d’Anjou… »

Ce commentaire a été censuré par l’équipe de modération d’Orange. Je suppose que dans la patrie des droits de l’homme et de la liberté d’expression, il est devenu indécent de pratiquer l’ironie ou le persiflage et de comparer un président de la République à un Machiavel normand néo corrézien ! Et dire que, pour moi, c’était un compliment…

J’imagine les « sages » de l’équipe de modération, lecteurs au premier degré de mon modeste libelle, justifier leur censure en estimant qu’il heurte la sensibilité normande, corrézienne, angevine et poitevine et qu’il incite à la haine provinciale …Si tel était le cas, je prie mes compatriotes des anciennes provinces de bien vouloir m’excuser …

Aux membres de l’équipe de modération d’Orange, j’adresse une sonore et rigolarde interpellation : « Pas très glorieux les gars ! »

Read Full Post »

Quelques minutes avant l’annonce des résultats aux élections présidentielles 2012, j’achevais la lecture d’un ouvrage de Jean-Pierre Luminet, « La Perruque de Newton », une magnifique et puissante biographie d’Isaac Newton (1642-1727). Mais en refermant ce roman fortement charpenté et documenté, j’étais pensif, presque ébranlé, car celui qui fut un de mes modèles de pensée au cours de mes études de physique sur les bancs des facultés des Sciences de Nantes ou d’Orsay à la charnière des années 60 et 70, était, semble t-il, un type humainement discutable voire carrément détestable. Ce savant dont les travaux de recherche, la capacité d’abstraction et l’aptitude à expliquer ont probablement surpassé les intuitions géniales d’un Galilée, d’un Kepler voire d’un Descartes, n’aurait été qu’un petit bonhomme atrabilaire et mesquin.

Ce visionnaire qui a révolutionné notre conception du monde et du cosmos, deux siècles avant Einstein, et qui, avec sa théorie de la gravitation universelle, a fourni une explication viable du mouvement des étoiles et des planètes n’aurait été, en plusieurs circonstances, qu’un petit escroc de la science, s’appropriant des résultats d’autrui et s’en attribuant la paternité ! Passé cet instant de stupeur – et même de dépit amoureux à l’égard d’une idole déchue – j’en suis revenu à des sentiments plus modérés : les défauts de Newton  ne sont finalement que la marque de la condition humaine- de son humanité. Le chercheur qu’il fut, demeure le génie que nous imaginions, précisément parce qu’il est traversé des mêmes pulsions que nous et qu’il succombe aux mêmes faiblesses. Simplement, il est descendu de l’Olympe. Et c’est bien ainsi, car, en dépit de ses défauts, de ses vices, de sa misanthropie et de son égoïsme, Newton demeure un maitre dans la recherche de l’universel. Son héritage, c’est son œuvre scientifique. C’est sur elle et sur rien d’autre, que doit porter le jugement de la postérité. 

J’en étais là de mes réflexions lorsque Nicolas Sarkozy est apparu à la télévision commentant sa défaite devant ses partisans réunis au palais de la Mutualité à Paris. Je n’ai aucune complaisance à son égard. Il ne fut pas mon candidat et je n’ai pas aimé son style de gouvernance de la France pendant cinq ans. Mais je dois reconnaitre, qu’hier soir, son intervention qualifiée de « digne » même par les Excellences et dignitaires socialistes patentés présents sur le plateau d’Antenne 2, m’a ému. Il s’agissait seulement d’un homme qui disait ce qu’il ressentait, sans les artifices de la réthorique politicienne.

