A me relire – ça peut m’arriver! – je me rends compte que mes pérégrinations dans le temps sur les trottoirs de la rue Desmazières à Angers s’apparentent de plus en plus à une sorte de saga familiale, celle » des Turbelier ». Mais également celle de leurs « alliés » comme on écrivait autrefois sur les notices nécrologiques, et, dans la foulée, celle de leurs voisins. En effet, sous le prétexte d' »agacer » gentiment les mânes de mes grands-parents et de mes arrière-grands-parents maternels, qui vécurent ici, c’est toute une parentèle, parfois oubliée, qui se manifeste. Et, au-delà d’elle, c’est le petit peuple d’un quartier de province au siècle dernier, qui surgit, presque par effraction, de mon théâtre d’ombres. Ainsi réinvestissent, à tour de rôle, la scène, le ferblantier de « chez Bessonneau » broyé par la crise des années trente qui devint flic municipal ou le clerc de notaire qui occupait ses loisirs en jouant les comiques troupiers dans la compagnie paroissiale…Apparaissent également l’ouvrier-parapluier vieillissant qui, chaque hiver jusqu’en 1910, installait son braisier de marrons grillés à l’angle de la place de la Madeleine, ainsi que mes grandes tantes, « petites couturières » à façon, rivées sur leur machines, qui, vieilles filles ingénues, rêvèrent jusque dans leur grand âge de princes charmants d’opérettes à quatre sous, et d’as du Tour de France…S’extrait enfin épisodiquement de son fauteuil de grabataire l’ex-épicière-bistrotière, aveugle et édentée, du « 16 », mère d’un jeune musicien talentueux, « mort pour la France » en 1915, dont la dépouille ne fut jamais retrouvée. Et bien d’autres…
Tous étaient habitants du même quartier d’Angers. Sans compter les mineurs et carriers de la rue Souche-de-Vigne, fendeurs d’ardoises bretonnants, flanqués de leur recteur importé directement du Finistère, qui officiait dans une chapelle de la rue du Haut-Pressoir, non loin de la Tour du Diable! Tout un programme…
Ce quartier où j’ai moi-même vécu une grande partie de mon enfance, c’est celui de « la Madeleine » au siècle dernier avec ses notables cléricaux, son église basilique et son patronage, ainsi que ses communautés de bonnes sœurs à cornettes. Jusque dans les années soixante, les poilus survivants de 14-18 y défilaient à l’occasion de chaque onze novembre, fanfare, drapeaux et gueules cassées en tête! Tous multi-médaillés d’une République qui les avaient envoyés au casse-pipe, sans finalement trop savoir pourquoi. En tout cas, eux, consacrèrent le restant de leur existence à rechercher les bonnes ou mauvaises raisons qu’ils avaient eues d’en découdre avec des gars juste un peu plus blonds qu’eux, qu’ils ne connaissaient pas!
Mon quartier, ce sont aussi ces lieux singuliers, parfois inattendus où tous ces personnages se croisaient, s’amusaient, se querellaient et peut-être aussi s’aimaient avant parfois de se chicaner. Toujours avec une certaine pudeur, voire retenue, mais sans nécessairement « se faire de cadeau ». J’ai connu certains d’entre eux qui m’ont serré dans leurs bras. D’autres, je ne les ai côtoyés qu’au détour de ce qu’on m’en racontait, au travers d’épisodes de leurs vies, d’anecdotes ou de faits d’armes qui les auraient mis en valeur. Parfois, leur souvenir ne laisse aucun regret, comme cette « Nathalie » logeuse de mes grands-parents, dont on m’a toujours dit grand mal, me rapportant unanimement qu’elle était laide, malveillante et acariâtre. Bien que ne l’ayant jamais aperçue, elle a influencé et même sûrement hypothéqué – à son corps défendant – mes relations futures avec toutes les « Nathalie » croisées par la suite, en qui je voyais forcément une sorte de réincarnation de la sorcière mythique du rez-de-chaussée du 20 rue Desmazières.
