Rose l’Angevine, quasi-coauteure de ce blog; en tout cas, une de ses principales inspiratrices et correspondantes, et la plus fidèle de ses lectrices, doublée d’une généalogiste érudite de la famille, vient de m’adresser deux cartes de vœux échangées par ces parents en 1917.
- Lui était sous officier en guerre sur le front français; il s’appelait Michel Joseph Gallard (1896-1962).
- Elle travaillait au Crédit Lyonnais à Angers et s’appelait Germaine Eugénie Turbelier (1896-1990).
Elle était une des premières angevines à exercer un métier de bureau dans une banque. C’était aussi une des sœurs de mon grand-père maternel.
Pour clore cette année 2018, celle du centième anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre, et aborder la suivante, quoi de plus approprié que de reproduire ici, ces deux émouvants témoignages de vie et de tendresse! Et d’espoir aussi, au-delà des vicissitudes d’une actualité souvent préoccupante, voire oppressante. Leurs serments demeureront toutefois du domaine de leur intimité…
Ces deux êtres misaient sur leur amour pour s’isoler du fracas assourdissant des armes et triompher de la mort omniprésente. Ils eurent la chance d’y parvenir. Ils se marièrent et eurent trois enfants…
…dont une petite dernière, Marie-Thérèse, dite Rose!
Très jolies pièces de collection ?
Non pas une collection constituée par moi, simplement les souvenirs dus à des cartes postales pieusement conservées par ma mère depuis la guerre 14-18 et même l’occupation en Allemagne en 1919. Ceci m’a permis d’être la détentrice de la mémoire familiale et ma nièce Françoise F. (qui parfois commente ici) a tenu à me restituer d’autres cartes envoyées par mon père à mes grands-parents paternels. J’ai donné la consigne à mes fils qu’à ma disparition, tout doit être donné aux Archives Départementales 49. Ceci permettra à tous les descendants ou chercheurs futurs d’en faire une thèse !
La correspondance au dos de ces deux cartes permet de savoir que la première a été envoyée le 30 décembre 1916 par ma mère à son fiancé bien aimé., La deuxième a été envoyée le 30 décembre mais en 1917 par mon père à sa chère petite Maimaine bien aimée. A la fin de 1916, ma mère, très pieuse, demandait pour son fiancé « au Petit Jésus de la crèche d’accorder tous ses bienfaits, qu’il vous garde longtemps près de vos parents et de votre petite fiancée ». Elle ajoutait « vous direz bien des choses de ma part à vos parents et vous les embrasserez bien pour moi en leur souhaitant une bonne année et une bonne santé ».
Le 27 décembre 1917, ma mère qui ne fut jamais en retard durant toute sa vie, pour souhaiter les fêtes et les anniversaires, avait déjà fait parvenir une autre carte de la même veine ; Sur le dessus, on peut y lire :
« A la voix du canon, une autre année se lève, apportant le bonheur promis à notre rêve ».
Un an après, mon père regrettait que sa carte ne puisse arriver à temps, il n’avait eu le temps d’écrire qu’à la hâte un petit mot. Lui aussi, très croyant, « prie le Bon Dieu qu’il vous conserve la santé et qu’il vous conserve à mon affection et que cette affection qui nous anime soit sans cesse grandissante. Nous le prierons tous, pour qu’il nous accorde en cette année nouvelle la délivrance de ce fléau qui nous accable tous. Je le prierai avec la confiance qu’il nous exaucera et nous accordera le bonheur de nous retrouver tous sains et saufs avec la joie de de ne plus sentir la menace de cette épée qui est à l’heure présente suspendue sur notre tête. »
Émouvante correspondance que j’espère mon petit-fils, de 13 ans1/2, Johlan pourra lire, lui qui a pris le soin d’apprendre le poème que j’ai rédigé il y a quelques années « A mon père ». Il en a pleuré et a fait pleurer son papa et moi, sa grand-mère, ce dernier Noël, où on avait prévu de privilégier la chanson québécoise !
Merci des renseignements bien amicalement .
Bravo pour ces précisions… A noter que le frère de « Maimaine », Alexis Turbelier (1897-1918) fut tué dans les offensives allemandes du printemps 1918… Cet épisode tragique a été longuement développé dans ce blog au cours des années précédentes.