Et je me suis dit qu’à l’inverse de Newton, méchant bonhomme, dont le génie a franchi les siècles, Nicolas Sarkozy qui s’est efforcé comme un forcené de marquer son époque, en s’accaparant la paternité d’un nombre incalculable de décisions d’importances inégales, passera peut-être à la postérité pour un chic type, inefficace certes, mais sensible bien qu’un peu trop extraverti. Et qui sait, on ira peut-être jusqu’à rendre hommage à sa clairvoyance! L’avenir, en tout cas, n’est pas écrit et la postérité réserve parfois des surprises dans ses choix. Qui aurait pu penser en voyant la posture carnassière d’un Chirac des années 70, qu’il serait perçu aujourd’hui dans l’imaginaire collectif comme un brave homme aimant la convivialité paysanne et adorant flatter le « cul des vaches » au salon de l’agriculture ? Et pas seulement celui des vaches, si l’on en croit certaines vidéos diffusées avec obligeance sur le web.  

O tempora ! O mores !

Il en est d’ailleurs de même, pour les autres présidents de la République. D’ailleurs, « avec le temps » ce ne sont pas tant les options économiques qui émergent, que les comportements – louables ou critiquables – les décisions à caractère symbolique, les prises de position courageuses ou les regrettables errements : ainsi Giscard d’Estaing restera un grand bourgeois condescendant pour le petit peuple mais on persistera à approuver son action en faveur de l’émancipation féminine notamment l’autorisation de l’avortement. Pourtant, il continuera d’être vilipendé pour ces relations risquées avec des dictateurs africains.

Mitterrand, crédité à bon droit de l’abolition de la peine de mort, demeurera celui qui a renforcé durablement l’amitié franco-allemande et qui aura ardemment contribué à la paix par la construction européenne. Mais il traînera éternellement comme un boulet son caractère florentin, ses amitiés suspectes d’avant ou d’après-guerre ainsi que ses mensonges ; et ce en dépit, de nombreuses réformes progressistes.  De Gaulle, l’homme du 18 juin,  étrangement, échappe au lessivage et résiste aux épreuves du temps : la statue du commandeur est intouchable, probablement parce qu’en tant que fondateur de la 5ième République, le jugement de l’histoire se confond toujours avec des enjeux toujours actuels. Ça changera peut-être, le jour où l’on reviendra à une République plus équilibrée en faveur du Parlement. Mais ce n’est pas au programme de François Hollande, qui, lui, ambitionne, d’être un président « normal ». A lui de nous proposer sa conception de la normalité en la matière !  Modestement, je lui conseillerais volontiers d’être prudent, car on brûle volontiers ce qu’on a adoré à la Bastille. Et ce n’est pas nouveau, si l’on en croit la mésaventure de Marcus Manlius Capitolinus, au 4ième siècle avant J.C qui, héros d’un jour pour avoir sauvé Rome grâce aux oies du Capitole,  fut néanmoins jeté de la Roche Tarpéienne car il soutenait les doléances des pauvres.

« Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne ».

Pour conclure, en ce jour d’après scrutin, je souhaite simplement signifier que l’enthousiasme bien compréhensif de ceux qui estiment avoir gagné, ne dure jamais qu’un temps. Ensuite, la réalité imprévisible et souvent facétieuse se charge malheureusement de rétablir les proportions à la hauteur de la déception de ceux qui estiment avoir perdu. Seule l’histoire fera ultérieurement son tri de ce qu’il faut garder! L’enjeu c’est de faire en sorte que les déçus rejoignent les enthousiastes sans se renier.

Il en est de même pour tous les personnages privés – ceux de la famille et les amis de la famille –  dont je brosse ici le portrait, en vantant leurs qualités, leur grandeur d’âme ou en stigmatisant leur petitesse. Mon propos n’est pas de reproduire leur vérité que j’ignore le plus souvent et que je n’ appréhende qu’au travers de leurs métiers et de ce qu’ils nous ont légué volontairement ou non. Je les regarde dans leur époque et je prends le risque de dire ce que je pense d’eux. Mais nécessairement j’observe de ma fenêtre au vu des seuls éléments dont je dispose, alors qu’ils ont disparu depuis des décennies. Abstraction faite, si je peux, des hagiographies familiales trop complaisantes!

Mais la mémoire est nécessairement subjective. C’est comme le bulletin de vote et, comme lui c’est engageant.

