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Posts Tagged ‘Jean Jaurès’

Il était 21h30 ce vendredi 31 juillet 1914, lorsqu’un individu passant sa main armée au travers du rideau du café du Croissant, rue Montmartre à Paris, assassina Jean Jaurès (1859-1914) d’une ou de deux balles dans la tête! Un instant auparavant, les témoins virent un éclair, entendirent deux coups de feu et aperçurent un homme attablé, le dos à la fenêtre doucement s’affaisser sur l’épaule d’un de ses compagnons de table. Une femme hurla alors ;  » Jaurès est tué, ils ont tué Jaurès »

Petit Courrier – journal de l’Anjou du 1er aout 1914 – AD 49

Je ne mentionnerai pas ici le nom du tueur, pas plus que celui des douze jurés qui au printemps 1919 acquittèrent ce salopard, et qui, comble de cynisme et d’injustice, condamnèrent « les parties civiles » aux dépens, en l’occurrence, la veuve du tribun socialiste.

On apprit par la suite que parmi ces douze « bons Français » qui portaient leur patriotisme de façade en bandoulière en tirant à titre posthume sur un corbillard, onze avaient été des planqués pendant la guerre. Un seul avait reconnu le meurtrier coupable; probablement le seul ouvrier membre du jury, le seul aussi qui avait été un authentique poilu ayant connu l’enfer des tranchées!

Dans sa grande majorité, le peuple français s’indigna du meurtre de Jaurès, dernier rempart de la paix avant la boucherie qui s’annonçait. L’histoire est bien connue. Et la presse de l’époque ne s’y est pas trompée en affichant en ‘Une » la nouvelle de l’assassinat et l’imminence de la guerre!

Tous n’étaient pas socialistes parmi ceux qui manifestèrent leur peine et leur colère. Loin de là.

Quelques propos déshonorants et indignes furent néanmoins tenus par des personnalités ou des intellectuels de premier plan, généralement proches des nationalistes intégristes de l’Action Française, l’extrême-droite de l’époque, autrement-dit, par les détracteurs habituels du député de Carmaux!

Mais aussi parfois dans les rangs d’anciens amis très proches, tels que Charles Péguy (1873-1914) son « petit » frère en politique et en socialisme, celui qui, à ses côtés et avec Zola, s’engagea sans ambiguïté dans la défense du capitaine Dreyfus à la charnière du siècle.

S’agissant de Péguy, on ne parvient d’ailleurs toujours pas à comprendre, plus d’un siècle après, comment, bien qu’il se soit éloigné de Jaurès depuis quelques années, il ait pu publiquement jubiler à l’annonce de son assassinat. On continue de s’interroger incrédules sur les motifs qui ont conduit ce grand écrivain mystique à l’indiscutable talent, ce philosophe proche de Bergson, cet humaniste et enfin ce patriote courageux, à se fourvoyer à ce point en déclarant que la mort de Jaurès avait suscité chez lui, « une exultation sauvage ». Etre devenu le procureur implacable de la pensée jauressienne ne suffit pas à expliquer!

A t’il regretté ses propos? On ne le saura jamais car, un peu plus d’un mois plus tard, le lieutenant Péguy qui vouait peut-être encore une incompréhensible haine envers celui qu’il avait aimé jadis, périra lui-même courageusement sur le front, lors de la bataille de l’Ourcq à quelques encablures de Paris. Quelques heures avant la première bataille de la Marne. C’était le 5 septembre 1914. Foudroyé comme Jaurès d’une balle dans la tête, Péguy eut-il le temps de se réconcilier avec les mânes du fondateur de L’Humanité?

D’autres adversaires résolus de Jaurès adoptèrent, en revanche, une attitude plus digne: ce fut le cas de Maurice Barrès (1862-1923) pourtant aux antipodes politiques et philosophiques de Jean Jaurès (et très modestement des miennes) qui vint s’incliner devant la dépouille de Jean Jaurès et qui écrivit dans ses Cahiers  » Quelle solitude autour de celui dont je sais bien qu’il était (…) un noble homme, ma foi oui, un grand homme! Adieu, Jaurès, que j’aurais voulu pouvoir librement aimer »

D’une manière générale, la France entière pleura Jaurès. Plus de cent-cinquante mille personnes  » se rassemblèrent place Victor Hugo, un dimanche d’avril 1919, pour se rendre square Lamartine où fut dressée un buste de Jaurès ». Le peuple imposa finalement qu’il fût inhumé au Panthéon où il repose depuis le 23 novembre 1924.

Atteste d’ailleurs de cette immense et quasi-unanime tristesse nationale pour le héros disparu, cette anecdote du jour du drame, rapportée par Max Gallo (1932-2017) dans la biographie qu’il a consacré au « Grand Jaurès » en 1984.  » Dans les minutes qui ont suivi l’attentat, alors que Jaurès était encore étendu, mort, dans le Café du Croissant, un officier, le capitaine Gérard, qui se trouvait là en tenue de campagne décrocha sa Légion d’Honneur et la posa sur la poitrine du supplicié, tandis que la foule dans la rue Montmartre criait son désarroi et sa peine.

