Les pisse-froids des agences de sécurité sanitaire, experts surdiplômés d’épidémiologie, qui n’en ratent jamais une pour nous « foutre la trouille » ou pour stigmatiser nos comportements prétendument à risque, viennent de révéler que l’alcool tue, y compris à petites gorgées…
Ébouriffante découverte qui en réalité n’en est pas une, bien que présentée comme telle et abondamment relayée par les médias ainsi que sur les incontournables réseaux sociaux, où les « J’aime » pleuvent.
De fait, cette annonce angoissante est conforme aux pratiques classiques de ces éminentes têtes d’œuf, dont on ne sait si elles servent la science, la médecine, leurs mentors gouvernementaux ou leurs carrières. Modernes oracles, ils sont chargés de « corréler » tout ce qui se mesure et ainsi d’effrayer le bon peuple en le rendant coupable de sa propre mort!
Quitte à réinventer le fil à couper le beurre, l’idée est de maintenir le quidam moyen en état de sujétion permanente par rapport aux experts et, à travers eux, aux autorités constituées du savoir, et surtout de l’ordre public et moral… L’objectif est d’adhérer sans réserve aux oukases sanitaires et de vouer aux gémonies ceux qui persistent à refuser leurs injonctions moralisatrices!
Mais ces diffuseurs professionnels d’angoisse – qui sévissent désormais dans tous les domaines environnementaux et sociétaux – savent entretenir avec talent la mystique de leur discipline, en se référant à la mémoire d’un de leur prestigieux confrère, créateur de l’épidémiologie; en l’occurrence, Percivall Pott (1714-1788) qui, brillamment, établit en 1775 une relation indiscutable entre les cancers du scrotum des petits ramoneurs londoniens et les suies de goudrons qui s’accumulaient dans leurs culottes mal ajustées et trop évasées à la taille du fait des bretelles.
Mais à la différence de leur glorieux ancêtre et collègue qui était médecin et chirurgien de terrain, les actuels épidémiologistes enfants choyés des instituts sanitaires n’ont qu’exceptionnellement exercé la médecine générale ou d’urgence, rurale ou banlieusarde… Leur job n’est pas de soigner l’indigent crasseux, le patient inquiet, ou le névropathe insolent mais de prévenir les endémies en attribuant des causes possibles à des effets pathologiques réels auxquels la société, assommée par le matraquage des lanceurs d’alerte autoproclamés, se doit de s’intéresser. Mais ces experts en probabilités et statistiques ne connaissent que grossièrement la symptomatologie des effets pathologiques qu’ils n’ont vocation ni à soulager, ni à soigner. En revanche, avec les moyens de calculs actuels, ils savent établir des relations statistiquement significatives entre des phénomènes de toutes natures, fussent-elles aussi inattendues qu’improbables. A cette aune, il est à parier qu’ils pourraient imputer – si on leur demandait – la peste bovine aux variations du flux de neutrinos solaires, ou mieux encore, le dérèglement climatique « révélé » au radicalisme religieux! Voire la disparition « décrétée androgène » de la biodiversité à la pratique trop fréquente de la chasse aux papillons avec des sacs en tulle moustiquaire aux mailles non normalisées.
Il serait cependant injuste d’incriminer indûment ces découvreurs de causalités exotiques et angoissantes, ou d’enfonceurs de portes ouvertes, car il ne font qu’exercer – et le plus souvent avec beaucoup de passion et de conscience professionnelle – un métier qui n’est confronté au monde réel que derrière des écrans et qui n’exige d’eux que de manier avec virtuosité des algorithmiques statistiques sur des ordinateurs analogiques.
Leur job n’est pas n’inventer mais simplement, du haut de leurs chaires institutionnelles, de leur entre-soi d’experts « indépendants », de justifier les stratégies d’encadrement de la populace, conçues par les pouvoirs en place. Pour ce faire, leur arme, c’est le recours parfois spécieux à des arguments scientifiques ou pseudo-scientifiques d’opportunité, qui comblent d’aise les ministres de la santé, surtout ceux ou celles qui disent appartenir au sérail médical mais qui se sont empressés de le quitter pour la politique.