Read Full Post »

Peu importe que cette phrase présentée depuis quatre siècles comme un exemple d’habileté politique ait été prononcée par Henri IV en 1593 en la basilique Saint Denis ou par son ami Sully. C’est à elle qu’on ne pouvait s’empêcher de songer en regardant le débat télévisé de mercredi dernier entre les deux protagonistes de l’élection présidentielle du 6 mai prochain. Mais avec un peu de regret devant le constat de deux élèves qui n’auraient pas bien compris la leçon. Pourtant, à les voir s’échiner, suant sang et eau, pour nous prouver la pertinence de leurs projets, la légitimité de leur démarche et l’inanité de celle de leur concurrent présenté invariablement comme moralement contestable et peu sérieux, on imagine bien que ce n’est pas pour leur bon plaisir qu’ils sont là et que, comme le bon roi Henri, leur conversion à cet exercice d’exhibitionnisme médiatique, ne procède que très modérément d’une intervention divine, mais plutôt d’une tentative de pragmatisme de bon aloi, en contrepartie du couronnement républicain, espéré par les deux adversaires. 

De prime abord, c’est donc cette volonté de présenter aux français la portée de leur futurs choix, qui est affichée comme l’objectif primordial de la confrontation que les candidats subissent de bonne grâce comme un rituel obligé. D’emblée, la virilité des échanges fait partie de la représentation théâtrale. La pugnacité est une figure imposée comme la liturgie catholique et romaine était associée au  revirement métaphysique du Vert Galant, spectacle audiovisuel oblige! Le panache en moins! Et sans le Vert Galant ! Surtout pas lui, l’époque n’est plus à lutiner les soubrettes ! Il y avait cependant quelque chose d’un peu pathétique à voir l’un, afficher sa cohérence au motif qu’il dit toujours la même chose depuis un an et, à l’inverse, l’autre brandir sa faculté permanente à se plier – à s’adapter – aux caprices des temps. L’un semble figé dans ses certitudes, l’autre empêtré dans son bilan brouillon. A la vérité, hormis la traditionnelle mention aux valeurs formelles de la République, évoquées, à tous et hors de propos, par les deux lutteurs, on avait des difficultés à discerner de la perspective dans des discours réduits pour l’essentiel à la description laborieuse de solutions de circonstance censées pallier les vents mauvais de la conjoncture. On avait non seulement des difficultés à suivre mais on éprouvait aussi de la lassitude face à leurs agressions réciproques et moralisantes. C’est dur lorsqu’on n’est pas inconditionnel de l’un ou de l’autre et qu’on ne se réjouit pas des « mandales » qu’ils se balançent gaillardement tout en proclamant le respect qu’ils doivent à la fonction « suprême » . Fonction qu’ils ont d’ailleurs tendance à sacraliser indûment. En fin de compte, on ne saura rien de leur conception respective –  de leur philosophie – du progrès, on ne saura rien de la place qu’ils entrevoient pour notre pays dans le concert international au cours des prochaines décennies, hormis l’actualisation bâclée de quelques vieilles références à l’antique message de 1989 sur les « droits de l’homme » où à la laïcité de 1905. On ne saura rien de l’impulsion culturelle, scientifique, intellectuelle qu’ils comptent donner, pour asseoir le rayonnement de la France. Bref, on est resté sur sa faim, stupéfaits de cet étalage logomachique et c’est tout juste si on n’était pas tenté, in fine, de leur demander modestement – dans l’esprit de leur discussion de champ de foire – s’ils n’envisageaient pas de modifier la périodicité de réfection des cantines et des salles de classes dans les écoles primaires du royaume ! Ils n’ont tout de même pas osé le coup de bluff d’Henri de Navarre avec sa « poule au pot » chaque dimanche, dans chaque foyer !