 » Chaque choix de Jaurès fut en effet du côté de la démocratie, de la liberté individuelle et collective, de ce qu’il appelait la République » (Max Gallo). Militant de la paix, il combattit toute sa vie contre les inégalités de naissance, contre toutes les formes de sectarisme et pour la liberté.

Pour ma part, j’aime à lire et relire son œuvre toujours inspirante et ses discours, non seulement pour leur portée philosophique et politique, toujours actuelle mais aussi pour sa manière d’écrire et de développer des idées. J’aime son style, y compris dans ses anachronismes.

Plus d’un siècle après sa disparition dans une époque où l ‘individualisme, les replis identitaires de toutes sortes, les communautarismes y compris religieux, les intolérances généralisées et les réflexions étriquées, ainsi que les nationalismes agressifs, tiennent le haut du pavé, la parole de Jaurès, passionné de justice, demeure d’une étrange modernité et de clairvoyance.

Son avant-dernier discours prononcé à Vaise le 26 juillet 1914 sur la situation internationale et sur les menaces de guerre est à cet égard un modèle du genre.

A titre plus personnel, je n’oublie pas que Jaurès fut l’exemple de vertu que ne cessait de citer mon père, de conserve avec Eugène Varlin (1839-1871) un communard massacré par les Versaillais. Et si je nourris aujourd’hui un regret, c’est celui de n’avoir pas pris le temps ou trouvé l’occasion de me rendre avec lui, rue Montmartre au Café du Croissant, pour rendre un hommage privé à Jaurès. Mon père en avait exprimé le souhait à maintes reprises dans son grand âge.

Pour lui, l’ancien syndicaliste angevin, l’ancien militant socialiste, l’ancien ouvrier ajusteur-outilleur, ce « pèlerinage » s’apparentait à un devoir, non de mémoire, mais de reconnaissance à l’égard de quelqu’un qu’il percevait comme un des phares indépassables de la libération de l’humanité et de ce qu’on appelait alors « la classe ouvrière ». Une démarche conclusive d’une vie de militantisme et de convictions, qu’il pensait accomplir.

Je partage ce point de vue, mais j’en ajouterai quelques autres…

Malheureusement la mort de mon père, Maurice Pasquier en 2017 nous a pris, tous les deux, de court. J’espère qu’il ne m’en a pas trop voulu!

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Il y a cent cinq ans, le 31 juillet 1914, Jean Jaurès (1859-1914) était assassiné alors qu’il dînait au Café du Croissant à Paris.

Meeting au Pré Saint Gervais -25 mai 1913

Dans Carmaux, ville ouvrière, sa terre d’élection, un homme, probablement, un piqueur qui se rendait à la mine à quatre heures du matin, sa « musette sur l’épaule, dira simplement en patois :

« C’est un garric qu’on a foudroyé », autrement dit, « un chêne qu’on a abattu »!

Là-bas on l’appelait aussi  » Lou nostre Zanou » ( notre Janou).

Dans le prologue de son ouvrage « La vie de Jean Jaurès », publié au début des années cinquante, l’écrivaine Marcelle Auclair (1899-1983) rapporte que découvrant le drame en lisant le télégramme de la Préfecture que lui apportait le secrétaire de la section socialiste et un de ses adjoints, le maire socialiste de Carmaux et ami de Jaurès, Jean-Baptiste Calvignac  » tomba sur les genoux et se bourra le crâne de coups de poings en poussant de terribles rugissements ».

Les deux hommes qui, en pleine nuit, lui apprenaient la triste nouvelle, savaient bien qu’il n’y avait rien à faire pour calmer le maire.  » Lors même qu’il cessera de rugir, il ne cessera pas de souffrir »!

Aujourd’hui, on en est encore un peu tous là, car Jaurès incarnait une conception vertueuse de la politique qui non seulement semble être désormais anachronique et surannée – lunaire – mais bafouée avec cynisme…Une conception qui pourtant ne faisait l’économie, ni de la réflexion, ni de l’intelligence, ni de la culture! Ni non plus du débat.

Lucide, il était le dernier rempart contre la guerre.

Le 1er août 1914 la France décréta la mobilisation générale et l’Europe s’engagea, fleur au fusil, dans une première Guerre Mondiale épouvantable, dont le pays, plus d’un siècle plus tard, n’a pas encore effacé toutes les blessures!

La suite, en effet, on la connait.

Ce sont près de dix neuf millions de morts sur l’ensemble du vieux continent, sans compter les quelques vingt millions de blessés et de mutilés… Et depuis, chaque 11 novembre, on commémore l’armistice qui n’interviendra que quatre ans plus tard, mais, entre temps, la guerre aura endeuillé la plupart des familles, ensanglanté toute l’Europe et détruit une grande partie de son parc industriel et de son patrimoine.

