Le 6 novembre aux Sables-d’Olonne, les concurrents du « Vendée Globe » ont pris la mer. Dans cette course en solitaire, sans escale et sans assistance, il n’y a pas de place pour les « capitaines de pédalo ». La compétition, rude et périlleuse est en effet hors de portée des amateurs de bain de mer et autres dragueurs, scootéristes gominés de plage!
En général, à peine larguées les amarres et franchi le chenal de sortie du port, tandis que le feu de la tour d’Arundel et les phares de l’Armandèche et de la Potence s’éloignent, les skippers sont pris à la gorge, confrontés d’emblée à une mer souvent houleuse, qui déjà leur annonce les mauvais tours qu’elle leur jouera plus tard sur les divers océans du globe …
Mais, en cette année 2016, les intrépides navigateurs eurent plutôt de la « veine » car les conditions météo anticycloniques – de l’avis de tous – « exceptionnelles », leur permirent de filer sans trop d’encombres vers le cap Finisterre au nord-ouest de l’Espagne et d’atteindre les côtes du Portugal en un temps record…
C’est ainsi que ce mercredi 9 novembre au petit matin, tout allait bien à bord ! Encore bien, devrait-on dire! Et partout sur « les ondes » de surcroît. Le leader de la course s’apprêtait même à franchir une dorsale anticyclonique, dernier obstacle avant de se laisser porter par les alizés jusqu’au redouté Pot-au-Noir cette fameuse zone d’instabilité météorologique intertropicale de l’Atlantique Nord!
Des difficultés se profilaient donc à l’horizon. Mais prévisibles et plutôt pour les prochains jours entre la pointe de l’Afrique et le Brésil, juste avant de prendre le cap de l’Atlantique Sud!
Telle était la situation sur la mer, quand toutes les radios du monde annoncèrent aux environs de cinq heures AM au méridien de Greenwich qu’un vent mauvais provenant d’Amérique, soufflait sur l’ensemble de la planète! Un coup de froid qui défiait toutes les prévisions et infirmait les pronostics : Donald Trump, l’homme que la plupart des mères et femmes de France n’auraient pas voulu pour amant ou pour gendre, était sur le point d’être élu Président des Etats Unis d’Amérique…
Stupeur et tristesse! En quelques minutes, l’Europe et le Monde s’apercevaient avec effroi qu’un séisme politique sans précédent s’abattait sur la planète, comme si, soudainement le paisible et bienveillant Gulf Stream avait définitivement déserté les eaux de l’Atlantique sous l’effet d’un dérèglement climatique accéléré, et qu’il faudrait désormais faire son deuil des mimosas de février sur l’île de Noirmoutier!
Tout s’était passé comme si, ramené subitement aux seuls effets de la latitude, on se retrouvait livré aux rigueurs de la froidure newyorkaise en hiver…Voire aux périodes glaciaires des ères géologiques!
Qui aurait pu se douter du côté de la vieille Europe que la toujours jeune « démocratie américaine » allait, de façon si imprévue, sinon imprévisible, bousculer toutes les convenances et accoucher d’un quarante-cinquième président des Etats Unis, la mèche en laminoir, qui soit à la fois hâbleur, menteur, raciste, xénophobe, provocateur, sexiste et, en plus, vulgaire et grossier? Et pour couronner le tout, un jeune vieux consommateur de poupées Barbie…
Comment aurions-nous pu imaginer qu’une démocratie aussi rodée et souvent présentée comme exemplaire, ait pu aboutir à une telle incongruité au regard, en tout cas, des principes qui nous animent, ceux des Lumières!
Vinrent alors les questions! Cette monstruosité électorale aura-t’elle l’heur de nous vacciner contre ce type de dérive, alors que, de droite et gauche, des signes inquiétants d’obscurantisme intellectuel, de régression civilisationnelle et de pensée étriquée déjà nous alertent sur nos propres terroirs? Pas sûr! Saurons-nous éviter que les forces obscures et l’énergie noire, jusqu’alors silencieuses et insondables mais à l’oeuvre à l’instant opportun, comme elles le furent dans les années trente du siècle dernier, ne nous aspirent vers la tragédie? Nos amis américains sont en première ligne, nous semblons vouloir les suivre… Mais le pire n’est pas toujours le plus probable.
Heureusement que les avis de tempête n’aboutissent pas systématiquement à des naufrages! Mais pour s’en sortir sur les mers en furie – et sauver la République – il vaut mieux qu’à la timonerie, le maître à bord ne soit ni un pirate, ni un vieillard podagre et amnésique, ni un « capitaine de pédalo »! Il ne suffit pas de se dire « lucide » et « vigilant », pour savoir lire les cartes et tenir la barre avec maîtrise au milieu du tumulte. Les skippers du Vendée-Globe ne seront pas dispo d’ici au moins trois mois. Il faudra faire « sans »!
Je ne sais pas si l’on peut comparer les situations mais un point clef qui se retrouve partout est la faible écoute des peuples par les dirigeants. Bien sur ils font des sondages en permanence mais je soupçonne que c’est simplement pour pouvoir ajuster leur discours pour dire aux électeurs ce qu’ils ont envie d’entendre et pour rechanger le discours au moindre revirement (bref le populisme dans toute son horreur). Il est frappant de voir qu’à sa précédente défaite la droite s’est refusée obstinément à faire un bilan et à engager une réflexion de fonds (et sans tabous) sur ce qu’il faudrait faire la prochaine fois. On se dirige maintenant vers une défaite de la gauche et l’on peut parier qu’elle fera de même en refusant bilans et remises en causes significatives. On ne peut pas continuer comme cela. Si aussi bien droite que gauche adoptent des méthodes populistes, il n’est pas étonnant qu’encore plus populiste qu’eux finisse par gagner.
Bis repetita placent! On est d’accord…
Envoi d’une amie québécoise qui recommande l’article suivant :
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/patrick-lagace/201611/09/01-5039367-trump-president-ce-nest-pas-surprenant.php
Autre envoi de la même amie… eux non plus n’avaient pas vu venir la tempête même si les sondages ne se font pas de la même façon aux USA qu’en France :
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/yves-boisvert/201611/09/01-5039351-le-miroir-fluo-du-declin.php
Le Maire de Montréal, Mr Coderre, lors d’une réunion, a dit :
« Tout le monde est surpris, je tenais juste à souligner qu’aujourd’hui c’est le 27ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin ».
Tandis que Alain Juppé, maire de Bordeaux, avant d’évoquer du bout des lèvres l’élection américaine, a voulu rappeler l’anniversaire de la mort de Gaulle le 9 novembre 1970 et celui de la mort de Chaban-Delmas le 10 novembre 2000.
Merci pour tous ces commentaires et précisions.