En fait, je sais peu de choses sur les faits d’armes de Lucien Montazel (1898-1989) – le cousin « Lulu » comme on l’appelait. Et pourtant il occupe une place singulière dans mon panthéon virtuel des anciens de 14-18… Et même plus ! Car, sans en avoir eu conscience sur le moment et sans qu’il l’ait jamais su, il incarne une période heureuse, celle des séjours estivaux à Sarlat dans les années 1980. Celle où notre principale et seule richesse reposait sur le bonheur de nos enfants d’être en vacances avec nous, et que rythmaient nos jeux de plein air, nos fous rires lorsqu’il fallait déboucher les toilettes défaillantes de la tante « Mimi », nos baignades dans la Dordogne du côté de Vitrac ou de Castelnaud-La Chapelle, ou nos descentes en canoë. Celle de ces promenades dans les ruelles ombragées et pentues du jardin exotique de La Roque-Gageac ou dans les allées des Milandes empreintes du souvenir de Joséphine Baker. Celle aussi, de pouvoir râler contre les horaires des repas imposés par ladite tatie, qui nous recevait.
Avec le recul du temps, force est de reconnaitre que sans ces affectueuses contraintes alimentaires, liées parfois à la préparation d’une simple gratinée de nouilles, et d’autres « insupportables » sujétions domestiques nées de la confrontation des traditions et des usages, sans ces petits agacements au fil de l’eau, qu’on s’échinait avec malice à contourner, se souviendrait-on aujourd’hui avec nostalgie de ces séjours qui appartiennent désormais à un passé révolu?
C’était en effet le temps où l’on pouvait s’ennuyer sans déplaisir sous le soleil brûlant de la Gendonie en attendant de se rafraichir dans l’eau de la Dordogne ! Celui où, à trente ans passés, il fallait demander l’autorisation à « tatie » d’allumer la télé! Celui enfin, où après s’être abreuvés de soleil en lézardant sur les grèves quasi-incandescentes des méandres de la Dordogne, en lisant une biographie « in » de Condorcet, nous nous tordions les pieds sur les galets, en recherchant des alevins dans les petits trous d’eau près du rivage. Puis nous plongions dans les eaux fraîches de la rivière, tentant en vain de remonter le courant!
Le soir venu en attendant le dîner, à moins que ce ne soit certains matins avant que la chaleur méridienne étouffante des étés périgourdins, ne nous enveloppe dans une sorte de quiète torpeur, nous nous affrontions, enfants et parents, dans des parties endiablées de jokari sur le terre-plein caillouteux du garage où était garée la vieille R5 « blanc écru » aux sièges emmitouflés de la tante « Mimi ». Nous n’interrompions nos échanges élastiques qu’au passage tonitruant de la « Micheline » de Bordeaux qui sortant du tunnel de la Gendonie, faisait trembler notre terrain de jeux, tandis qu’on entendait le sifflement de la motrice au niveau du viaduc du Pontet en approche de la gare de Sarlat ! Le soir lorsque l’obscurité de la nuit périgourdine transformait la propriété en autant de masses sombres, fantomatiques et inquiétantes, seulement troublées par les trajectoires zigzagantes des chauves-souris, on contemplait à son aise, loin des feux de la ville, la voie lactée sur la prairie à l’arrière des « Glycines ». Aux jours fastes de la mi-août, lors du passage des Perséides on comptait les étoiles filantes et les lucioles dans la prairie. Du moins, on s’efforçait de le faire …
Souvent aussi, les soirées étaient consacrées à de longues promenades vespérales – d’errances vacancières – dans un Sarlat nocturne livré aux saltimbanques, aux artistes de rues, aux cracheurs de feux et aux bonimenteurs ainsi qu’aux musiciens ambulants, que nous écoutions au milieu d’une foule cosmopolite et polyglotte de touristes curieux et avides de trouvailles artisanales, qui déambulaient dans les ruelles parmi les échoppes de la vieille ville à la lumière des becs de gaz, remis à la mode pour la circonstance! Avec les pavés, par la grâce du ministère Malraux.
Vers minuit, nous rentrions guidés symboliquement par l’étoile polaire, soucieux de ne pas réveiller la « tante » qui, de toute manière nous attendait dans sa cuisine en lisant l’ « Essor sarladais » ou la feuille de liaison de la paroisse Saint Sacerdos ! Nous étions heureux. A l’époque, nous le pressentions et aujourd’hui nous en sommes sûrs !
