Le cercueil du professeur d’histoire et de géographie Samuel Paty, lâchement assassiné par un terroriste islamiste était à peine refermé, que déjà l’unité nationale face à la barbarie commençait à se fissurer.
Alors que le très bel hommage rendu par le chef de l’Etat à la Sorbonne le 21 octobre 2020 venait juste d’être prononcé et unanimement approuvé, des voix s’élevaient pour expliquer – sinon justifier – l’inconcevable, l’intolérable. Une fois de plus, oublieux de la tragédie, certains s’évertuaient au nom d’on ne sait quelle excuse sociale, à tergiverser sur les mesures d’autodéfense républicaine que les pouvoirs publics entendaient prendre pour contrer un obscurantisme agressif et mortifère, s’attaquant désormais à la plus symbolique des institutions républicaines, l’école et ses maitres.
Comme à l’accoutumée, les alliés objectifs du camp des assassins fourbissaient leurs armes juridiques, procédurières, sémantiques, et même, plus pernicieuses encore, philosophiques, moralisantes ou métaphysiques, pour décourager toute tentative de répression préventive de cette abjection idéologique qu’est l’islamisme. Confondant l’accessoire et l’essentiel, ils se perdent, comme pour noyer le poisson, dans des débats rhétoriques hors sol, oubliant au passage que cette perversion idéologique mortifère – qui prend en otage une religion – colonise sournoisement le cerveau des enfants pris dans ses griffes, en les saturant de dogmes moyenâgeux et de rites liberticides.
On savait que l’objectif ultime de l’islamisme était clairement de porter atteinte à la démocratie et d’abattre la République. Mais on a fait comme si on l’ignorait, en dépit des alertes très explicites qui nous étaient adressées depuis au moins une vingtaine d’années. On peut craindre que les donneurs de leçon de maintien ne poursuivent dans cette dérive. Trop souvent, par paresse, par naïveté, par lâcheté ou simplement par cupidité et par clientélisme électoral, ils ont privilégié le déni de réalité sur la prise de conscience du problème et du danger.
Et irrémédiablement, l’islamisme s’est installé en France dans les terreaux sociaux qui lui étaient les plus favorables et les moins assimilés à l’épopée républicaine. Et ce faisant, il a discrédité voire injustement disqualifié la majorité des musulmans de France respectueux des lois de la République: il a porté atteinte à leur honneur et rendu vains leurs efforts d’intégration. Avançant d’abord à bas bruit, il s’est progressivement émancipé de sa discrétion initiale, et usant de harcèlements, de menaces, et si nécessaire, de violence physique, il est parvenu à instiller la peur et obtenir la soumission des plus récalcitrants à ses injonctions liberticides d’un autre âge. Petit à petit, en brandissant le spectre de la victimisation, de la culpabilisation à l’encontre des « français » tous indifféremment taxés d’anciens coloniaux et en jouant habilement sur l’islamophobie, l’islamisme a imposé sa loi – prétendument divine, en l’occurrence la charia – au détriment des règles républicaines.
Ainsi, il a placé sous coupe réglée une partie de la jeunesse en souffrance, issue de l’immigration, lui a dicté sa loi et s’est accaparé de cités entières dans certains quartiers de banlieues dites défavorisées et trop souvent délaissées par les services publics, hormis l’école. Ainsi, il a investi à son profit l’imaginaire de populations qui, depuis, confrontées aux difficultés sociales, ne se reconnaissent plus comme françaises à part entière!
Ce constat inquiétant qui a échappé au regard et à l’expertise de certaines bonnes âmes, parfois édiles locaux, qui de facto sont devenues, les complices malgré elles, des assassins. Aujourd’hui, elles découvrent ingénument la situation actuelle très préoccupante, tout en s’entêtant dans leurs euphémismes d’antan et leurs erreurs d’analyse du passé.
Ce constat explique aussi pourquoi l’école de la République est évidemment un des lieux privilégiés d’attaque de ces nouveaux fascistes. C’est en effet l’école qui apparait comme le dernier bastion de la République à conquérir dans ces territoires perdus. C’est elle qui, à leurs yeux, doit en priorité être mise au pas pour parfaire leur folle utopie de destruction de notre civilisation occidentale, car c’est sous sa protection et grâce à elle, qu’on apprend à distinguer les savoirs et les croyances, dans le respect réciproque mais sans ingérence des uns qui font appel au raisonnement sur les autres qui relèvent de convictions intimes. C’est dans l’école qu’il faut, à tout prix, opérer ce partage entre la sphère privée et publique, et dissocier la science de la théologie, axiomes évidemment aux antipodes des « ukases » de l’obscurantisme islamiste !
Les terroristes ont donc mille motifs d’exécrer l’école républicaine, en particulier le fait que c’est en son sein qu’on apprend la liberté, l’égalité, la fraternité et la démocratie. Or il s’agit là encore de principes qui font horreur aux fanatiques de l’islam politique, qui préfèrent miser sur le bourrage de crâne que sur la connaissance et la raison. Ils n’ont d’ailleurs pas tort car de tous temps, l’ignorance a servi de moyen idéal pour asservir les victimes des dictatures. Quand on estime détenir la vérité absolue par la révélation, il n’est nul besoin de s’interroger plus avant!
Samuel Paty a été assassiné parce que, précisément, il accomplissait consciencieusement son métier de professeur et d’éducateur, soucieux d’enseigner aux enfants, le goût de la liberté de penser et celui de s’exprimer par eux-mêmes, sans se laisser intimider par les pressions menaçantes et le prêt à penser de charlatans sectaires déguisés en imams.
