Ce samedi 15 octobre 1938, les bruits de bottes de l’Allemagne nazie se faisaient de plus en plus menaçants. Les accords de Munich piteusement signés sous la pression d’Hitler – secondé par Mussolini, – quinze jours auparavant, le 30 septembre par la Grande Bretagne et la France, n’avaient évidemment rien résolu. Les deux grandes démocraties européennes représentées par le Premier ministre anglais, Arthur Neville Chamberlain (1869-1940) et le président du Conseil français, Edouard Daladier (1884-1970), ont rivalisé à la fois de fausse naïveté et de lâcheté.
Au nom d’une promesse fallacieuse de sauvegarde de la paix en Europe, la France et l’Angleterre ont ainsi abandonné la Tchécoslovaquie – les Sudètes dans un premier temps – à la sauvagerie nazie et aux appétits criminels et prédateurs d’Hitler, le führer démoniaque de l’Allemagne…
C’était il y a quatre-vingt un ans!
Winston Churchill (1874-1965), le vieux lion (successeur de Chamberlain) qui devint le héros de la résistance de la Grande Bretagne et de l’empire britannique, aurait dit à propos de cet épisode peu glorieux:
« Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. »
On connait la suite tragique de cet démission et ses funestes conséquences pour l’Europe et pour le monde…
Pourtant, il n’est malheureusement pas certain que toutes les leçons de cette pathétique farce diplomatique aient été comprises. Il semble même qu’elles été oubliées, lorsqu’on mesure l’impuissance aujourd’hui des démocraties, à faire entendre la voix de l’humanité, de la civilisation et de la morale face aux crimes de l’islamisme.
Les leçons du passé semblent vaines lorsque nos Etats, respectueux du droit, se limitent à de modestes réprimandes ou à des sanctions économiques qu’ils n’appliqueront qu’à reculons, à l’encontre d’un dictateur inflexible comme le président turc Erdogan. Lequel faisant fi du droit international, agresse et envahit le nord de la Syrie, son pays voisin, en vue d’y perpétrer un génocide presque revendiqué de la communauté kurde, que viscéralement il ne se cache pas d’exécrer!
Malgré tout, ce samedi 15 octobre 1938, ne fut pas qu’une journée annonciatrice de périls mortels.
Ce fut aussi une journée ordinaire qui, pour beaucoup, prit même le contre-pied du malheur en misant sur le bonheur et sur l’avenir. Ce fut le cas, en particulier, dans les familles, qui accueillirent, ce jour-là, un nouveau-né!
C’est précisément à cette date-là que dans ma bonne ville d’Angers, est née Marie-Thérèse Gallard, dernière d’une fratrie comportant déjà deux garçons, et plus connue par les lecteurs de ce blog, sous le pseudonyme de « Rose l’Angevine »!
Aujourd’hui, c’est son anniversaire et nous lui souhaitons le plus heureux et joyeux possible, entourée de l’affection de ses proches et avec ses amies.
Cousine germaine de ma mère, Rose est, depuis des décennies, une passionnée de généalogie, et à ce titre, elle est à l’origine de la plupart de mes billets sur l’histoire de notre famille…
Mais son horizon ne se limite pas à ses recherches sur nos aïeux communs. Il est et demeure beaucoup plus large, car elle cultive aussi avec soin ses relations avec nos lointains cousins d’Outre Atlantique, installés depuis des générations au Québec, qu’elle visita à plusieurs reprises…Et, elle est enfin une experte reconnue et talentueuse du patchwork!
Ce samedi 15 octobre 1938, quand elle ouvrit un œil curieux et interrogatif sur notre monde étrange et qu’elle prit pour la première fois son souffle, la météo angevine était – selon le Petit-Courrier, le quotidien local – semblable ( à peu près) à celle que l’on observe quatre-vingt et un ans plus tard…Ni chaud, ni froid, ni pluvieux, ni ensoleillé: automnal, avec le délire hystérique du « réchauffement climatique » en moins.
Hormis l’actualité internationale angoissante et les tensions en Europe et en Asie (déjà), rien de notable n’était à signaler à Angers… La ville vivait encore dans le calme d’avant la tempête, vaquant paisiblement à ses occupations habituelles, belle endormie provinciale à l’ombre de sa cathédrale, des tours de son château médiéval et de son tribunal, seulement distraite par les petits faits divers, les annonces légales, les nouvelles de l’état civil du chef-lieu et des cantons environnants, ainsi que des drames domestiques de chiens écrasés…
Sans omettre, les assemblées générales des amicales de jardiniers.
Un bonheur d’insouciance et d’inconscience du danger…
Rien de notable donc, si ce n’est, peut-être, parmi les événements sortant de l’ordinaire, un salon de la TSF qui ouvrit ses portes, ce jour-là. Salle Chemellier tout près de la mairie d’Angers. C’est justement là que le père de Rose dut se rendre, ce samedi, pour déclarer l’enfant à l’Etat civil! Il n’est pas douteux qu’à cette occasion Michel Joseph Gallard fit un « court » détour par le salon, car c’était un homme de progrès, fasciné par la radio et les transmissions par les ondes.