Dans cette belle histoire, Lucien Montazel, notre héros du jour, ne fut jamais qu’un second plan, un figurant familier de ce scénario des vacances, rejoué presque chaque année à l’identique au cours de la décennie Mitterrand. Il ne devrait en principe n’être qu’un souvenir parmi d’autres, et probablement pas le plus marquant. Pas plus en tout cas que d’autres éléments de décor comme les fameux moellons du Périgord Noir, dont la couleur restitue au couchant par le jeu des ombres portées, l’ambre et le safran mélangés !
La présence discrète du cousin « Lulu » n’en était pas moins essentielle. De telle sorte qu’à son décès à la charnière des années 1980, il sembla que c’est toute une époque qui s’éclipsait avec lui …Un peu comme si soudainement s’évaporait de la barrière de Domme, le buste de Jacques de Maleville (1741-1824), l’un des rédacteurs du code civil, qui contemple depuis tant d’hivers le lit sinueux de la Dordogne en contrebas. Mille fois, nous nous sommes assis sur un banc proche de la stèle du jurisconsulte sans y penser et sans ressentir la moindre connivence avec ce notable d’un autre âge, mais sa disparition de l’esplanade de la bastide médiévale nous laisserait, quelque part, orphelins…
Il en fut un peu de même pour le cousin « Lulu », bien qu’en ce qui me concerne, il ne s’agissait que d’un « cousin par alliance ». Il a disparu – il est parti – sans qu’on ait eu le temps ou l’audace de lui demander de raconter « sa » guerre, celle de 1914-1918 ! Lucien était le fils d’Eugénie Lajeunie, une des tantes maternelles de mon beau-père et de sa sœur la tante « Mimi ». Celle-là même qui nous hébergeait dans la propriété familiale…Il était né le 24 janvier 1898 au Roc Laumier dans la commune de la Caneda qui n’était pas encore administrativement rattachée à Sarlat. La légende veut que ce soit au Roc Laumier que Saint Bernard de Clairvaux prêcha la croisade au 12ième siècle. C’est là aussi – dit-on- qu’on enterrait le corps des pestiférés au Moyen Age!
Bien entendu, à la naissance de Lucien, l’endroit qualifié de « lieu saint », quelques siècles auparavant, s’était banalisé, urbanisé, en quelque sorte, sécularisé et ne présentait plus guère de spécificités surnaturelles par rapport aux autres lieudits de la banlieue sarladaise. L’activité paysanne essentiellement agricole reposait sur l’exploitation des noix, la quête des champignons dans les bois aux troncs noircis des petits chênes pubescents et le ramassage des châtaignes à l’automne, ainsi que sur quelques maigres cultures céréalières et vivrières pour nourrir les hommes et les animaux, dont les oies, les canards et quelques volailles! Un environnement encore assez proche de celui de Jacquou le Croquant ! Depuis, tout s’est progressivement sulfurisé et les maisons d’hôtes pour touristes britanniques et néerlandais ont pris le relais des fermes abandonnées.
Paul Jean Joseph Montazel, le père de Lucien n’était pas paysan, c’était le boulanger du village. Et c’est probablement ce qui explique que le fils ne devint jamais un homme de la terre. Mais, il ne devint pas pour autant un homme de fournil car plus tard Lulu devint « bureaucrate » – un bureaucrate à l’ancienne – comme on disait alors des « cols blancs » et des employés de bureau, qui travaillaient dans l’administration, pour les distinguer des « manuels ». Après la Grande Guerre, au cours de laquelle, blessé à la tête, il dut être trépané, il fut embauché comme employé d’administration communale à Sarlat. Et ce, jusqu’à sa retraite dans les années soixante !
Sans trop forcer le trait, on peut même dire qu’il avait un peu le look rassurant du rond-de-cuir provincial de la troisième et quatrième République, sombre et un tantinet austère. Et ainsi, jusque dans son grand âge, période de sa vie où je fis sa connaissance.
Par réflexe professionnel à moins que ce ne fut par tradition familiale, Lucien avait en effet du « port et du maintien ». Et de prime abord, il ne cultivait pas la familiarité. Sans pour autant rechercher la distance. Il aimait soigner sa mise, mais sans ostentation. Et jusque dans ses dernières années, il n’appréciait guère de sortir sur son pas de porte, c’est-à-dire, d’être potentiellement regardé par un public, fût-il restreint à celui de ses rares visiteurs, sans enfiler une veste, vérifier le pli du pantalon et passer des chaussures ! Les bureaucrates d’antan n’avaient évidemment rien à voir avec ceux d’aujourd’hui, dont ils n’avaient pas l’arrogance dominatrice, « vertu » cardinale de l’énarchie triomphante. De même, ils n’avaient rien de commun avec les « fonctionnaires » qu’on nous présente dans les séries télévisuelles, où les policiers portent jeans et tee-shirts brésiliens fabriqués en Chine, et qui ne se distinguent des voyous qu’ils sont censés traquer et dont ils ont adopté le langage, les postures, l’accoutrement et même les sweet-shirts à capuches, qu’en exhibant des brassards rouges !