Samuel Paty a été atrocement mutilé parce qu’il incarnait la République et parce qu’il s’était donné pour mission de former des citoyens responsables, dotés d’esprit critique et aptes à participer plus tard à l’exercice de la souveraineté populaire et à la gouvernance de la société dans un cadre démocratique.
La démocratie, un vilain mot pour les abrutis du terrorisme islamiste, souvent téléguidés et financés dans leurs intentions criminelles par des dictatures théocratiques et pétrolières du Moyen Orient ou des régimes despotiques et impérialistes.
Cela étant, que peut-on faire concrètement, lorsqu’on ne détient aucun mandat, pour demeurer fidèle au message et à l’exemple que nous laisse ce courageux professeur, victime iconique du terrorisme islamiste?
Outre le fait de soutenir les autorités en place dans leur volonté affichée de prendre enfin à bras le corps le danger islamiste, il convient sans doute de répliquer aux discours des donneurs de leçon patentés, qui comme toujours avancent des excuses sociales au terrorisme islamiste ou, qui, redéfinissant à leur guise, la belle notion de laïcité, victimisent les assassins et prônent la « tolérance » à l’intolérable.
Il faut ensuite ne pas se laisser enfermer dans des débats sémantiques stériles, consistant par exemple à disserter à plus soif sur les termes de laïcité ou d’athéisme, et par là, à déplacer le problème que pose l’islamisme en le réduisant à la question religieuse et au schisme qu’il introduit au sein d’une confession. Il faut oser nommer clairement l’ennemi sans se réfugier dans d’insipides litotes comme celle, commode, pour tourner autour du pot de « fanatisme religieux ». Ces manœuvres sont trop habiles pour qu’on omette de les dénoncer, car elles offrent l’occasion en s’appuyant sur un antiracisme de façade ou sur la dénonciation d’une prétendue islamophobie, d’oublier et de relativiser les méfaits de l’islam radical. De déconsidérer également toute entreprise visant à le combattre effectivement.
On le sait mais il faut le répéter: de même qu’une grande majorité d’allemands n’était pas nazie entre 1933 et 1945, de même il est faux et injurieux de considérer les musulmans comme des compagnons de route des tueurs de l’islamisme. Ils en sont les premières victimes.
D’autres contradicteurs plus subtils encore prennent prétexte d’un antisionisme cache-sexe de leur antisémitisme, pour nous expliquer faussement contrits que les actes terroristes islamistes sont une des conséquences « regrettables » de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Face à ce déchainement de « consciences tourmentées d’elles-mêmes » et aveuglées mais toutes d’accord pour ne rien faire afin d’éviter « l’amalgame », il ne reste guère comme solution pour marquer sa répulsion de l’islamisme – en attendant d’éventuelles mesures répressives ou préventives – que de se solidariser avec les victimes du terrorisme et de se déclarer comme eux « mécréants » .
Mécréants et fiers de l’être.
« Mécréants » c’est ainsi que ces fous de dieu désignent leurs ennemis, à savoir, tous ceux qui ne partagent pas strictement leurs croyances, leurs T.O.C. et leurs manies criminelles. A cette aune, nous sommes tous leurs ennemis car contrairement à eux, notre seule religion c’est la raison éclairée par la philosophie des Lumières, c’est aussi le doute métaphysique et même le respect de Dieu s’il existe…
En effet, si Dieu existe, il a, par définition, imaginé le ciel et la terre, l’infiniment petit et l’infiniment grand, il a façonné la moindre particule des atomes, il a joué à la fois du hasard et de la nécessité! Alors dans ces conditions, ne serait-ce pas lui faire injure que de le considérer à ce point mesquin et « petit » pour exiger des femmes qu’elles se voilent et se transforment en spectres, qu’elles se dispensent en outre de croiser le regard d’hommes qui ne sont ni leurs pères, ni leurs frères, ou pour jeter l’anathème sur ces malheureux porcs qu’il aurait lui-même créés?
Si Dieu existe, il mérite sûrement le respect et non d’être imaginé comme un idiot du village un peu ombrageux et buté, qui s’offusquerait de simples dessins! Et en plus, versatile!
Pour l’heure, notre admiration est exclusivement vouée à ceux qui nous ont instruits, à nos professeurs plutôt qu’à des enturbannés hallucinés et barbus qui prêchent en babouches, la haine de tous ceux qui ne partagent pas leurs croyances. Croyances dont il est encore de notre droit de dire sans complexe qu’on ne les partage en rien! Barbus hallucinés qui ne méritent que notre mépris!
Nos maitres – comme Samuel Paty – se sont contentés, eux, de nous ouvrir les portes de la connaissance et de nous inciter à nous en rassasier. On leur doit beaucoup plus qu’aux curés!
Enfin, en sa mémoire, le moins que l’on puisse faire c’est de diffuser les caricatures de ce fameux prophète qui semble rendre fous les islamistes. Ces caricatures diffusées par Charlie Hebdo et qui ont valu à Samuel Paty la fatwa assassine!
Il reste à conclure en reprenant ce court extrait d’un discours de Jean Jaurès prononcé en janvier 1910 devant les députés:
« L’idée, le principe de vie, qui est dans les sociétés modernes, qui se manifeste dans toutes leurs institutions, c’est l’acte de foi dans l’efficacité morale et sociale de la Raison, dans la valeur de la personne humaine raisonnable et éducable. C’est ce principe qui se confond avec la laïcité elle-même … »
Cette phrase est plus longuement explicitée dans sa lettre aux instituteurs, qui sera lue prochainement dans toutes les écoles de France pour illustrer ce qu’il convient d’appeler la Laïcité.