Le résultat, c’est aussi cette  » tiare byzantine » qu’on nous commentait en cours d’histoire ou de géographie dans les lycées des années soixante du siècle dernier, qui montrait l’énorme déficit de la natalité française après guerre, du fait de la disparition de millions de jeunes hommes en âge de procréer…

Jean Jaurès avait pressenti cette tragédie qui malheureusement se perpétua en une effroyable cascade de catastrophes mortifères durant tout le vingtième siècle. Jusqu’à l’innommable. C’est pour tous ces motifs, pour sa clairvoyance et son humanisme sans frontière, qu’il a été assassiné par un nationaliste halluciné que la justice a finalement acquitté en 1919. Il est vrai que le tueur n’était que le bras armé d’une frange extrémiste de la droite d’alors qui ne rêvait que de faire taire cette grande voix!

Cinq ans après le meurtre, l’institution judiciaire de l’époque estima préférable de sacrifier l’honneur de la justice à l’ordre public d’après-guerre. Justice de classe, dévouée aux puissants. elle libéra donc l’assassin de Jaurès…

Jaurès, en tout cas, est bien mort .

Et aujourd’hui, dans ce « Nouveau Monde » dont la promotion est assurée à coups de « révolution numérique », de start-up, de capitalisme mondialisé, le simple fait d’évoquer les combats socialistes de jadis dont Jaurès, le philosophe altruiste et impénitent était la lumineuse figure de proue, c’est prendre le risque d’être regardé comme un ringard antédiluvien.

Jaurès est effectivement bien mort et définitivement neutralisé, quand nos élites politiques prétendent s’en inspirer en nous vendant un obscur multilatéralisme fait d’équilibres internationaux bancals, assujettis aux intérêts d’une oligarchie planétaire. Avec fatuité, elles suggèrent même que ce médiocre ersatz de la pensée jauressienne est l’expression rénovée de l’internationalisme prolétarien d’antan.

On frise la supercherie ou l’abus de confiance, car les damnés de la terre demeurent plus que jamais les damnés de la terre!

Que dire d’ailleurs des socialistes actuels, héritiers putatifs de Jaurès qui n’osent même plus se reconnaître ou s’appeler comme tels, et confondent l’ouverture au monde et la dissolution entropique?

Il est bien mort Jaurès, quand les inégalités sociales dénoncées et combattues autrefois, loin de se réduire, croissent et qu’elles sont désormais sanctuarisées par la loi, en faisant fi des combats séculaires des travailleurs pour leurs droits.

Qu’en est t-il de l’héritage de Jaurès, celui de la Raison, lorsqu’on s’efforce de momifier sa pensée après avoir panthéonisé sa dépouille, et qu’on se détourne délibérément de l’esprit des Lumières dont il se revendiquait?

Ne fulminerait-il pas face à l’arrogance de « l’expertise » autoproclamée qui prenant la science en otage, exige qu’on se prosterne devant des gourous aboyant à l’urgence d’une nouvelle religion climatique et écologique?

Il y a cent ans, au Café du Croissant nos espoirs ont été piétinés dans le sang d’un tribun assassiné et on ne parvient toujours pas vraiment à en faire le deuil!

Comme promis à mon père disparu en 2017, un jour, j’irai flâner du côté du Café devenu Taverne du Croissant! Mais pas aujourd’hui, car rituellement ce jour anniversaire de sa mort est plutôt réservé à ceux qui oublient outrageusement les enseignements de Jaurès mais qui encensent sa mémoire scrupuleusement confite dans une liturgie hors d’âge.

 

 

 

 

 

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La réalité dépasse parfois les fictions les plus terrifiantes. Ainsi, comment ne pas être sidérés – littéralement choqués – lorsqu’on découvre que des jeunes gens – dont la télé nous passe en boucle les visages d’anges – se livrent, au nom du djihad, à des crimes abominables? Comment ne pas être abasourdi – que dis-je, « horrifiés » – lorsqu’on apprend que ces garçons à peine sortis de l’adolescence, sont français et que, de l’aveu même de leur entourage, rien ne laissait présager, encore récemment, qu’ils pourraient se laisser entraîner vers de telles monstruosités ? Comment enfin ne pas s’interroger lorsqu’on apprend que ces atrocités sont perpétrées, au nom de l’Islam, auquel ces jeunes assassins prétendent s’être convertis? Plus prudent que la plupart des commentateurs, qui, dans un souci d’apaisement se sont précipités pour affirmer doctement que ces exactions d’une cruauté sans pareille étaient sans rapport avec la pratique religieuse, je me garderai bien d’émettre le moindre avis à ce sujet. Disons que je m’interroge… Evidemment, il ne saurait être question de « stigmatiser » l’ensemble de la communauté musulmane pour les crimes commis par quelques-uns et d’imputer ces odieux assassinats à de paisibles croyants. Même indirectement. Pas plus que, dans les temps anciens, il n’aurait été juste d’attribuer les méfaits des croisades ou de l’Inquisition espagnole à l’ensemble des catholiques.