 « Paris vaut bien une messe ». Dommage finalement que les candidats ne s’en soient pas plus inspirés ! Car cette phrase devenue adage exprime beaucoup de bon sens, si utile en période difficile. Une phrase d’apaisement qui exclut toute exaltation inutile, stérile et mortifère… On nous avait prédit que ce « débat du siècle » qui revient telle une comète à la périhélie quinquennale, serait rude. Il fut heurté, les deux débatteurs n’ayant pas su donner de la hauteur à leur confrontation dont l’excessive durée comme l’accumulation des certitudes ont fini par lasser puis par endormir. Evidemment, ce duel avait vocation à exclure l’un des deux de la compétition, à le disqualifier car c’est la loi du genre, mais fallait-il pour autant user de tous les artifices, de tous les arguments et de tant de mauvaise foi? Comme Henri IV en son temps, chacun des deux s’est voulu « rassembleur », mais à la différence du roi au cheval blanc, nos deux artistes, l’énarque et l’avocat, affichaient plutôt des postures à la Catherine de Médicis le jour de la Saint Barthélemy, ne conçevant de rassemblement que sur leurs propres idées, après la disparition de l’autre ! Il faut se rallier, se soumettre ou se démettre !

On est loin de la sagesse du roi tolérant qui n’hésita pas à se rire de Dieu et de ses serviteurs, c’est-à-dire, à relativiser l’absolu et à postuler qu’on pouvait vivre en laissant les autres croire au diable ou à rien du tout…

A cet instant, moi aussi, j’ai pris la mesure du temps qui passe ! Des années se sont écoulées depuis l’époque où ma grand-mère maternelle, Adrienne Venault-Turbelier (1894-1973), aux idées souvent paradoxales et complexes, et si souvent évoquée ici, me confiait comme un trésor, une médaille datée de 1598 qu’elle prétendait commémorative de l’Edit de Nantes. A sa manière, elle me signifiait, de conserve avec d’autres, que toutes les idées, y compris sur la transcendance, se valent, et qu’elles sont finalement acceptables dès lors qu’elles s’accommodent de celles des autres…Que la vérité est relative, qu’elle est toujours datée et qu’aucune n’a vocation à devenir éternellement hégémonique. Ni même temporairement! Elle, Adrienne V-T, qui était patriote et républicaine, plutôt pour l’ordre établi que pour la révolution, me donnait ce jour-là une leçon de démocratie. J’ai conservé jusqu’à ce jour, cette médaille dans mon portefeuille, comme un  symbole de tolérance…

Depuis peu, je me suis aperçu, qu’il s’agissait en fait d’une authentique monnaie batave du 16ième siècle sans réel cours numismatique et sans rapport avec l’Edit de Nantes. Aucune importance d’ailleurs, car sa valeur réside désormais, non dans son lien avec l’événement historique le plus novateur attribuable à ce grand roi hédoniste mais dans la teneur du message qu’on m’a transmis en me la donnant. Cette petite pièce de cuivre est devenue pour moi, le relai – en forme de gris-gris – de la liberté de pensée et de conscience. C’est aussi l’incarnation du caractère provisoire et relatif de toute vérité. Evidences que les duellistes, candidats à la présidentielles semblaient avoir oubliées, sous des flots de « bons sentiments » de truismes, de manifestations de brutalité et d’emportement réciproques et inutiles et d’une multitude désordonnée et indigeste de chiffres …   