Lucien, c’était plutôt l’employé de bureau classique, qui n’étale pas ses états d’âme au tout venant et qui croit, à tort ou à raison que l’habit fait un peu le moine, lorsqu’on détient, même à un niveau modeste, un mandat de puissance publique. La tenue correcte et la réserve font partie des attributs de l’autorité pour susciter le respect. Cette thèse a connu bien des avatars au cours des dernières décennies !
En fait, si je m’intéresse à ce cousin Lulu que j’ai finalement très peu connu au-delà des apparences, ce n’est pas tant pour son cousinage avec mon beau-père, ni pour les fonctions qu’il a occupées dans l’administration sarladaise, encore moins pour ses pratiques vestimentaires. Mais parce qu’outre le fait qu’il incarne pour moi de bons moments d’autrefois, c’est le dernier poilu de 1914-1918, que j’ai connu vivant. En tout cas, le seul des combattants de la Grande Guerre, dont mes enfants pourront dire qu’ils l’ont rencontré et embrassé… .
Presque chaque année dans les années 1980 – pour ma part depuis 1975 – nous lui rendîmes visite au cours de nos vacances printanières ou estivales en sarladais. La plupart du temps en fin d’après-midi après nos escapades sur les bords de la Dordogne… A cette époque, il vivait dans une coquette petite maison du quartier de la Trappe sur les hauteurs de Sarlat. La façade de sa maison orientée à l’ouest était gorgée de soleil, de telle sorte qu’une imposante bignone aux innombrables fleurs en trompettes rouges mordorées y prospérait sans complexe, adossée aux murs de la véranda. La maisonnette de plain-pied était cernée sur trois côtés par un jardin potager, arboré de « pêchers de vigne » en bout de rangées. Ce jardin était impeccablement entretenu par Marcelle – née Imbert – avec laquelle il s’était marié à Carlux le 19 janvier 1920 juste après sa démobilisation. C’était une petite bonne femme anguleuse, à peine moins âgée que lui mais beaucoup plus alerte. Elle lui a d’ailleurs survécu quelques années.
Le couple qui n’avait pas eu d’enfant, nous accueillait toujours chaleureusement et à l’issue de nos visites, nous raccompagnait toujours comme pour nous retenir encore un peu : lui jusqu’au perron, cramponné sur sa canne et protégé de la luminosité du soleil couchant par un chapeau de paille, tandis qu’elle nous poursuivait plus loin dans l’allée, au moins jusqu’à notre voiture, nous faisant don au passage de quelques légumes frais de son jardin et de pêches bien rouges et juteuses.
La voix éteinte presque inaudible et éraillée du vieil homme résonne encore dans mes souvenirs, dont est pourtant et curieusement absente toute référence à la Grande Guerre. Ou plus exactement, à « sa » Grande Guerre. Jamais autant qu’il m’en souvienne, il n’en a fait ouvertement et spontanément, état devant nous.
J’aurais pourtant aimé connaître, en complément des très beaux récits des historiens sarladais, Jean Joseph Escande (1872-1959) ou Maurice Fournier, la vision intime du poilu que fut effectivement Lucien, et qu’aucun des deux écrivains précités ne fut ! En particulier, bien que n’étant âgé que de seize ans, fut-il vraiment conscient du drame qui se jouait lorsque la nouvelle de la déclaration de guerre avec l’Allemagne parvint à Sarlat, le samedi 1er août 1914, jour de marché ?
A-t-il assisté aux alentours de quatre heures de l’après-midi, à la proclamation solennelle de l’ordre de mobilisation générale par un agent de police précédé « d’un tambour battant le rappel sur les places dans les rues de la ville » ? Perçut-il à cet instant les conséquences de cette ouverture en fanfare des hostilités ?