N’empêche que l’histoire nous enseigne que la plupart des guerres dans le monde depuis deux mille ans – et même probablement au-delà – ont été conduites au nom de Dieu, pour faire valoir, par la force, une vérité révélée. C’est d’ailleurs assez logique, car la révélation ne se discute pas. Elle n’a nul besoin de recourir à la raison pour s’imposer, mais elle la craint comme l’expression sacrilège d’une perversion déicide. Au cours des temps, cependant certaines religions, au risque de se dénaturer, se sont cependant laissé apprivoiser en développant des messages moins guerriers, empreints parfois de tolérance à l’égard de la « mécréance » ou de l’hérésie. L’expérience montre que cette sécularisation qui édulcore les dogmes, vide les sanctuaires et affaiblit la portée d’un discours religieux qui se transforme alors en simple morale. Je ne m’en plains pas. Je m’en réjouis même, mais je peux comprendre aussi que cet opportunisme œcuménique irrite les intégristes qui ne rêvent que de transcendance mortifère et rédemptrice. Rédemptrice parce que mortifère !

Pour tous ces motifs, je me garderai bien de m’inscrire dans le discours de circonstance aux accents théologiques politiquement corrects, qui exonère l’Islam de toute responsabilité dans les sinistres dérives sectaires que nous observons. Mais, je peux admettre et comprendre ceux qui le tiennent au nom de l’Ordre Public et de la paix sociale. Il est probable qu’en charge des affaires publiques, j’agirais de même. .

Ce qui frappe en revanche dans le parcours funeste de ces jeunes hommes ou jeunes femmes de nationalité française qui s’enrôlent aux côtés des troupes terroristes en Syrie et en Irak, c’est qu’ils semblent agir sans manifester la moindre retenue. Toute réticence à l’égard des actes de barbarie qu’ils font subir à leurs victimes semblent avoir disparu. Comme si toutes les barrières morales étaient tombées.

J’y vois là le signe d’une responsabilité collective, attestant que notre société a échoué et même gravement failli dans l’éducation délivrée à ces assassins nés de sa propre chair. Sinon, comment expliquer que ces jeunes n’aient pas trouvé d’autre réponse que la mort, aux questions existentielles classiques que tout être humain se pose. Leur soif d’idéal et d’absolu – propre à la jeunesse – ne trouvant à s’incarner que dans l’inhumanité.

Comme si le seul horizon enviable, c’était la mort, espérée pour eux-mêmes en récompense de l’abandon de soi,  et infligée à ceux qui ne partagent pas leur utopie destructrice, appliquée comme un châtiment divin.

A ce stade, ce ne sont pourtant ni la religion, ni les discours enflammés de fanatiques imans, ni même la consultation masturbatoire de sites Internet djihadistes, qui sont la cause de cette déroute de l’intelligence et de la civilisation, mais la société toute entière qui n’a pas su offrir à cette jeunesse de réelles perspectives d’avenir, propres à la projeter au-delà de la satisfaction de ses besoins matériels immédiats.

Cet échec découle de l’abandon, notamment au sein de l’école dite « républicaine », des principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Par facilité ou complaisance, la notion de laïcité est devenue incompréhensible. Pire, elle est devenue l’otage de ses contempteurs et de tous les intégrismes religieux qui se servent de sa lettre pour en détruire l’esprit…Comment interpréter autrement que l’éducation nationale admette la présence de femmes voilées – pour des motifs religieux – comme accompagnatrices des sorties scolaires, ou, ailleurs, que certains parviennent à imposer leurs préceptes religieux à la cantine?

Nous sommes responsables de cette faillite de l’école laïque qui n’a pas su prendre la dimension des évolutions démographiques des dernières décennies et qui a trop souvent confondu « démocratisation et massification ». Nous avons même fini par oublier au passage la raison d’être de l’école républicaine, qui est avant tout de doter chaque jeune du bagage de connaissances nécessaires, lui permettant d’affronter la vie, en s’émancipant à la fois de sa famille, des religions et de toutes les formes de dogme ! Et ainsi d’en faire un citoyen responsable.

Attaquée aujourd’hui de toutes parts, « l’éducation nationale » n’apparaît survivre aujourd’hui qu’au prix de « petits » reniements – souvent politiciens – qui la transforme progressivement en salle d’attente pour une population sans repère, irrémédiablement appelée à gonfler les effectifs du chômage de masse. Ses revers actuels sont à la hauteur des espoirs qu’elle a suscités autrefois comme moyen privilégié d’ascension sociale. La désillusion est sans appel lorsqu’on observe la proportion croissante de jeunes quittant le système scolaire sans avoir acquis les savoirs fondamentaux.