Pour autant, il faudra voter dimanche et accorder son suffrage à l’un des deux, sans se défausser. Pour ma part, je pense que, comme dans une classique copropriété, il faut changer régulièrement de syndic, indépendamment des bilans produits ou des projets d’entretien ou de rénovation des façades: c’est une première indication. Mais ce n’est pas l’argument déterminant : je voterai batave, d’une part parce que ma médaille de l’Edit de Nantes est batave, et d’autre part parce que le candidat du même nom a prétendu sur RTL, dans un honorable élan de démagogie électorale, qu’il aimait écouter « Avec le temps » de Léo Ferré… et que la lecture qui l’a inspiré dans sa jeunesse était le livre de Zola « Germinal ». Même si ces choix lui ont été dictées par une rusée  journaliste de son entourage, qui écrit dans un journal populaire, je me dis qu’une telle influence ne peut pas être néfaste. L’autre postulant à la présidence, la veille, bien moins conseillé avait cité des titres « intello rive gauche » suggérés sans doute par sa femme artiste branchée et autrefois progressiste.  Evidemment, je comprends que mon raisonnement puisse surprendre, même heurter par sa désinvolture et qu’il ait, par conséquent, quelque peine à susciter l’enthousiasme et l’adhésion, mais ça permet de relativiser l’importance de l’enjeu ! D’ailleurs, contrairement à ce demandait « mon » candidat à la radio, j’espère que sa victoire sera nette mais courte… Disons, qu’étriquée, ce serait parfait pour éviter qu’il ne prenne « la grosse tête ». Et pas seulement lui, également ceux qui attendent en coulisse pour occuper les postes…

Read Full Post »

Le candidat socialiste à la présidence de la République, François Hollande, est désormais accompagné dans ses déplacements par une femme, généralement cheveux dénoués, plutôt bon chic, bon genre, que l’on retrouve au premier rang des VIP dans ses meetings. Au Bourget par exemple, le 22 janvier dernier, elle était assise entre le chanteur Benjamin Biolay et Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand. Pour qui n’est pas spécialement au fait du gotha socialiste ou qui ne s’intéresse que modérément à la vie privée de ceux qui prétendent nous diriger ou des courtisans qui se pressent dans leur sillage, cette présence d’une quasi-inconnue ne pouvait s’expliquer que par sa proximité avec le candidat, par son activisme militant ou encore par le choix d’une brillante énarque en recherche d’un destin national à gauche. La plupart des Excellences socialistes, dont le candidat lui-même, la première secrétaire du parti – sa concurrente d’un temps – la majorité des anciens et futurs ministres, sont en effet passés par cette filière de l’énarchie pseudo militante, pour booster leur bonne fortune. Le schéma ascensionnel est d’ailleurs identique à droite, de sorte que les valeureux colleurs d’affiche ou distributeurs de tracts demeurent cantonnés, en démocratie moderne, dans le rôle subalterne de supplétifs inconditionnels. Qu’ils s’en contentent : c’est déjà bien qu’on leur permette de tutoyer leurs idoles !  

En l’occurrence, pour la dame inconnue, l’hypothèse d’un appétit de carrière « au premier degré » n’était pas la bonne. On a appris très vite qu’il s’agissait tout simplement de la compagne depuis 2006 de François Hollande. Elle s’appelle Valérie Trierweiler, du nom d’un précédent mari, père de ses enfants, et on dit qu’elle est journaliste politique…et maintenant sympathisante de gauche. Dont acte !  

Mon billet aurait pu se conclure ici. N’ayant nulle vocation à concurrencer les journaux à sensation, ni d’ailleurs les moyens, je ne vibre pas à l’écoute de la vie privée des hommes ou des femmes politiques, et si, parfois, je m’y intéresse, comme ce fut sûrement le cas pour l’actuel Président de la République, c’est parce que son épouse, qu’on qualifie abusivement de « première dame de France »  semble jouir d’un statut qu’aucun des textes qui régissent notre République ne semble lui conférer…

 Mais, j’ai aussi l’esprit d’escalier et de la curiosité. Et pour les satisfaire, Internet et Wikipédia sont des outils remarquables…J’y apprends que Valérie Trierweiler est née en 1965 à Angers, qu’elle a longtemps habité le quartier Montplaisir et que ses études secondaires se sont déroulées au collège Jean Lurçat ainsi qu’au lycée Joachim du Bellay. A mes yeux, elle bénéficie donc à ce titre d’un a priori favorable, car je n’ai jamais prétendu être objectif ! Son compagnon bénéficie d’ailleurs du même crédit de sympathie, mais pour d’autres motifs que je m’interdis de développer ici, pour ne pas taquiner une mienne cousine que j’aime bien, et qui estime qu’un blog familial ne doit pas être confondu avec un forum politique !