Ce n’est cependant que dans l’édition du Petit Courrier datée du lundi 17 octobre 1938 que la naissance de « Rose » fut mentionnée, mais de telle sorte que la méprise était permise sur la date exacte de l’accouchement…
En regard de la liste des bébés du jour, un encadré annonçait la projection au cinéma Le Vauban sur le boulevard Foch, d’un film Paramount de 1937 : « Une étoile est née ».
Juste et opportune observation!
Coïncidence?
En tout cas, une annonce en phase avec les circonstances, à moins que ce ne soit le vœu d’une fée bienveillante! Sûrement un présage sympathique et une perspective prémonitoire du destin de Rose !
Les étoiles scintillent!
PS: Pour moi qui suis parvenu à l’automne de ma vie, mais peut-être pas encore au crépuscule, ce jour du 15 octobre renvoie en outre à certains de mes plus lointains souvenirs, enfouis par un demi-siècle d’amnésie… Des souvenirs qui évoquent irrésistiblement » les Passantes » de Georges Brassens…
Allez savoir pourquoi!
Bonjour , même jour que ma fille et que le professeur Pellerin . Bien amicalement . Gérard .
Bonjour à tous. Merci Jean-Luc de cette évocation… Je ne savais pas qu’une étoile était née du côté du cinéma Vauban que grâce à ma mère Germaine Gallard – Turbelier j’ai fréquenté beaucoup plus tard.
J’habitais donc au 12 promenade de la Baumette, Mon père déjà blessé en 1918 et pensionné repartit comme les autres en 1939, en tant qu’officier de réserve. En janvier 1940, sa mère née Marie-Joséphine Papin décéda subitement. C’est ainsi que mon frère aîné âgé de 19 ans dut aller déclarer son décès et rechercher mon père qui se trouvait sur le front. Celui-ci n’arriva que 48 heures après l’enterrement. Mais mon frère, jeune et bouleversé du fait qu’il avait été élevé par nos grands-parents, avait même oublié les noms et prénoms des parents de notre grand-mère d’après la rédaction de l’acte.
Trop près de la Maine et de ses débordements, en pleine campagne, mes parents décidèrent, par sécurité, pendant le court temps imparti de la permission, de déménager au 7 chemin des Musses. Quelques photos ont été prises à l’époque, mon père en tenue de militaire. A l’époque la passion était plutôt celle de la photo et pas encore de la TSF.qui advint plutôt pendant l’occupation, cause les postes à galène.pour capter Radio Londres.
Ma mère se retrouva seule avec nous trois. Le patron de mon frère aîné, horticulteur,(Delaunay ou Détriché mes souvenirs s’emmêlent) dut, lui, fermer son entreprise et mon frère Joseph, devenait donc sans emploi. Il fallait néanmoins payer la pension des parents de ma mère qui avaient esté en justice pour cela (condamnation identique pour les grands parents de Jean-Luc qui habitaient juste en face des grands-parents maternels).. Une des sœurs de Maman, Marie en l’occurrence, je n’hésite plus à le mentionner car j’en détiens les preuves, ne manqua pas d’envoyer un huissier dès le lendemain du re-départ de mon père à l’armée. Chacun se mit au travail pour arriver à boucler les frais. C’est ainsi que Maman et mes frères travaillèrent à domicile pour emplier des papiers à cigarette (Job je crois l’avoir entendu dire). Mon frère aîné reprit ses études et, muni de ses deux brevets de l’époque, devint instituteur privé à Saint-Serge (et ainsi évita le S.T.O.).
C’est aussi à cause de tout cela que la famille se fissura, surtout chez moi. Toute une génération est disparue maintenant- voire deux. Mon père décédé le 31 octobre 1962, d’un œdème pulmonaire, avait répété « qu’il dispensait ses belles-sœurs d’assister à sa sépulture ». Maintenant, j’en souris encore car je vois encore les grands voiles de deuil cousus par Adrienne, ta Maman, Jean-Luc, sur les « galurins » de nous les femmes. C’était encore la mode. « Les tantes » comme on disait chez moi, arboraient aussi ses grands voiles comme les autres. Cela m’agaçait déjà de m’habiller des pieds à la tête en noir d’où vient sans doute mon horreur de’cette couleur.
A l’heure actuelle, on parle beaucoup du voile… et je ne puis qu’évoquer les modes des chapeaux obligatoires dans les églises, les voiles de deuil… C’est heureusement chez nous du passé.
Merci pour ce passionnant commentaire « d’ambiance » d’une époque désormais révolue. Et ce, à de nombreux titres.
Pour l’histoire, il fallait rappeler toutes ces tracasseries d’antan, malheureusement classiques dans toutes les familles, dont évidemment la véracité et le caractère douloureux ne soulèvent aucun doute, mais que personnellement, je n’ai pas vécues et n’ai connues que par ouï dire… (et le plus souvent chuchotées).
Bon anniversaire Rose l’angevine qui apporte beaucoup d’éléments aux différents événements que relate Jean Luc dans ce blog qu’on se régale toujours à lire. J’apprends qu’elle est comme mon épouse une adepte du patchwork qu’elle pratique dans un club justement cet après midi !
Merci pour elle, vieux frère, et merci pour moi aussi! Tu auras noté que Rose est née le même jour que notre bon professeur Pellerin que rien n’arrêtait! Mais pas la même année.