A-t-il entendu le tocsin de la cathédrale qui sonnait sans relâche, provoquant une certaine panique dans la population et le retour précipité des paysans et maquignons dans leur campagne ? A-t-il lu dans les heures qui suivirent la proclamation du maire Pierre Sarrazin appelant ses concitoyens au patriotisme et à la solidarité avec les trois cents gars du pays enrôlés dès le premier jour? Lesquels se rassemblèrent sur la place de la Liberté avant de défiler à travers la ville en chantant « La Marseillaise ».
La question nous brûlait les lèvres de savoir aussi quand il avait été effectivement mobilisé – probablement en avril 1917, par anticipation, comme tous les soldats de sa classe. Dans quel régiment avait-il été enrôlé – probablement dans une unité de Brive – et sur quels théâtres, avait-il combattu jusqu’à ce qu’intervienne sa blessure qui avait provoqué sa trépanation… Mais nous n’avons pas su l’interroger !
A notre décharge, Lulu dans les années 1980 n’avait probablement plus la même vivacité et la même hargne qu’autrefois à faire valoir son point de vue et évoquer la Grande Guerre ! C’était déjà si loin…
En outre, au cours de nos rencontres de courtoisie, la conversation était monopolisée par Marcelle et leur cousine Mimi, « notre » tante. Après quelques amabilités d’usage sur notre santé et sur celle de nos parents en région parisienne, la discussion s’orientait rapidement sur les « nouvelles » sarladaises, sur les disparitions récentes des anciens les plus connus des deux protagonistes…Sur le loto aussi. Ensuite, rituellement la vieille cousine proposait en guise d’apéritif, un vin cuit – genre Martini – aux adultes et un sirop d’orange, de grenadine ou d’orgeat, allongé d’eau aux enfants. Non moins systématiquement, la tante refusait au nom de tous « pour ne pas déranger », et imperturbablement, comme si elle n’avait rien entendu, la cousine Marcelle passait outre, tandis que le vieux Lucien approuvait tacitement… D’une manière générale d’ailleurs, il acquiesçait aux propos de sa femme…
Vers dix-huit heures trente, Lucien montrait une certaine agitation. Lui qui jusqu’alors assistait plutôt passivement aux échanges entre sa femme et sa cousine, se limitant, au demeurant rarement, à apporter une précision de sa petite voix sourde et enrouée, signalait alors à l’assemblée que c’était l’heure de l’émission qu’il affectionnait par-dessus tout, « les Chiffres et Les lettres » présentée par l’animateur Patrice Laffont avec la complicité du cruciverbiste Max Favalleli (1905-1989). Le « vieux Max » qu’on pouvait d’ailleurs rencontrer dans les environs de Sarlat, faisait figure de gloire locale et était considéré comme l’enfant du pays. Sa famille tenait à l’époque une librairie-papeterie, place du 14 juillet, en contrebas de la place de la grande Rigaudie à Sarlat. Lui-même a souhaité être inhumé à Saint-André-d’Allas en Périgord.
Cela étant dit, si à l’heure dite de l’émission, nous n’avions pas donné congé, le cousin Lulu appuyé sur sa canne, se dirigeait de lui-même vers son fauteuil de télévision installé dans la partie sombre de la salle de séjour. Bon prince, il nous invitait à assister de conserve à son émission préférée, en noir et blanc !
Bref, comme beaucoup de poilus de 1914-1918, Lucien Montazel était pudique lorsqu’il s’agissait de parler de cette guerre où il avait vu disparaître tant de ses amis et de ses copains. Plus de soixante-dix copains de Sarlat avaient péri. Et à partir du printemps 1921, à combien de convois funèbres de soldats morts rapatriés à Sarlat assista-t-il ? De la cathédrale Saint Sacerdos au cimetière sur des chars « couverts de fleurs et de verdure » accompagnés de l’union philharmonique jouant une marche funèbre et des enfants des écoles …
Ces tristes rappels de l’apocalypse qui se prolongèrent trop longtemps, ne firent pas de Lucien un pacifiste, pas plus qu’il ne douta de la nécessité du sacrifice consenti : mais il en acquit sans doute une certaine philosophie de la vie, quant à la reconnaissance des générations montantes à l’égard des poilus de 14-18… Cette saine distance ne l’empêchait pas d’être très fier de ses actes de bravoure et de ses décorations. Jamais, il ne rechignait lorsqu’on le sollicitait pour poser devant son casque et son portrait de jeune combattant ainsi que devant ses décorations et médailles, dont la croix de guerre…
S’agissait-il d’une des rares et seules concessions au devoir familial de mémoire, dont il ne faisait manifestement plus grand cas, au moment où je l’ai rencontré?