Faute de maîtriser les outils de base de la pensée, comment imaginer que cette frange délaissée – mais de plus en plus importante et diversifiée – de la jeunesse puisse accéder valablement à la citoyenneté et adhérer à l’utopie et aux valeurs d’une République fraternelle et généreuse? Comment se solidariser d’une société dont on ignore l’histoire, les succès et les tragédies? Comment enfin exprimer la complexité du monde quand, tout simplement, on n’a pas les mots pour le dire?

Pour autant, cette jeunesse « perdue » aspire, comme toutes les autres, à se surpasser. Mais en l’état, le handicap semble insurmontable. Intellectuellement immature et culturellement déstructurée du fait d’éducateurs mal formés et de moins en moins motivés, elle est alors la proie facile et consentante de prédateurs et de charlatans qui opèrent en grand nombre sur Internet comme dans certains lieux cultuels, en offrant aux jeunes comme unique exutoire à leur soif d’absolu,  l’option de la mort ou de la haine.

Jean Jaurès

Face à cette catastrophe dont chacun peut d’ores et déjà constater les prémisses, les pouvoirs publics apparaissent tétanisés. Ils ne proposent que des dérivatifs ou des succédanés, qui n’abordent les problèmes qu’à la marge, en confondant allègrement les solutions quantitatives qui ont trait aux moyens de l’éducation nationale et la crise qualitative et morale,qui la déchire. Laquelle porte moins sur le nombre d’instituteurs – devenus « professeurs des écoles » – sur les rythmes scolaires ou encore les activités périscolaires que sur la compréhension intime des missions d’éducation du service public dans le cadre d’une laïcité bien comprise, à savoir républicaine, au sens – j’y viens enfin – de celle de Jean Jaurès (1859-1914).

Personne évidemment ne s’aviserait aujourd’hui de porter atteinte à la stature d’un Jean Jaurès devenu, avec le temps, l’icône incontournable de la République et l’ultime défenseur et martyr de la paix avant la première guerre mondiale. Mais sa vision du monde, sa conception de la politique, sa confiance dans le dessein de l’humanité et sa croyance dans le progrès, en un mot, sa pensée sont largement oubliés. D’aucuns qui se présentent comme ses héritiers – actuellement au pouvoir – l’ont généralement momifié, célébrant sa mémoire et ses qualités morales plus que son intelligence de la République, tandis que d’autres, successeurs de ceux qui l’ont vigoureusement combattu de son vivant, s’accaparent sa pensée en la détournant.

Et pourtant cette pensée dans sa limpidité originelle et dans sa profondeur, demeure plus que jamais d’actualité pour faire face au défis que doit surmonter la République pour être fidèle à ses principes fondateurs.

C’est probablement dans ce but que la Grande Loge de France a organisé le 24 novembre 2014 – dans le cadre de la commémoration de la mort de Jean Jaurès – une conférence publique animée par deux universitaires, deux intellectuels Jean-Paul Scot et Eric Vinson, autour des rapports que la République et la religion devraient nouer, selon le philosophe socialiste. J’y assistais en tant que « profane », invité par un ami très cher franc-maçon.

Pour Jean Jaurès, la laïcité dont il fut un des promoteurs avec son ami Francis de Pressencé, est à la fois indissociable de la démocratie et du progrès social. Elle suppose naturellement d’être tolérant à l’égard des croyances d’autrui, c’est-à-dire de respecter sa liberté de conscience, mais elle est aussi conditionnée par la garantie de l’égalité des droits assurée pour tous, ainsi que par leur respect… Mais ce respect, comme l’a souligné un des orateurs de la soirée, Jean-Paul Scot est « dû aux personnes, aux croyants, pas aux croyances qui peuvent être soumises à la critique ».

La conception de la laïcité, selon Jean Jaurès, n’est ni fermée, ni statique: dans son esprit, elle ouvre sur le progrès, et c’est en ce sens qu’elle excède très largement l’anticléricalisme qu’on lui prête parfois à tort. Idéalement, la laïcité scolaire est, pour lui, le ferment privilégié et le facteur d’émancipation de chaque individu, libéré de toutes contraintes dogmatiques…Dans ce contexte, l’école laïque de Jean Jaurès doit  » assurer l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, mais elle ne fait d’aucun dogme la règle de fonctionnement de la vie sociale. »

