Serait-il revenu « le temps des cerises »?
Et avec lui, les merles moqueurs … mais sans les gais rossignols disparus de nos régions et remplacés par des moustiques!
Il y avait un cerisier jadis dans le jardin de mes parents au 6 bis de la rue de Messine à Angers (toujours Angers comme figure imposée). Peut-être y est-il encore!
C’était probablement l’arbre le plus proche de la maison à la limite de la cour après la véranda… Mais la mémoire est décidément trop sélective, car je ne sais plus le goût de ses cerises-là! Ni même si le cerisier était, chaque année, identiquement prolifique ou délibérément capricieux, comme le sont souvent les arbres greffés, ceux de ces variétés subtiles qui font la fierté des arboriculteurs et suscitent l’envie des amateurs ingénus. Mais qui trop choyés sans doute, végètent dans les jardinets…
Dans cette catégorie des arbres imprévisibles parce que trop prévisibles, je me souviens assez précisément de cet abricotier qui prospérait le long de l’allée menant au poulailler près de la clôture du voisin. Il était, lui, quasiment stérile. Il ne consentait guère plus d’une saison sur dix, à nous créditer d’une floraison précoce et abondante, et plus rarement de quelques fruits rescapés des Saints de Glace.
S’ils parvenaient à échapper au génocide climatique et aux colonisations d’insectes printaniers, les abricots étaient délicieux… Du moins, disait-on! Meilleurs même que si nous les avions réellement dégustés, car rien n’atteste que ce lointain migrant transplanté d’Asie centrale se soit réellement acclimaté dans nos provinces de l’Ouest, et que dans ce jardin d’Eden où nous batifolions, enfants, il n’ait eu d’autre fonction qu’existentielle. Exister pour témoigner, c’est déjà bien si l’on considère que la fructification est juste un luxe ou un privilège.
Pour le cerisier, c’était bien différent…Peu importe, au fond, les récoltes d’abondance – toujours bienvenues néanmoins – de drupes rouges et charnues à noyau! Peu importe, car chez nous, la symbolique l’a toujours emporté sur la botanique.
On se régalait autant des saveurs des cerises que des espérances révolutionnaires qu’elles incarnaient…
J’ignore si, l’âge venu, cet axiome demeure valide!
J’en doute un peu, même, si comme l’observe Marceline Loridan-Ivens en citant Oscar Wilde dans son ultime et touchant ouvrage:
» Le drame de la vieillesse, ce n’est pas qu’on se fait vieux, c’est qu’on reste jeune ».
Pour moi, le jour du Grand Soir n’est effectivement plus guère une option crédible, d’actualité en tout cas, alors que la saveur des cerises fait toujours saliver! Et j’en profite.
PS: L’ouvrage de Marceline Loridan-Ivens ( 1928-2018) : » L’Amour après »
Ah oui ! dans ton jardin…. je n’ai plus de jardin ni de cerises ! et cette année dans les supers magasins, elles sont très chères et, manipulées, deviennent invendables ! Mais, Il me souvient de cette chanson évoquée lors de la messe de sépulture de ton papa je crois au début ?
J’approuve. Merci