En principe (en toute logique) plus on va vite, plus on va loin en un temps donné, mais ça donne un peu le tournis quand on est captif d’un manège infernal. Malgré tout, en période de déconfinement et de vacances associés, il n’est pas interdit de rêver et il est rassurant de se rappeler, que, coincé chez soi, affalé dans son fauteuil, on bouge beaucoup!
Durant les deux mois où nous fûmes tenus à résidence, la terre – notre bonne Gaïa – qui se gausse comme d’une guigne des réquisitions accusatrices d’une ado scandinave qui nous somme de la sauver, a poursuivi imperturbablement son orbite autour du soleil, parcourant ainsi dans ce laps de temps plus de cent cinquante six millions de kilomètres! A quelques facéties cinétiques près, sans rapport avec l’effet de serre grétaphobe mais prévues en son temps par l’ombrageux Newton, elle a cheminé dans l’espace sans se préoccuper de nos angoisses ou des préoccupations existentielles de notre fourmilière.
Du coup, chaque année, sans même remuer un petit doigt, chacun d’entre nous parcourt, sans s’en rendre compte près de neuf cent quarante millions de kilomètres autour du soleil à une vitesse orbitale de l’ordre de trente mille kilomètres par seconde!
Face à de tels chiffres, qu’aucune loi autre que celles de la physique et de la cosmologie ne saurait encadrer ni limiter – contrairement à la vitesse sur une route départementale – on est forcément un peu pantois! Presque sidéré. Encore beau que, depuis trois ou quatre siècles, on commence à décrypter quelques ressorts théoriques d’une « vérité » cosmique qui reste, malgré tout, à élucider et qui décoiffe!
Notre bilan kilométrique individuel peut donc atteindre au compteur des scores qu’on aurait jamais imaginés même en les convertissant en euros du numéro gagnant du loto! Pour ma part, eu égard à mon grand âge qui me classe d’autorité dans la catégorie décrétée des candidats à risque létal par coronavirus de tous poils, j’ai franchi cette année mes soixante milliards de kilomètres de marathon cosmique en boucle autour de l’astre du jour.
Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que je m’essouffle un peu!
Et, pourtant j’ai fait l’impasse – par commodité – sur la distance parcourue par le soleil dans notre chère galaxie, cette « Voie Lactée » dont la traînée n’est plus guère observable à l’œil nu en raison de la pollution lumineuse de nos nuits banlieusardes et de la contamination addictive des écrans.
Mais chacun peut faire le calcul pour sa chapelle en considérant que le soleil « orbite » autour du centre de notre galaxie à la vitesse approximative de huit cent cinquante mille kilomètres par heure, entraînant avec lui, la Terre et la ribambelle de planètes de son système… et nous avec!
Mais le plus perturbant encore, c’est notre galaxie elle-même, qui se balade à deux millions de kilomètres par heure dans l’univers!
Ça donne envie de se hâter lentement et de pratiquer le vélo à une allure de sénateur en rétro-pédalant. En plus, c’est dans l’air du temps! … D’un temps invariablement « durable » et perpétuellement renouvelé, qui passe au rythme des millions de kilomètres que l’on parcourt quotidiennement en toute insouciance!
Ça invite aussi à la modestie.
Eh oui, l’univers est grand et nous sommes petits (et Woody Allen rajouterait que Dieu est mort et que lui-même ne se sent plus très bien !). Les quasi mystiques de la protection de la terre manifestent en fait un anthropocentrisme extrême et primaire. L’univers évolue en faisant des essais et des erreurs. Notre minuscule humanité sur une minuscule terre n’est pas forcément une réussite absolue et l’aboutissement de l’évolution mais il faut tout essayer ! Idolâtrer la frugalité et le « durable » revient à idolâtrer ce qui ne change pas et donc à nier toute possibilité de progrès. Pas de quoi être fier pour les Gretaistes qui se présentent comme des références de la sagesse !
Là nous sommes bien d’accord… comme (presque) toujours!
Et moi qui faisait le fier avec mes 10km/jour à bicyclette…… Comme tu dis ça invite à la modestie surtout quand l’engin utilisé est…. electrique. Demain je vais essayer d’augmenter ma cadence en me persuadant avec Nietzche que: »Tout individu collabore à l’ensemble du cosmos ». Du coup je m’en suis ouvert à Catherine ma femme qui m’a suggèré de faire mon circuit en sens inverse pour diminuer mon kilométrage cosmique….Demain je change de sens…. Merci pour tes libres chroniques que j’apprécie souvent Ton cousin jph
Merci à toi aussi de perdre tant de kilomètres – autrement dit tant d’un temps qui nous échappe – à lire mes petites divagations oniriques…
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Merci