Ces histoires ou ses légendes qui animaient les soirées en famille constituent aujourd’hui un patrimoine mémoriel… Je m’y accroche, comme à un refuge, doutant toutefois qu’il franchisse la barrière des décennies. Je crains qu’il ne connaisse même pas l’insigne honneur d’être recyclé un jour dans un vide-grenier saisonnier, dont raffolent ceux qui s’ennuient le dimanche !
Quoiqu’il en soit, certains de ces endroits où ma mémoire aime à s’attarder les jours de blues, sont encore aisément identifiables. La plupart même, le sont, pour qui sait voir au-delà des crépis rénovés. D’autres ont disparu, ou se sont, à ce point, transformés que l’imagination peine à les reconstruire dans leur état et leur statut d’antan. Leur mutation a eu raison de leur histoire et les années ont gommé leur identité. Pour ceux qui les regardent encore, ils n’expriment plus alors que le destin tragique de la condition humaine soumise à l’impitoyable lessivage du temps… On a beau se dire que c’est conforme au second principe de la thermodynamique et de l’entropie croissante d’un univers en expansion depuis quatorze milliards d’années, la vie semble vraiment triste quand elle s’effiloche sensiblement et irréversiblement!
Le Jardin Fruitier de la rue Desmazières, qui fut le « Jardin des délices » d’au moins deux ou trois générations de « descendants de Turbelier » , dont la mienne, nous ramène à cette réalité. Personne ne nous en a chassé, sauf le temps. Les pommes que nous y avons croquées provenaient simplement du verger. S’il conserve quelques apparences de ce qu’il fut et si les noisetiers presque séculaires ont été partiellement préservés, le petit square dans lequel nous jouions enfants en ramassant les noisettes sous l’œil bienveillant de notre grand-mère, n’est plus guère qu’une cour et une allée bituminées, devenue l’antichambre d’une moderne salle de musculation et le chemin balisé vers une maison médicalisée pour « vieillards » dépendants.
En fait le « Jardin Fruitier » n’a pas échappé à la transformation et à la banalisation du quartier de la Madeleine que rien ne distingue plus des autres quartiers d’Angers. Pleinement intégré à la ville, il en a certainement tiré avantage mais en contrepartie il a perdu une partie de sa personnalité…C’est dans l’ordre « normal » de l’évolution et il n’y a pas nécessairement à s’en plaindre ! Comme l’observait avec philosophie et sagesse Jean Jaurès, sujet de mon précédent billet, » c’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source ». Ce serait par conséquent une folie de refuser avec entêtement l’érosion des choses et des êtres, au seul motif que l’avenir n’aurait pour seul projet que de reproduire indéfiniment le passé… Je ne nourris pas cette nostalgie et je n’ai pas la religion du statu quo, mais il n’empêche que je suis de ceux qui estiment qu’il n’y a pas de mal, à verser de « temps en temps », une petite larme sur un monde disparu. Surtout lorsqu’on a le sentiment que le présent nous échappe, que l’existence de nos aînés s’éfaufile doucement vers le néant et que nous perdons un peu la main sur la façon de concevoir l’avenir.
Le quartier de la Madeleine à Angers, qu’on se plait idéalement à préserver figé dans le décor « reconstruit » de notre enfance a, en fait, été constamment remodelé. Mais il est vrai que les transformations les plus radicales datent des quatre dernières décennies, celles où précisément il disparut de notre horizon quotidien. Celles au cours desquelles, les générations qui nous ont précédés, ont déserté le paysage et, avec elles, notre insouciance.
En 1809, selon le cadastre napoléonien, le « faubourg de la Magdeleine » était peu urbanisé. En périphérie sud-est d’Angers dans le prolongement du faubourg Bressigny, sur la rive gauche de la Maine, il était alors constitué de petits hameaux, répartis le long d’axes naturels de circulation, comme la rue Saint-Léonard ou la rue de la Magdeleine, en direction de Trélazé, de Saumur ou de la levée de la Loire.