La pensée philosophique jauressienne était non seulement originale dans son siècle, mais elle le demeure encore aujourd’hui car elle dépasse très largement le positivisme ou le scientisme de la fin du 19ième siècle. Elle ne fait pas du rationalisme l’horizon indépassable de la réflexion. Pas plus qu’elle n’exclut de sa problématique, la question de la transcendance… Certains y ont même vu une forme de spiritualité! Jaurès croit en effet que l’aventure humaine fait sens dans l’histoire, mais il postule aussi que cette dernière reste en permanence à écrire et que c’est à l’homme, es qualité d’être social de la construire… Penseur d’avant-garde sur les sciences de son époque, il estime que la Raison – au sens des Lumières – dépasse le rationalisme étroit, de même qu’il ne saurait se satisfaire d’un Dieu architecte de la Nature, qui « verrouillerait » définitivement l’indétermination féconde des spéculations humaines sur l’infini et l’absolu. Pour le docteur en philosophie – expert en métaphysique – la simple observation de la nature ne peut être l’unique moteur de la pensée. La force de Jaurès fut donc non seulement d’avoir contribué – parfois initié – la lutte pour l’égalité des droits des opprimés de la société, mais aussi d’avoir introduit en position centrale de son discours, un humanisme spécifique, une sorte de mystique internationaliste et même une morale républicaine, que d’autres comme Marx n’ont fait qu’effleurer. Ce fut peut-être aussi sa faiblesse.

Autant de considérations aujourd’hui oubliées, qui pourtant enracinèrent la République, et qui ouvrent l’avenir sur la vie – sur l’espoir d’une vie meilleure – et non sur la mort. Pour lutter contre les dérives sectaires et les non-sens pédagogiques, il n’y aurait que des avantages à les ressusciter d’urgence plutôt que d’embaumer pieusement la dépouille du tribun sous des tombereaux de fleurs fanées. Mais c’est peut-être trop exiger des comptables qui nous gouvernent …

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Il y a quelques jours, le 31 juillet 2014, on commémorait le centième anniversaire de l’assassinat à Paris au Café du Croissant, de Jean Jaurès, une grande figure du mouvement socialiste d’avant 1914. La mort d’un militant de la paix, trois jours avant la guerre!

Né à Castres, le 3 septembre 1859, Jean Jaurès (1859-1914) était de la même génération que mes arrière-grands-parents. Et parmi ceux-ci, Joseph Pierre Cailletreau (1859-1946), père de ma grand-mère paternelle, né le 10 septembre 1859 à Montguillon dans le Haut-Anjou, qui se retrouvait ainsi être le quasi-frère calendaire du célèbre tribun. Il n’était son cadet que de quelques semaines.

Joseph Cailletreau et Renée Pasquier  Photo 1924

Joseph Cailletreau et Renée Pasquier
Photo 1924

Leurs destins furent pourtant radicalement différents. Le premier issu de la petite bourgeoisie aisée d’une sous-préfecture du Tarn fut un brillant intellectuel, agrégé de philosophie et ancien élève de l’école Normale Supérieure. Il devint l’un des plus brillants orateurs de l’histoire parlementaire et l’un des leaders indiscutables et respecté du socialisme européen d’avant la première guerre mondiale, tandis que l’autre demeura toute sa vie un modeste journalier agricole, fossoyeur occasionnel du cimetière du Lion d’Angers et distributeur épisodique de tracts ainsi que rabatteur électoral du très conservateur marquis de Charnacé lors des campagnes pour la mairie de Chambellay à la fin du 19ième siècle.

D’une certaine manière, ces deux gars-là, sans le savoir et sans se connaitre jouaient à contre-emploi : le fils de bourgeois défendait l’ouvrier, et l’ouvrier faisait localement la promotion de l’aristocratie terrienne et légitimiste ! Mais Joseph Pierre Cailletreau connaissait-il seulement le contenu de ce qu’il diffusait, lui qui ne savait ni lire, ni écrire ?  Avait-il jamais entendu parler de « ce » Jean Jaurès en écoutant les cantonniers du village, sa principale source d’information?  Les « gens » du marquis, qui le recrutaient le temps d’une tournée électorale dans les préaux d’école lui avaient-ils parlé de Jaurès?

En tout cas, l’opinion de Joseph à l’égard du député de Carmaux n’avait d’autre choix que d’être critique, calquée « presque de droit » sur celle de ses patrons, militants du parti catholique et monarchiste, qui ne voyaient en Jaurès qu’une sorte d’épouvantail. Il faut dire que le positionnement politique de ce dernier lors de l’affaire Dreyfus ou de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, était aux antipodes de la plupart des notables angevins de l’époque, vaguement antisémites parce que catholiques de tradition et nostalgiques de la Chouannerie.

Joseph Pierre Cailletreau n’avait, en fait, guère le loisir de développer ou de forger son propre avis en s’affranchissant  de toute influence de ses donneurs d’ouvrage, nobles de la région du Lion d’Angers, tous acquis ou presque aux idées conservatrices, voire royalistes. Non qu’il soit dénué lui-même de capacités cognitives, de raisonnement ou de bon sens, mais tout simplement parce que dans son village de Montguillon, auprès de ses parents sans fortune, il n’avait pas bénéficié de l’instruction publique primaire ! La tradition orale familiale rappelle en revanche qu’il était doté d’une mémoire assez étonnante, puisque, malgré sa méconnaissance de l’écriture et de la lecture, il pouvait réciter « par cœur » la messe en latin ainsi que la liturgie de certains offices, comme celle des funérailles religieuses, auxquelles il assistait es qualité de « croque-mort » intérimaire. Le brave homme s’est éteint à Angers en 1946 chez sa fille rue de la Madeleine, trente-deux ans après l’assassinat de son « presque » jumeau astral. Veuf, il était devenu aveugle d’une cataracte non traitée et souffrait d’un syndrome de gâtisme agressif dû probablement à une maladie dégénérative du système nerveux central, ou maladie d’Alzheimer ! Selon ses petits enfants, un de ses rares plaisirs dans ces dernières années, était d’entendre passer, sans les apercevoir, les trains de la passerelle de la Maître-Ecole…