Cinquième d’une famille de six enfants – famille, qui au demeurant, n’est ni très riche, ni pauvre – Valérie Trierweiler a pour nom patronymique Massonneau. Là encore : mon enquête aurait pu s’achever, mais ce qui m’a intrigué, c’est que les différents articles que j’ai lus sur elle, font état d’un grand-père et d’un arrière-grand-père banquiers, propriétaires de la banque Massonneau rue du Mail jusqu’en 1950, date, à laquelle elle fut rachetée par le Crédit de l’Ouest…

Le Crédit de l’Ouest ! Je ne peux évoquer cette banque sans songer à mon oncle Georges Turbelier (1927-2009) qui y a effectué l’essentiel – peut-être même la totalité – de sa carrière professionnelle à Angers d’abord, puis à Nantes. Le Crédit de L’Ouest, qui fut, grâce, précisément, à mon oncle, le lieu de mon premier  job d’été, mon premier travail salarié et ma première feuille de paie ! A l’époque, en 1964, la banque – en tout cas mon lieu d’affectation – se trouvait près de la Poste centrale d’Angers non loin de la place du Ralliement et mon boulot consistait, au sein d’une sorte d’«open space » d’employées féminines, d’une part à endosser des chèques et, d’autre part, lors des pauses de la journée à acheter les viennoiseries de ces dames dans une boulangerie-pâtisserie voisine.

Rue du Mail

Le maniement du tampon me fut utile par la suite, lorsque, cadre dans l’administration à Paris dans les années 80, j’assortissais mon paraphe hiérarchique d’un cachet officiel… Pour l’adolescent que j’étais, le Crédit de l’Ouest est donc lié au double apprentissage du tampon encreur et du marivaudage intéressé avec une sorte de gynécée de la finance : un bon souvenir, dont je sais gré à mon « Tonton Jojo » aujourd’hui disparu. A mon regretté oncle, dont je mesure encore aujourd’hui toute l’étendue de notre réciproque affection. Cette expérience professionnelle primordiale fut en outre pour moi l’occasion de m’offrir mon premier « deux roues motorisées », un Vélosolex d’ancienne génération, avec lequel j’ai sillonné Angers en tous sens pendant plusieurs années !    

Pour l’heure, c’est Internet que je parcours – gravissant les barreaux de l’échelle à crinoline qui conduit au tréfonds des soupentes du passé… Et j’y découvre que la banque Massonneau et Cie, propriété des aïeux de notre nouvelle peut-être future héroïne Valérie T, avait ses bureaux dans un hôtel particulier situé rue du Mail, à Angers. Surtout elle remontait, sous forme de banque familiale, aux années 1845-1848. A l’origine, elle s’appelait la « Banque Bordier » du nom d’un orfèvre qui avait fait fortune. Dans l’inventaire général du patrimoine pour la Ville d’Angers, un commentaire historique décrit l’importante emprise de la banque dans le quartier de l’actuelle mairie et  souligne que la banque fut connue sous des appellations successives selon les associations de personnes : banque Bordier, banque Bordier, Cormeray et Cie, banque veuve Bordier, et enfin banque Massonneau et Cie, jusqu’à 1950, date de sa fusion avec le Crédit de l’Ouest. 

Autrement dit, à l’issue d’un improbable détour par la campagne présidentielle 2012, on retrouve la banque Cormeray, dans laquelle travaillait Alexis Turbelier, le poilu tué en avril  1918 sur le front de la Somme. C’est sans doute près de cette banque, rue du Mail, Rue David ou Boulevard Bessonneau qu’il connut Adrienne Venault dans les années 1916-1917. Episodes que j’ai déjà eu largement l’occasion d’explorer dans ce blog …

Finalement, tous les chemins mènent à Rome !  Sur celui-là, batifolaient Alexis et Adrienne ainsi que Francois Hollande et Valérie Trierweiler-Massonneau !

Read Full Post »