Le reste de la zone était constitué de terres dites « labourables » et de jardins, où étaient pratiquées des cultures vivrières destinées à l’approvisionnement des marchés angevins. Au cours du dix-neuvième siècle, le quartier a vu progressivement, ses cultures agricoles se diversifier vers l’horticulture qui connut un essor sans précédent et une reconnaissance nationale et internationale. La population a alors crû de manière importante du fait de l’exode rural des campagnes angevines puis de la Bretagne du sud. En outre, la demande de main-d’œuvre des carrières d’ardoise de Saint-Léonard et de Trélazé, ainsi que les embauches dans l’industrie naissante comme les câbleries et corderies de chanvre, ou les ateliers métallurgiques, adossés aux minerais de fer du haut-Anjou, servirent de puissants moteurs à cette poussée démographique dans l’ensemble des banlieues de la capitale du « roi René ». Le secteur de la Madeleine n’échappa pas à cette tendance, en raison notamment de sa proximité géographique avec les ardoisières.
Enfin, comme l’a souligné Sylvain Bertoldi directeur des archives de la Ville d’Angers dans un article publié en 2003 consacré au peuplement du quartier, la création de la paroisse de la Madeleine en novembre 1871, par Monseigneur Freppel, évêque d’Angers, accéléra encore le processus. D’autant que, par cette décision, le prélat, donnait le coup d’envoi à la construction de la future et imposante église-basilique du Sacré Cœur en remplacement d’une antique chapelle. Le chantier allait mobiliser pendant plusieurs années de nombreux ouvriers de différents corps de métiers du bâtiment. Certains firent souche à « La Madeleine ». Consacrée au culte en 1878, la nouvelle église honorait une promesse que l’évêque avait faite si la ville d’Angers était épargnée de l’invasion prussienne lors de la guerre franco-allemande de 1870.
C’est dans ce contexte que mon arrière-grand-père Alexis Turbelier (1864-1942) originaire de Montjean-sur-Loire, émigra vers Angers vers 1880. Il s’installa au 65 rue Pascal, une rue récemment urbanisée qui longeait l’église au cœur du quartier de la Madeleine, où il résidera une quinzaine d’années, y compris après avoir épousé sa cousine Augustine Durau (1867-1941) le 21 juillet 1890. C’est ici que naquirent les trois premières filles du couple, Madeleine (1891-1906), Augustine (1892-1968) et Juliette (1894-1966).
A la différence de son époux, Augustine était née dans le quartier, en l’occurrence rue de la Juiverie, devenue rue Anne Frank en 1984. Lors de son mariage, elle vivait chez ses parents Antoine Frédéric Durau (1844-1911) et Françoise Turbellier (1832-1895) dans une modeste maison basse, située au 29 de la rue Desmazières. Cette maison existe toujours. Curieusement, quelques décennies plus tard, elle sera – très probablement – la maison du gardien du Jardin Fruitier.
Ainsi, avant même qu’il n’existât, ce jardin-école fut intimement lié au destin de ma famille. Et ce, durant au moins quatre-vingts ans, puisque dans les années soixante, j’y accompagnais encore ma grand-mère Adrienne Turbelier née Venault (1894-1973) lorsqu’elle achetait des fruits à bas prix chez une des dernières jardinières, habitante de ce lieu, Madame Lopée.
Madame Lopée, responsable – du moins à mes yeux – du verger de la société d’horticulture et gardienne du Jardin fruitier avec son époux, ristournait aux voisins du quartier, les pommes, les poires ou les pêches tombées trop mures du verger. « Mémé » en faisait des compotes. D’ailleurs, selon la saison, elle se ravitaillait aussi en légumes produits par les élèves dans le potager expérimental de l’école.