Tout sépare donc ces deux personnages que seul le hasard du calendrier rapproche. Pas seulement le hasard! Car, il ne faudrait pas omettre parmi les facteurs de rapprochement, l’intérêt que je leur porte et qui, à leur corps défendant, leur confère un soupçon de survie posthume commune ! Ce souci œcuménique d’unir l’érudit socialiste des confins des Pyrénées et le journalier agricole angevin analphabète est cependant récent. En effet, alors que « le Grand Jaurès » figure depuis toujours au panthéon des personnages illustres dont le destin me fut largement commenté en famille, et ce dès mon plus jeune âge, avec d’autres sujets de culte militant, comme le communard Eugène Varlin ou des génies de la littérature comme Victor Hugo, ou de la physique comme Marie Curie ou Albert Einstein, mon intérêt sélectif pour Joseph Pierre Cailletreau, mon propre arrière-grand-père ne date que de quelques années ! On n’est jamais trahi que par les siens…

Hugo et Jaurès en buste dans mon bureau

Hugo et Jaurès en buste dans mon bureau

La publication sur Internet par les archives du Maine-et-Loire des registres de matricules militaires m’a fait découvrir que Joseph Pierre Cailletreau avait effectué une seule année de service militaire – du 15 novembre 1880 au 20 décembre 1881 – à la suite d’un tirage au sort, qui lui avait été assez favorable. Mais, surtout, on s’aperçoit que ce passage dans l’armée au sein du 77ième régiment d’infanterie s’était déroulé en Tunisie du 13 juillet au 13 octobre 1881 au tout début du protectorat français, instauré par le traité du Bardo du 12 mai 1881. Aventure coloniale que, pour sa part, Jaurès dénonça de toute force durant toute sa carrière parlementaire.

Joseph Cailletreau, jeune conscrit de vingt-deux ans, n’en était pas à discuter les choix géostratégiques de la France. Il est en outre peu plausible qu’ultérieurement il eut l’audace de contester l’autorité! Avant son service militaire et hormis quelques incursions à Angers par le petit train de la ligne de Segré, il n’avait guère franchi les limites de son canton natal. Aussi, ce court séjour dans le Maghreb sous les auspices de l’armée française, fut certainement le voyage de sa vie. Celui aussi qui lui fit entrevoir la guerre et son cortège de cruautés, car le protectorat ne s’imposait pas sans mal, les tribus du centre et du sud du pays considérant le bey de Tunis, signataire du traité avec la France comme un traître et un collaborateur !

cailletreau

A la même époque, Jean Jaurès, jeune agrégé – reçu troisième au concours – était affecté comme professeur de philosophie au lycée de Castres et à la faculté des lettres de Toulouse…

Le lundi 28 avril 1884 au Lion d’Angers, Joseph Pierre Cailletreau épouse Anne Joséphine Houdin (1861-1943). C’est le temps pour Jean Jaurès de s’apprêter à entrer en politique. Max Gallo rapporte qu’il « se sent alors porté non par de « petites ambitions » mais par le désir d’appliquer sa force, ses idées à un grand projet ». Lui-même promet : «  J’aurai le courage de mes opinions en face des inévitables politiciens de café …». En octobre 1885, il sera élu pour la première fois député du Tarn.

Pour Joseph Pierre Cailletreau, la suite appartient à la vie privée. Pour Jean Jaurès, elle relève de l’Histoire…

Joseph Cailletreau entendra sûrement parler de Jaurès au détour d’une foire du Lion d’Angers, pas l’inverse. Il le critiquera sûrement, sans trop savoir pourquoi, sans vraiment argumenter: juste parce que c’est un « rouge » et que les « rouges » sont plutôt mal vus par les autorités morales et les donneurs de travail, seigneurs de la contrée et curés à leurs bottes!

