Dès potron-minet, tout est prêt pour le repas de Pâques cette année!
La table aseptisée au gel hydroalcoolique – le seul qu’on puisse consommer sans modération sur la voie publique sans craindre une verbalisation – est dressée, propre comme l’atmosphère stérile d’une salle blanche. Pas besoin de sortir les rallonges. Elle n’attend plus que ses improbables convives. Ils ne viendront aujourd’hui qu’au travers des écrans qu’on pourra si on le souhaite, poser sur la table!
Coronavirus oblige! Coronavirus impose…
Pâques ce sera quand même « jour de fête » cette année! Comme toujours. Mais d’une fête de la sobriété et de la joie « positive » réfrénée! A noter d’ailleurs qu’on parvient plus aisément à freiner sa joie et à interdire les rassemblements familiaux qu’à ralentir la progression du microbe! Exemple éloquent des bienfaits de la modernité mondialisée!
Malgré tout, conformément à la tradition, une chasse est ouverte – non plus celle « aux » œufs en chocolat, réservée aux enfants dans le jardin derrière les arbustes et les pots de fleurs. Non! il s’agit désormais d’une nouvelle chasse citoyenne, incertaine et sans merci – nous dit-on!! – au virus sino-britannique mâtiné de samba des favelas et de rugby sud-africain, mais aussi d’un affût, un brin sadique, de tous les empêcheurs de tourner en rond et asociaux notoires, qui persistent à marivauder et à se bécoter sur l’espace public, et que la maréchaussée républicaine a pour « consigne » de réprimer avec fermeté.
Pâques 2021, ce sera donc, à coup sûr, un jour de fête, celui d’une solitude saturée d’informations et d’expertises contradictoires, de transgressions tolérées mais réprimées, et de souffrance pour les malades pris en otages par tout le monde! Ce sera un jour de plus où les bavards médiatiques aux ordres du « palais présidentiel » nous sommeront d’être dociles sous peine d’amende et de nous soumettre sans chercher à comprendre à des injonctions liberticides souvent absurdes.
Un jour de plus où l’on nous prédira les pires tracasseries en cas d’insoumission, où l’on récitera avec gourmandise la litanie (pascale) des pauvres gens accablés par le virus, où l’on nous menacera cyniquement du spectre de la saturation hospitalière réelle ou arrangée et de la nécessité prochaine de trier entre ceux qu’il faudra sauver et les autres.
Un jour enfin où ceux qui disent détenir les clés de notre avenir nous accuseront de toutes les déviances pour masquer leur mépris à notre endroit et leur coupable impuissance. Et ce, quoiqu’ils prétendent en se parant avec présomption de toutes les vertus anticipatrices et en nous assurant de leur bienveillance simulée!
Bref, La chasse aux œufs – aux vrais œufs de Pâques – est reportée aux calendes grecques, comme tout le reste d’ailleurs! Pâques 2021, ce sera donc seulement un jour de « presque » fête pour les cinéphiles qui visionneront le film éponyme de Jacques Tati, en cultivant la nostalgie de leur enfance et des temps heureux.
En consolation, on regardera avec bonheur, le cerisier du jardin qui, depuis quelques jours, est en fleurs…Et dans moins de trois mois, « le temps des cerises » sera enfin revenu.
En cette année plus qu’en toute autre, ce temps-là de la floraison printanière des arbres et de la germination des végétaux est le bienvenu. Attendu. Espéré. Outre qu’il atteste que les saisons existent encore, contrairement aux prévisions cataclysmiques des prophètes de l’apocalypse climatique, il incarne la seule promesse qui vaille et que l’on consente désormais à entendre, celle d’un souffle d’espérance libératoire qui échappe aux caprices technocratiques et aux facéties infectieuses et macabres des microorganismes pathogènes.
Un temps libérateur à tous égards, tant de ce satané virus que de l’arrogance mensongère des nouveaux versaillais qui prolifèrent un peu partout dans le monde.
Cent cinquante ans après la Commune de Paris, le message du « temps des cerises » demeure vivant et roboratif. Et les cerisiers en fleurs, s’il en était besoin, nous le rappelle.
L’utopie et la générosité des Communards sont des thèmes éternels qui restent d’actualité et même d’actualité prégnante en 2021. Et la chanson de Jean-Baptiste Clément aussi.
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur ….
Joyeuses Pâques à tous
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