Chaque début d’année obéit à des rituels…Outre les cérémonies de vœux, auxquelles chacun se soumet sans mauvaise grâce, dès lors qu’il y a un pot à la clé, c’est le temps des bonnes résolutions que l’on s’empresse généralement d’oublier dès février. Et même avant souvent! Ce qui est vérifié à l’échelon individuel l’est encore plus collectivement. D’ailleurs, l’époque est à la « précaution » et, en toute logique, personne ne devrait plus s’enfermer dans des promesses hasardeuses et trompeuses, ou dans des engagements solennels et tapageurs! Même en Haut Lieu sous les ors républicains hérités de la monarchie, on devrait avoir compris que la « galerie » ne s’amuse ni ne s’abuse plus des effets de manche ou des larmoiements compassionnels dictés par des cohortes de communicants, zélotes attentionnés des petits seigneurs gominés qui nous dirigent!
Néanmoins, car c’est la tradition, il faut bien que ces messieurs dames disent ou fassent quelque chose. A tout le moins qu’ils simulent avec autorité et « gravité » un certain empressement à servir le peuple! En ces temps troublés, on ne leur pardonnerait pas la désinvolture. On attend d’eux, même si on n’y croit pas, qu’ils affirment leur détermination de façade à combattre les fléaux qui nous assaillent. Leur credo à l’usage des naïfs ne peut donc être que de s’attaquer vigoureusement au chômage de masse qui gangrène nos sociétés, en passant sous silence le fait qu’ils aient grandement contribué à l’installer durablement dans le paysage. Il doit être également de garantir la sécurité des citoyens – « première des libertés fondamentales » – face à une barbarie et un obscurantisme religieux, dont ils ont favorisé la fermentation et l’expansion au sein de nos banlieues jusqu’au cœur de nos prisons, par faiblesse d’âme, crainte coupable de « l’amalgame », par myopie ou aveuglement géopolitique ou même par complaisance électorale.
Le discours est désormais bien rôdé et sera répété à plus soif tout au long de janvier. Aussi n’y reviendrai-je pas! On verra ensuite ce qu’il adviendra de ces propos circonstanciels, faute, le plus souvent, d’être circonstanciés… Sans trop vouloir jouer les Cassandre, on ne serait pas, outre mesure, étonné – justement – de ne rien voir. Plus exactement de ne rien voir d’autre, faute d’imagination de nos mandataires, que de nouvelles ponctions fiscales pour abonder le financement de cette lutte « implacable » qu’exigent ces nobles causes !
Depuis toujours, c’est-à-dire, en fait, depuis que je m’intéresse un peu à la « chose publique », plusieurs marronniers ponctuent la vie collective en début d’année : c’est le cas des soldes du « blanc » dans le domaine commercial, mais aussi, au niveau politique, du serpent de mer de l’apprentissage, et des augmentations des taxes que nos gouvernants estiment plus faciles à faire digérer après la trêve des confiseurs… C’est aussi le cas des distributions de « Légions d’Honneur », qu’on assimile de plus en plus fréquemment à des médications antalgiques, à des pansements apaisants ou à des solutions anesthésiantes à usage unique pour les victimes innocentes du terrorisme, qu’on n’a pas su protéger efficacement! Ces malheureux sont ainsi décorés à moindre coût, presque pour solde de tout compte. De quoi devraient-ils se plaindre alors qu’ils se retrouvent promus, le temps d’une publication au JO – parfois à titre posthume – aux côtés des autres bénéficiaires de cet Ordre prestigieux, à égalité avec les dignitaires du régime, les célébrités poeple du sport et de la « culture », les haut-fonctionnaires « contractuellement » attributaires de médailles, ainsi que la clientèle courtisane et disciplinée des pouvoirs en place? Pauvres victimes, disparaissant une seconde fois, sous des avalanches de fleurs artificielles…
Parmi les autres annonces récurrentes du début d’année, il y en a une qui fait le délice des connaisseurs : c’est celle du choc de simplification destiné, en principe, à faciliter les relations entre l’administration et les citoyens, ou à accélérer les procédures…Vœu en forme d’ardente obligation, toujours placé dans les harangues ministérielles ou présidentielles, jamais gagnant!