Dans cette perspective, les épidémiologistes « publient » avec l’aval obligé des « Autorités en charge de l’enfumage public » – agrément d’ailleurs scrupuleusement camouflé pour cause de déontologie et d’éventuels conflits d’intérêt – des rapports consistant, comme c’est le cas aujourd’hui pour le vin, à remettre au goût du jour idéologique de vieilles rengaines sanitaires et les peurs qui leur sont associées, et en veillant à en amplifier les conséquences dévastatrices, quelles que soient, grosso modo, les quantités ingérées!
S’agissant de notre vinasse nationale, la nouveauté épidémiologique à la mode ne réside pas dans le constat de méfaits jusqu’alors ignorés de l’alcool, puisque, à l’exception de la résurgence des maladies infectieuses ou l’émergence de pathologies importées, il est acquis de longue date que l’alcool est responsable – outre de la classique chute de l’empire romain concurremment avec le plomb dissous (!) dans les canalisations d’eau potable – de toutes les pathologies chroniques dégénératives, cardiovasculaires ou neurologiques modernes, et même, dans une certaine mesure assez compréhensible, des maladies sexuellement transmissibles! (Quand on est bien plombé, on oublie les préservatifs!)
Non, la nouveauté du récent rapport de la Santé Publique, c’est le rôle prééminent conféré au bon vieux « pinard »comme d’ailleurs aux A.O.C. les plus réputées dans la (sur)mortalité de la population; et ce, et dans des proportions qu’on ne soupçonnait pas jusqu’à présent! A faible dose, les calculs des nouveaux prêtres « inspirés » de la prévention sont formels: deux verres de vin par jour et bonjour les dégâts!
Le rapport ne dit mot sur l’influence éventuelle de la qualité du verre! Pourtant, « à vue de nez », un verre à moutarde reconverti ne devrait pas produire le même effet sur la consommation qu’un verre à pied en cristal de Bohême.
En tout cas, ce qui est certain, c’est que le vin, boisson de Bacchus par excellence, serait presque aussi pervers que le tabac pour nous envoyer « ad patres »! On dira même, puisque c’est le sujet du jour, que le vin est sûrement plus diabolique que toutes les molécules qui nous empoisonnent la vie à « l’insu de notre plein gré » comme les pesticides inventés par l’industrie chimique ou comme tous ces matériaux fibreux ignifuges qui, malheureusement absents des poutres de Notre-Dame de Paris, nous encombrent dangereusement les alvéoles pulmonaires. On dira que le vin est plus détestable que ce radon des champs, auquel sont exposés les malheureux bretons et les néo-aquitains de l’ancien Limousin, et qu’il est plus démoniaque enfin que ce fameux « dioxyde de carbone » qui nous pourrit le climat et la santé, ainsi que tous les autres risques industriels ou naturels réunis!
Pour le vin, aucun doute et aucune tolérance ne seraient plus admissibles!
Les conclusions de l’étude sont sans appel. Elles sont d’autant plus hallucinantes qu’elles ne visent pas prioritairement les irrécupérables poivrots au sort scellé d’avance. Elles désignent tous les péquins, buveurs modérés de bon vin, mais transformés, par la grâce des épidémiologistes, en fauteurs de troubles à la santé publique…
Pensez donc! Chaque année, plus de quarante mille décès seraient imputables au vin, sans compter toutes les disparitions, meurtres ou suicides dus à la vodka, au whisky ou à l’anisette dopée au méthanol!
Certes, cette macabre comptabilité est à comparer aux six-cent mille de nos concitoyens fauchés chaque année par la Camarde! En outre, il faut se faire une raison, la mort est au programme de chacun, quel qu’en soit le prétexte. N’empêche qu’on ne peut demeurer insensible lorsqu’on nous assène avec assurance que deux ou trois verres de vin de pays à 11° ingurgités avec la bavette d’aloyau suffiraient pour traverser le Styx à brève échéance sous la houlette du nocher Charon!
D’ailleurs, des esprits malicieux – et pragmatiques – en charge des affaires publiques trouveront peut-être demain dans ce constat inquiétant, des motifs d’espoir pour rééquilibrer le budget des Ehpad et celui des familles, confrontés à l’augmentation de la démographie galopante du grand âge! Mais, pour l’heure, on n’en serait pas encore là!
