Non ce n’est pas un poisson d’avril.
Sous peu, pronostique Jean-Louis Borloo, des listes communautaires se présenteront aux élections municipales qui imposeront localement« la charia». Sans sombrer dans le catastrophisme, on peut s’interroger.
Force est en effet de constater qu’on n’en est peut-être pas si éloigné, quand on observe, ici ou là, la mainmise grandissante des mouvements salafistes sur des populations désorientées par la crise sociale et identitaire, là où il y a peu, le mouvement associatif occupait le terrain culturel, éducatif et sportif !
On frémit à l’idée qu’une frange de la jeunesse issue de l’immigration qui, à bon droit, aspirait auparavant à prendre sa place au sein de la société française et qui s’insurgeait contre les difficultés qui lui étaient opposées, se détourne désormais des principes de la République… Pire, manipulée par l’obscurantisme islamiste, elle ne se réclame même plus de la nationalité française…
Dans ce contexte, l’attentat islamiste de Trèbes qui a coûté la vie à quatre innocents, dont le colonel Arnaud Beltrame, héros de la Nation, ainsi que l’assassinat antisémite d’une vieille dame de confession juive, Mireille Knoll, ne sont pas des épiphénomènes horrifiants dans un ciel serein. Ils témoignent à la suite d’une désormais longue – trop longue – série de tragédies, de crimes et de victimes, que la gangrène de l’obscurantisme religieux et meurtrier gagne du terrain…
Ces massacres nous indiquent qu’il ne faut plus surseoir pour dire « clairement les choses »! Il faut les énoncer sans tergiverser et sans faux-semblant. « Tourner autour du pot » ou ne pas désigner explicitement l’ennemi, revient à laisser libre cours aux assassins, voire à les excuser. Retarder la prise de conscience en privilégiant les causes sociétales et sociales à nos malheurs, c’est nous désarmer idéologiquement pour défendre notre conception de la civilisation et notre façon de « vivre » les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité !
Je pensais naïvement que cette récente et tragique leçon – la énième du genre – serait un ultime coup de semonce qui nous ouvrirait les yeux, et qu’au moins nos élus abandonneraient « leur langue de bois » traditionnelle et leurs compromis (compromissions) d’antan, destinées à s’attirer les bonnes grâces d’électeurs circonstanciels, futurs fossoyeurs de leurs propres idéaux et des nôtres!
A ma grande surprise, ce n’est pas le cas !
Dans une petite commune francilienne de la banlieue sud, que je connais, le maire a cru bon d’évoquer dans l’éditorial de sa dernière feuille d’informations municipales – datée d’avril 2018 – les deux drames qui viennent d’endeuiller notre pays (l’attentat islamiste de Trèbes et l’assassinat antisémite de Paris).
Le propos et le projet ne sont, en soi, guère discutables. Et d’ailleurs, l’homme n’est pas dénué de talent, ni de force de conviction, lorsqu’il s’agit de glorifier, des trémolos dans la plume, les valeurs de la République. Il n’a pas, non plus, son pareil pour opérer de grands écarts historiques ou des comparaisons audacieuses avec notre passé révolutionnaire.
Ainsi compare-t-il le colonel Arnaud Beltrame à Joseph Bara, un jeune volontaire originaire de Palaiseau, tambour dans un régiment de hussards, tué à quatorze ans, en 1793, pendant les « Guerres de Vendée » en criant « Vive la République », ou encore au mythique Joseph Agricol Viala, tombé « héroïquement » en Provence dans les rangs des montagnards au début de la Terreur !
Je n’ai évidemment rien à redire à ce lyrisme, parfois un peu pesant, un tantinet sectaire et moralisant « en diable » de ce brave maire. Chacun son truc! Et, en plus, ça me distrait…J’aime bien ceux qui se prennent pour Victor Hugo!
En outre, ça n’enlève ni n’ajoute rien à sa fonction d’administrateur de la ville et d’édile régional, dont les fidèles semblent vanter l’habilité et les insignes qualités de syndic public, forgées et bonifiées par une longue carrière d’apparatchik au sein d’un grand parti autrefois en vogue.
En revanche, j’ai franchement tiqué – pour dire vrai, je n’en croyais pas mes yeux – lorsque j’ai lu dans ce bel éditorial, digne d’un tribun de la troisième République, qu’« Arnaud Beltrame et Mireille Knoll sont tous les deux morts des coups de couteaux d’obscurantistes qui n’ont rien à voir avec quelle que religion que ce soit » !
Ces propos sont carrément hallucinants, lorsqu’on sait que le terroriste de Trèbes, qui se revendiquait de l’Etat islamiste, et qui fut par la suite adoubé par Daesh, a tué dans le Supermarché en criant « Allahu akbar » (Dieu est le plus grand).
Révoltant lorsqu’on sait que la vieille dame juive parisienne a été assassinée parce que, précisément, elle était juive !
Une telle myopie, un tel contresens ou une telle complaisance sous la plume d’un élu respectable sont confondants et surtout inquiétants. Et ce, d’autant que dans la suite de son discours, il s’efforce implicitement mais laborieusement de justifier son propos en se référant au principe républicain de laïcité, qui lui interdirait -es qualité – d’aborder l’explication de ces phénomènes mortifères en questionnant une religion! Tout le monde sait pourtant que là est le terreau du mal. Tout le monde, certes, mais pas lui. Du moins, feint-il de nous le faire croire…
Cette attitude de déni – politiquement correcte, il y a peu – n’est plus tolérable (admissible). Même si elle est motivée par le souci de ne « stigmatiser » personne – pour reprendre une expression à la mode – car elle est, de mon point de vue, dangereusement irresponsable au regard de l’avenir…Et bien sûr, elle énonce une proposition dont tout le monde sait qu’elle est fausse et contredite par les faits…
Qu’un responsable public, soucieux de justice et de paix civile, s’abstienne de jeter le discrédit sur l’ensemble des pratiquants d’une religion et qu’il s’attache à montrer que le radicalisme religieux est une déviance concernant une minorité de croyants, relève sans doute de son devoir ! Et c’est recevable en première analyse, car rien n’est pire que l’incitation à la haine indifférenciée.
Qu’il nie farouchement le lien avec la religion, des attentats islamistes, est une ânerie qui le décrédibilise…Quelle confiance apporter ensuite à quelqu’un dont la lucidité semble faire défaut, ou qui semble délibérément refuser de considérer la réalité telle qu’est, en la confondant avec celle dont il rêve ?
Ce type de discours négationniste est dangereux, parce qu’il fait douter de la démocratie, qui pervertirait à ce point le bon sens des élus, et parce que, dans l’ombre, les manipulateurs, les obscurantistes promoteurs d’illusions mortelles et les charlatans de toutes obédiences sont à l’affût… La charia municipale y fera son marché !
A t-il appréhendé, ce maire, les conséquences délétères de son propos » chèvre et choux »? Sûrement pas, car on dit que c’est un brave homme!