On en rirait presque, tellement chacun sait d’expérience que toute tentative de simplification depuis un demi-siècle s’est systématiquement soldée par un échec… Mieux même, elle a, dans la plupart des cas, contribué à densifier et compliquer les dispositifs juridiques et administratifs existants, objets de son attention!
Ce « choc de simplification », qu’aux variantes sémantiques près, tous les gouvernements brandissent comme une panacée – figure parmi les plus amusantes escroqueries intellectuelles des dernières décennies…
A cet égard, la star du moment, c’est le Code du travail. Mais les connaisseurs savent que l’antienne n’est pas nouvelle à son propos, et que des escouades de fonctionnaires de toutes générations, se sont attelés à cette tâche d’allègement et de clarification – à droit constant – des dispositions réglementaires sans parvenir à faire l’économie d’une virgule. Le résultat est éloquent: le volume du Code du Travail a pratiquement décuplé en un demi-siècle et s’est transformé en un labyrinthe quasi inextricable de mesures réglementaires et administratives! Dans les parties de ce code qui me sont plus familières, je sais par la rumeur, que cette complication s’intensifie encore, sous la prétendue impulsion de directives européennes!
C’est dire ! Tout semble se passer comme si un esprit malin s’échinait à contrecarrer les déclarations des leaders politiques, jusqu’à coloniser leurs propres cerveaux en les incitant à agir à l’opposé de ce qu’ils préconisent publiquement. Par timidité ou par peur, sans doute!
Face à cette engeance, la question se pose de savoir si l’objectif est raisonnable et sensé!
Il est difficile évidemment d’apporter une réponse définitive et globale à cette interrogation… Mais il est néanmoins possible de mettre en avant certains exemples de notre histoire contemporaine, où des dirigeants d’exception sont parvenus à « faire bouger rapidement les lignes » en ne s’encombrant pas de procédures inutiles!
Ainsi en est-il – parmi d’autres cas – de la création du Commissariat à l’énergie atomique par le Général de Gaulle en 1945!
Convaincu qu’il était de l’intérêt supérieur du pays de disposer rapidement d’un organisme d’Etat chargé de promouvoir l’énergie nucléaire civile et militaire, le chef du premier gouvernement provisoire de la République, adresse le 16 octobre 1945 une note manuscrite de sept lignes au vice-président du Conseil d’Etat pour lui demander d’examiner « en urgence » un projet d’ordonnance et de décret instituant le CEA! Et le 18 octobre 1945 – soit deux jours plus tard – il signait l’ordonnance créant le Commissariat à l’Energie atomique, sans violer les institutions d’alors! Bel exemple de simplicité procédurale.

Fac-similé de la lettre du général de Gaulle au C.E. – Don que m’a fait mon ami le Pr. Pierre Pellerin (1923-2013)
A noter que le CEA qui accueille en permanence depuis 1945, les meilleurs scientifiques français et internationaux du domaine nucléaire et qui fut à l’origine des premiers réacteurs français, a, en 2010, associé à son nom originel, les « énergies alternatives » comme pour mieux « diluer » la part du nucléaire en voie de discrédit au sein de ses activités! Recherche d’un effet d’aubaine ou repentance honteuse d’une histoire exemplaire?
Que dire de plus? Que le personnage de « De Gaulle » était d’un calibre hors norme, comme il l’a encore démontré par la suite! Et qu’on a le sentiment que le moule qui, autrefois, pouvait produire de tels responsables pour le service du pays, est désormais brisé! Il ne nous reste que de médiocres stratèges au courage défaillant, d’habiles procéduriers, et d’opportunistes tacticiens qui ne savent guère jouer qu’au Monopoly et qui ne se déterminent qu’en fonction de leurs ambitions personnelles…Confondant de surcroît, la ruse, le mensonge et le cabotage au fil de l’eau avec une vision d’avenir propre à fournir un cap enthousiasmant à un peuple en quête de sens.