D’ailleurs, les chercheurs seraient peinés et outrés, si on les soupçonnait de nous épouvanter à tort, alors qu’ils prétendent juste nous responsabiliser en nous dénichant un nouveau motif de repentance comportementale en plus des autres sources de culpabilité, comme notre insouciance climatique, notre consumérisme débridé irresponsable, notre addiction au tabac, notre amour effréné pour la vitesse automobile, notre détestation des taxes supplémentaires, etc.
Faut-il pour autant adhérer à leur croisade?
Pour ma part je m’y refuse catégoriquement, préférant accepter les hypothétiques conséquences délétères de mes choix, qui furent aussi ceux de mes parents, consommateurs raisonnables de vin! Comme eux, j’aime déboucher une bonne bouteille de vin d’Anjou.
Ils sont partis nonagénaires vers un monde « intriqué » certainement meilleur! S’ils avaient appliqué les récentes consignes officielles, ils seraient peut-être morts centenaires et au-delà. Mais avec quelle qualité de vie?… Et en outre, ce n’est pas certain.
Dans le doute, je préfère donc m’abstenir de l’abstinence recommandée par ces « sachant » ministériels et savourer la vie avec un Coteau du Layon, un Savennières ou un Bonnezeaux et même, en dépit de son tarif prohibitif, une « Coulée de Serrant » de vingt ans d’âge…
N’en déplaise à ces messieurs dames, buveurs d’eau prosélytes mais probables consommateurs honteux de cannabis mondain, je ne m’interdirai jamais un bon Champagne ou un champagnisé saumurois, un crû bourgeois de Gironde ou un Saint-Emilion, classé ou non! Un Pécharmant bergeracois ou un blanc ou rouge de Bourgogne…Sans oublier un Pinot noir d’Alsace.
Bref j’aime la vigne et le bon vin. N’en déplaise aux experts officiels, qui rendent compte de leurs travaux à l’avenue de Ségur et qui rêvent sans doute du jour où un compteur connecté à la Sécurité Sociale additionnera le nombre de fois, où nos coudes se lèvent en tenant un verre à la main!
Ma seule réponse à leur endroit, c’est cette ritournelle vantant le vin d’Anjou, que chantait ma mère:
Vive l’Anjou ! Lorsque le soleil dore
Sur tes coteaux du pampre rougissant
Le sang,
Un gai sourire en mon cœur vient éclore :
Le noir chagrin
Fuit l’azur de mon ciel serein.
C’est une des rares chansons qu’elle consentait spontanément à fredonner, car de son propre aveu, elle chantait faux!
On ne la démentait pas et on ne changera pas d’avis.
C’est vrai, ce n’était pas Maria Callas.
Ce qui, avant tout, demeure vrai, c’est qu’elle nous a appris à vivre et que dans son schéma, une consommation modérée de bon vin contribuait à ce plaisir d’exister! Ce bon sens fait désormais défaut, face à cette dictature sanitaire rampante qu’on nous inflige avec des trémolos ministériels dans la voix, et qui contamine nos esprits. Il nous fait défaut également face à cette fallacieuse perspective de se priver de tout pour gagner quelques années de survie, alors que le motif réel et inavoué de ces prescriptions/sommations est très prosaïquement l’équilibre financier de l’Assurance Maladie.
Cette supercherie qui a pour contrecoup de nous gâcher le plaisir de vivre pour éviter une mort précoce, cessera le jour où embrouillés dans leurs graphiques démographiques et, cette fois-ci, téléguidés par les déficits de l’Assurance Vieillesse et des caisses de retraites, les mêmes experts nous annonceront que la relation entre l’alcool et la santé comporte un seuil d’innocuité et qu’en plus, à partir d’un certain âge, elle n’est plus pertinente … En tout cas, qu’elle est sans conséquence pour la suite! …Et pour cause, ce jour-là, on nous demandera parallèlement de consentir, es qualité de citoyens responsables, soucieux de l’avenir de l’espèce, une limitation volontaire de la suite. Bref de faire en sorte, qu’elle ne dure pas trop et de résilier notre bail!
Alors, pinard ou pas, peu importe.
PS : « Vive l’Anjou » est une chanson populaire angevine composée par Anatole-Joseph Verrier en 1908.
Selon Wikipédia, « elle a eu valeur, dans le courant du xxe siècle, d’hymne régional pour de nombreux Angevins et a été enregistrée à plusieurs reprises dans cet esprit, notamment par Aimé Doniat ou par la compagnie Marc-Leclerc au début des années 1960 ».