A l’époque, on ne faisait pas encore grand cas des propriétés éco-toxicologiques des engrais ou des insecticides, dont on usait pour assainir et amender la terre. Aussi, ne serais-je pas surpris d’apprendre, qu’outre le traditionnel fumier de cheval en provenance des derniers canassons angevins d' »ébouage », les maîtres en jardinage de la société d’horticulture ajoutaient dans un souci d’amélioration de la qualité, quelques pesticides aujourd’hui prohibés. Je frémis d’aise à l’idée que l’actuelle dictature écolo-bobo des paysans du Paris-Rive Gauche, n’ait pas été en capacité de sévir à l’époque. Je me réjouis d’avoir pu déguster les embeurrées de « Mémé » sans me préoccuper des traces éventuelles de substances organochlorées. Madame Lopée et ma grand-mère, toutes les deux disparues depuis longtemps, ne risquent plus rien de ces tristes figures de la modernité punitive et moralisante.
Vers la fin de l’année 1895 ou au tout début 1896, Alexis et Augustine quittèrent la rue Pascal pour une petite maison à un étage et sans caractère, louée au 21 rue Desmazières. Germaine Turbelier (1896-1990), future épouse Gallard, y vit le jour, le 6 mars 1896, ainsi que les autres enfants du couple, dont mon grand-oncle Alexis (1897-1918), le poilu « mort pour la France» et son jeune frère Louis (1899-1951), mon grand-père. Je présume que le déménagement eut probablement lieu, à peu près dans la période où Antoine Frédéric Durau, le père d’Augustine quittait la maison du 29 après le décès de son épouse Françoise Turbellier (le 9 décembre 1895), pour résider chez l’une ou l’autre de ses deux filles.
Le minuscule potager attenant à la nouvelle maison familiale du 21, était mitoyen d’un terrain d’environ trois hectares dépendant d’une ancienne métairie autrefois implantée au « 29 ». Cette surface partiellement en friche devint donc rapidement – et naturellement – un terrain d’aventure idéal pour les enfants d’Alexis et d’Augustine, jusqu’à ce qu’il fût acquis en 1925 par la municipalité d’Angers pour un montant de 155.000 francs.
Ce terrain et ses dépendances dont la petite fermette du « 29 », furent immédiatement concédés à la Société d’horticulture d’Angers et du Maine-et-Loire, pour y créer une école d’horticulture, dotée de locaux neufs ou restaurés, d’une salle de conférence décorée Art Déco et de champs horticoles à vocation pédagogique. L’ensemble devenant familièrement le « Jardin Fruitier », qui remplaçait celui auparavant implanté dans l’actuel Jardin des Beaux-Arts. Celui-là même où fut greffé au milieu du 19ième siècle la célèbre poire « Doyenné du Comice ».
Le ministre de l’agriculture Henri Queuille (1884-1970), vint en personne inaugurer la nouvelle école d’horticulture le 16 juin 1927, flanqué du maire d’Angers, René Levavasseur (1883-1954), lui-même horticulteur et d’une kyrielle de personnalités. Dans son allocution, le ministre souligna l’originalité du nouvel établissement d’enseignement, dont la mission était non seulement de former de jeunes horticulteurs mais également d’accueillir les « élèves-maîtres » de l’école normale d’instituteurs de la rue Lebas, toute proche, pour les initier aux disciplines horticoles…Puis, comme le rapporta le Petit Courrier qui couvrit l’événement dans le moindre détail, un vin d’honneur fut servi aux nombreuses personnalités présentes dans les sous-sols de l’école, décorés en la circonstance par la première « cuvée » d’élèves formés ici …
On peut penser que cette manifestation qui déplaça la quasi-totalité des notables locaux, sauf le chanoine Fruchaud, curé de la paroisse, peu enclin à s’afficher aux côtés d’un représentant de haut rang de l’Etat républicain, ne passa pas inaperçue dans la rue Desmazières. Tous les habitants du quartier, dont nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient certainement de la fête. Du moins passivement, comme badauds attroupés le long des trottoirs pour voir passer le cortège!