Jean Jaurès au contraire s’efforcera de défendre la cause de Joseph, un anonyme dans la foule des anonymes. Il n’entendra jamais parler de lui mais il sait qu’il se bat pour l’émancipation de ces générations de petits paysans ou ouvriers, exploités et opprimés depuis des siècles, que Joseph incarne, somme toute, si bien…Jaurès aspire à être le porte-parole de tous ces « damnés de la terre » ! Sa conversion à la cause est le résultat d’une démarche d’ordre intellectuel, car lui-même n’a jamais foulé la glaise…

En tout cas, les chemins de ces deux frères d’âge ne se croiseront jamais et leurs destinées furent disjointes …

Joseph Pierre Cailletreau apercevra-t-il seulement sur le présentoir à journaux du Bazar Lionnais au Lion d’Angers où il réside avec sa famille, la Une du Petit Courrier du 1er août 1914 annonçant l’assassinat la veille de « Monsieur Jaurès » ?   Verra-t-il, pour la première fois peut-être, le visage poupin et barbu de celui dont on disait ici qu’il était l’incarnation du diable?

1 aout 14

L’héritage moral de Joseph Pierre Cailletreau n’excède pas ces quelques souvenirs glanés ici ou là en vue de rédiger ces lignes. Disons qu’il ne flirte pas avec l’universel ! Quoique, à y regarder de plus près, on y retrouve tout simplement la condition humaine ! Au sens de Montaigne.

Le patrimoine, conceptuel  et intellectuel, légué par Jean Jaurès est en revanche plus conséquent! Il a inspiré la stratégie de la gauche démocratique au cours de tout le 20ième siècle …Beaucoup continuent peu ou prou de s’en revendiquer… Moi-même, j’écris sous son regard en me référant souvent à cette pensée… Mais, il n’est pas le seul. Pour moi, Georges Clemenceau, républicain intransigeant mais plus pragmatique, n’est jamais très loin. A tort, on l’oppose au député de Carmaux, alors que, de talent équivalent mais différent, ils jouèrent des rôles complémentaires. L’un a exercé le pouvoir, l’autre l’a rêvé et en a esquissé le modèle idéal … Les deux furent indispensables pour conforter la République et la démocratie !

Jaurès, en dépit des tentatives de récupération dont il est l’objet actuellement, est d’abord un prodigieux moteur pour la réflexion. Il ne fournit pas de solutions – clés en main – aux crises actuelles, il développe une méthode de pensée permettant de les analyser,donc de les surmonter et de les dépasser…

Homme de combat, homme d’éloquence hors norme, ce qui le caractérise avant tout aujourd’hui c’est donc sa pensée qui postule que le progrès de l’humanité peut se réaliser dans la démocratie. Laquelle repose sur une certaine conception de l’humanisme et ne s’exprime avec bonheur qu’au sein de la République…

Bien sûr, rien ne s’oppose à ce que soient rappelées les grandes causes qu’il a défendues avec virtuosité comme la journée de travail de huit heures, les retraites ouvrières, l’innocence de Dreyfus, la laïcité, l’abolition de la peine de mort, etc. Mais le personnage ne saurait se réduire à ses combats, désormais datés, même si certains d’entre eux demeurent à l’ordre du jour, lorsque ceux qui se réclament de la tradition militante jauressienne semblent passer leur temps à la trahir ….

Jaurès transcende très largement l’actualité, et il faut beaucoup d’outrecuidance pour se l’approprier et lui prêter dans le contexte de 2014 des attitudes ou des propos qui parfois sont manifestement contraires à sa philosophie politique : en effet, on ne peut guère que sourire quand on entend certains, au niveau le plus élevé de l’Etat, prétendre qu’il cautionnerait  le « pacte de responsabilité », ou d’autres affirmer qu’il partagerait leur analyse du conflit israelo-palestinien!

Sa mort tragique le 31 juillet 1914, alors qu’il se battait pour la paix avec l’énergie du désespoir, l’a sans doute transformé en icone romantique,mais elle n’en a pas fait, pour autant, un prophète. Lui-même aurait récusé cet insupportable statut, qui n’est imputable qu’à l’ambiance délétère et régressive actuelle qui produit « à tout bout de champ » du sacré et du religieux dans l’espace public!

Y-a-t-il donc lieu d’« être fidèle à Jaurès » comme le recommandait un éditorialiste de l’Humanité du 31juillet 2014? Oui, s’il s’agit simplement de partager sa vision et sa conception humaniste de l’Histoire! Oui s’il s’agit d’appliquer la méthode qu’il préconise pour assurer le progrès humain, fondée sur le rassemblement et l’unité des forces vives! Non s’il s’agit de le déifier comme un saint laïc ou de le prendre en otage au nom d’enjeux politiciens à courte vue.

Ajoutons, pour conclure que le fondateur du journal l’Humanité en fut aussi une des plus belles plumes. Dommage que Joseph Pierre Cailletreau n’ait pu en lire une seule ligne!

Le défenseur de la paix ayant été éliminé le 31 juillet 1914, le dernier rempart de la civilisation avait sauté et la barbarie pouvait s’installer… On connait la suite !

 » ben mon colon , celle que je préfère … »

Meeting du Pré-Saint-Gervais  25 mai 1913

Meeting du Pré-Saint-Gervais
25 mai 1913

 

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