La première des priorités d’un pouvoir étant de se perpétuer, la simplification, qui n’est rien d’autre que l’allégement du pouvoir est évidemment exclue. Quant aux dirigeants d’exception, ils se comptent par unité et par siècle dans le monde entier. La véritable démocratie ne doit pas avoir besoin de dirigeants d’exception mais elle a besoin d’un peuple qui soit à la hauteur. Dans le cas contraire le peuple produit les dirigeants qu’il mérite.
Je pense qu’il faut aussi des personnages d’exception et courageux pour guider un peuple qui sache en permanence reconstituer le vivier de ses dirigeants d’exception! Le peuple livré à lui-même n’obéit qu’à des instincts grégaires et subalternes… De médiocres responsables amplifient cette dérive naturelle.
Un dirigeant d’exception est bien sur toujours bon à prendre mais fait il autre chose qu’une parenthèse dans une tendance inexorable ?
Evidemment la question de fond est de savoir comment inverser la tendance!
Je suis moins pessimiste que toi sur le peuple livré à lui-même. A long terme la trajectoire de l’humanité n’a pas été si mauvaise Même s’il y a des rechutes, la barbarie est plutôt en recul. Il est certainement vrai qu’à l’échelle de l’individu les moteurs des actions sont assez subalternes mais si l’on change d’échelle, il peut y avoir des phénomènes d’émergence et le subalterne de l’échelle individuelle donne le grandiose de l’évolution de l’humanité ! Le tout n’est pas seulement la somme des parties. Après tout, nous ne sommes que des ensembles de cellules qui coopèrent, qui elles-mêmes sont des sacs de protéines en interaction qui ne sont certainement pas guidées par de nobles desseins !
Dent dure pour un début d’année !
Je dirai simplement que chez moi le Noël un peu différé fut ponctué entre dessert et café par « la MARSEILLAISE » chantée par mes trois petits-enfants qui ont surpris (ce n’est pas un rituel) deux invités de dernier moment : un franco-québécois revenant de presque 20 ans d’émigration dans notre beau pays et son épouse mexicaine parfaitement trilingue. Je n’ai pas oublié de chanter à la demande de mon aîné, la vieille « CHANSON DE L’EUROPE » (lors de sa sortie… cette dernière n’existait pas encore) et bien entendu, en l’honneur de nos ancêtres de tous bords : « LE MOUCHOIR DE CHOLET » conçu par Théodore Botrel. Jadis, j’ai appris d’ailleurs que c’était le chant préféré de notre tante Juliette Turbelier..
Depuis l’hommage national aux tués du 13 novembre, j’ai laissé sur ma fenêtre côté rue, en dehors du drapeau québécois, notre drapeau fabriqué et scotché avec du tissu de « patchwork ! une photo de pompiers de Corrèze et un camion de ces bénévoles, pour la plupart, dans nos départements. J’étais la seule dans le quartier à avoir sorti un drapeau français… fallait-il en avoir ! et parfois on jette un curieux regard sur ma fenêtre ! Mais je résiste !
Sortira-t-il dans ma descendance un personnage d’exception ? Les adultes pour l’instant font ce qu’ils peuvent avec leurs atouts et leurs métiers. Les jeunes auront au moins appris l’amour de notre beau pays si bouleversé l’an passé. Ils ont appris, même à l’école pour les deux plus grands, la liberté de la presse et ont défilé en janvier dernier…
Bonne année tout de même et à bientôt une mise en valeur de « nos ancêtres d’exception » qui ont encore échappé à notre vigilance !
Dure mais juste, à un moment où justement l’on augmente les taxes sur les mutuelles, nécessaires pour se faire soigner correctement les dents…Merci pour ce témoignage en « live » des festivités de fin d’année en région nantaise!
Juste une parenthèse : Les mutuelles augmentent tous les ans et cette année les entreprises sont quasiment toutes obligées d’offrir la moitié des mutuelles à leurs employés, l’autre moitié étant payée et déduite sur bulletin de salaire par le salarié sauf certaines exceptions. Lors de la retraite ou du licenciement, certaines mutuelles vous offrent 3 ou 6 mois de prise en charge après il faut en retrouver une autre et pour avoir connu ce cas-là ce n’est pas aisé de retrouver les mêmes droits. …