Ma mère qui était alors âgée de quatre ans, n’a pas conservé de souvenir précis de cette inauguration. Mais, il n’est pas douteux qu’elle y assista, et de surcroît, aux premières loges, car l’appartement de ses parents Louis Turbelier et Adrienne Venault se trouvait au 1er étage d’un petit immeuble du 20 rue Desmazières, situé juste en face de la grille d’entrée du Jardin Fruitier.
En dépit de l’animation exceptionnelle que connut ce jour-là, cette rue d’ordinaire si calme, elle ne s’en souvient pas car, par la suite, le Jardin Fruitier constitua le décor constant et familier de sa jeunesse. Elle le fréquenta quasi-quotidiennement avec ses frères. C’était leur aire de jeux de plein air. De la sorte, elle pouvait en décrire les moindres recoins. Il en résulte qu’aucun fait saillant lié à sa prime enfance n’aurait su concurrencer dans sa mémoire, l’impression d’appropriation naturelle et de connivence intime, qu’elle et ses jeunes frères avaient construit dans la durée avec le Jardin Fruitier. Elle ne cite que deux événements marquants intervenus beaucoup plus tard, alors qu’elle était devenue une jeune femme: en juin 1944, l’utilisation des caves de l’école comme abris lors des bombardements, et deux mois plus tard, au lendemain de la Libération d’Angers, le bivouac d’une unité américaine dans le square du Jardin fruitier.
Dans un article publié en mars 1990 dans le bulletin associatif « La chronique des Turbelier », Joseph Gallard (1920-2010), cousin de ma mère et petit-fils d’Alexis et d’Augustine Turbelier, confirme l’importance du Jardin Fruitier pour les enfants de la famille. Prétexte à s’aérer et échappatoire en compagnie de cousins complices à l’issue d’interminables repas de famille chez les grands-parents, à l’occasion des fêtes de famille dans les années 1920 à 1940:
« … Ce qui nous attirait le plus, c’était la cour du Jardin Fruitier qui n’avait plus de secret pour mes cousins. A leur contact, j’appris à connaitre l’allée de la roseraie au fond, les bâtiments du jardinier et concierge, Monsieur Bossard, qui douze plus tard devint mon professeur d’arboriculture fruitière. Et puis les marches de la société d’horticulture que nous escaladions pour nous réchauffer (en janvier). J’ignorais alors qu’un jour, je franchirais ces marches pour y recevoir quelques récompenses. Nous pouvions nous dépenser dans la grande cour plantée d’arbres où les mètres carrés ne nous étaient pas comptés. Les noisetiers encore jeunes lui donnaient une allure de grandeur… ».
Les enfants n’avaient pas l’apanage de la fréquentation de « l’allée de la roseraie », à laquelle fait allusion Joseph Gallard. Elle servait aussi de cadre idéal pour les photographies de groupe commémorant des événements ou les fêtes de famille importants, comme les cérémonies de « profession de foi » de l’un ou l’autre des enfants : ainsi le cliché ci-dessous datant des années trente représentant tous les « Turbelier » à l’occasion de la « communion » de trois d’entre eux, dont ma mère Adrienne et son frère Albert.
Cet attachement au Jardin Fruitier ne se démentit pas à la génération suivante, ainsi qu’en atteste ce très beau texte de ma sœur Brigitte, évoquant notre grand-mère et « son » Jardin Fruitier.
« Quelques petits souvenirs d’elle qui ont marqué ma jeunesse. Elle vivait seule puisque Louis était décédé très jeune, le destin est parfois trop cruel ! J’avais moins d’un an quand il est parti. Elle nous emmenait au Jardin Fruitier qui se trouvait juste en face de chez elle. Nous ramassions la noisette avec son enveloppe verte, l’involucre, qui couvre tout ou partie du fruit, par sacs entiers, ensuite nous retirions la noisette de son enveloppe sans oublier d’en manger, nous passions des après-midi dans ce jardin. C’est aussi elle qui nous a appris à tricoter. Elle nous guettait derrière sa fenêtre… je la vois encore nous faire un signe de la main. J’ai aussi le souvenir de l’odeur de pommes cuites qui envahissait son logement elle les faisait cuire dans le four de sa cuisinière, nous les dégustions avec bonheur… Avec nous elle riait. Nous c’était Louisette et moi… »
Jusqu’à la fin des années soixante le Jardin Fruitier, le petit square attenant, ses serres, son verger et sa roseraie accompagnèrent de nombreux épisodes de notre vie. Mais bizarrement, je ne dispose d’aucune photographie du Jardin lui-même…
Le Jardin Fruitier restera donc notre Jardin secret…
tellement poétique et plein de » merveilles » ce texte que je me demande quels souvenirs nous allons laisser à nos petits enfants … il n’y a plus de jardin secret mais peut être sauront ils en inventer…
Sympa votre commentaire. Merci JLP
Juste un mot pour ce soir. La photo de groupe de la famille dans le Jardin Fruitier m’enchante car celle-ci n’est pas arrivée jusqu’à moi. Je n’y figure pas n’étant pas née ! Mais j’y trouve des grands-parents plus jeunes que sur les photos prises après mon arrivée sur terre. Avec bonheur je découvre ma marraine bien sûr en communiante, ses frères et mes deux frères Joseph et Michel. Celui-ci vient de disparaître le 2 décembre. Je pense reconnaître aussi deux soeurs de ma mère (Augustine et Marie) et probablement que l’autre petite fille doit être ma cousine Marguerite. Pourrais-je avoir par le canal internet cette photo importante pour moi, surtout après la disparition de mon frère Michel. Merci pour ce texte romantique, je n’ai connu que les grilles de ce jardin où je n’ai pas joué mais dont j’ai partiellement lu l’inauguration officielle !
Oui… Les deux sœurs adultes sur la photo sont Augustine Turbelier en arrière-plan et Marie à droite. En outre, il est effectivement plausible que la petite communiante soit Marguerite Boussemart, une autre petite-fille d’Alexis…
M. Queuille, Ministre de l’Agriculture, fit d’une pierre deux coups… Il arriva par le train de 1 h.17 du matin, et fut l’hôte du Préfet. Tôt le matin, il prit place dans un landau avec le Préfet et M. Martin-Rondeau, président de la Chambre de Commerce afin de visiter la 4ème Foire-Exposition de l’Anjou. Un grand cortège se forma. Le long du parcours, des troupes de garnison assuraient la sécurité, à l’arrivée une compagnie du 6ème génie avec étendard et fanion présentait les honneurs, sans oublier la sonnerie « Au Champ » par les clairons du 135ème R.I. Parmi le cortège, j’ai retenu des patronymes encore connus de nos jours : André et Louis Cointreau, Gasnier du Fresne (frère de l’aviateur angevin). Au cours d’un des discours, Il fut fait référence à l’ancienne Foire du Sacre. Le vin d’honneur était un Clos des Rochettes de Concourson-sur-Layon. Quant au déjeuner il fut qualifié « d’intime » et servi à la Chambre de Commerce. Ce n’est qu’après cette manifestation qu’eut lieu l’inauguration décrite plus haut. Le cortège était similaire et la rue Desmazières a dû être embouteillée comme jamais. S’en suivirent encore les remises des prix des concours des meilleurs ouvriers et même les prix des logements d’ouvriers agricoles et de bonne tenue d’étables. Le soir, le dîner fut servi à la Mairie. Au milieu de toutes ces festivités, furent prononcés de très nombreux discours. Le « Petit Courrier », devant l’abondance des actualités, a dû remettre à plus tard l’énoncé de la plupart de ceux-ci. De telle sorte que, si le Ministre « normal » avait pris un train matinal, le journal en oublia de préciser à quelle heure il était reparti. Sans doute devait-il rendre compte ensuite à Raymond Poincaré quelle était l’ambiance angevine dont on ne manqua pas de célébrer la « doulceur » chère à J.du Bellay.
Bravo pour ces compléments contextuels et bienvenus à l’article sur le Jardin Fruitier … de la rue Desmazières. Merci