Soixante-dix ans après la fin des combats, il considérait qu’il valait mieux se mobiliser sur les questions « des chiffres et les lettres ». Elles au moins, elles ne blessent, ni ne tuent, et les défaites d’un jour sont les réussites du lendemain… Alors que sur les monuments aux morts, même les victoires sont des déroutes…Tel était peut-être l’enseignement tacite de cet authentique poilu qui, avec le temps, préférait s’en tenir à un certain mutisme … ! A tout le moins, à une certaine réserve ou discrétion… A la différence d’autres qui « témoignent » sans relâche et tambour battant.
Lors du siècle dernier, un grand visionnaire avait prédit qu’il y aurait de moins en moins d’anciens combattants de la guerre de 14. Aujourd’hui il n’y en a plus et il y aura de moins en moins de gens qui ont connu des anciens combattants de la guerre de 14! C’est donc une bonne idée de parler de ceux que l’on a connus pour ne pas les oublier.
Moi j’ai connu « pépé Fernand » qui était le deuxième mari de ma grand mère maternelle, son premier mari ayant été tué lors d’un accident agricole.
Je voyais Fernand tous les quinze jours, les jours de foire à Villeneuve sur Lot, car ma grand mère et lui qui habitaient à quelques kilomètres venaient nous voir systématiquement tous les jours de foire.
La guerre de 14 avait été l’affaire de sa vie et il avait regretté de ne pas avoir pu participer à la guerre de 39 en raison de son âge.
Il parlait très souvent de sa guerre dans les tranchées de Verdun où il avait été gazé, ce qui induisait de fréquentes crises qui s’apparentaient à des crises d’asthmes. Quand j’étais petit j’étais fasciné par une photo de lui en tenue de zouave et je m’étais composé une patite chanson « Mon grand père était un zouave… ». Il est mort il y a près de 50 ans mais je le revois toujours les jours de foire « endimanché » avec sa montre à gousset…
Alain
Merci Alain pour ce beau et émouvant témoignage! Au moins Pépé Fernand, par la magie d’Internet survivra sur les ondes à travers tous les continents…
Rose l’Angevine envoie ce message pour Alain Biau et son Pépé Fernand :
Une amie d’enfance avait appris en colonie de la SNCF une chanson sur les zouaves. Je me souviens encore des débuts de celle-ci : « En 1860, ma grand-mère épousa un zouave d’allure fringante retour de Magenta, sa moustache fringante, ses brisques sur les bras, faisaient vers ce vainqueur retourner tous les coeurs. Si le zouave, le zouave de ma grand-mère est devenu, devenu, mon grand-papa, taratata… etc » je ne sais plus la suite mais ma copine s’en souvient peut-être encore avec un peu de chance !
compléments de la chanson du zouave fournis par l’amie d’enfance qui ne s’en souvenait pas mais qui l’a retrouvée… sur internet ! du coup Jean-Luc tu as une lectrice de plus ! et on en arrive au zouave de l’Alma !!!
1/En 1860
Ma grand-mère épousa
Un zouave d’allure fringante
Retour de Magenta
Sa moustache troublante
Sa barbe de sapeur
Faisaient vers ce vainqueur
Voltiger tous les cœurs
Refrain : Si le zouave, le zouave de ma grand-mère
Est d’venu, d’venu mon grand papa
Taratata
C’est qu’tous deux, qu’tous deux sympathisèrent
Car grand père, grand père était beau gars
Taratata
Quand grand maman le vit
Son petit cœur frémit
Mais ce qui la charma
Ce qui fit qu’elle l’aima
Ce n’fut pas sa culotte bouffante,
Ce n’fut pas ses brisques sur les bras
Taratata
Ce n’fut pas sa barbe frisottante
Mais ce fut le pompon d’sa chéchia
Taratata
2/C’est dans la rue d’Crimée
Qu’est né mon oncle Paul
Ensuite maman est née
Boul’vard Sébastopol
Ma pauvre tante Renée
Née av’nue Malakoff
S’noya, quelle catastrophe
Au fond d’la mer d’Azov
3/Grand papa de service
Au camp de Mourmelon
Fit sur l’impératrice
Une très grosse impression
Par un charmant caprice
D’l’empereur elle exigea
Qu’on sculptât grand papa :
C’est l’zouav’du pont d’l’Alma !
Merci à Rose l’angevine, cette chanson est magnifique mais elle sent le vécu, un peu comme « Mon légionnaire, il était bon, il était beau, il sentait bon le sable chaud… ». Pour moi je ne me souviens plus des paroles que j’avais inventées mais c’était enfantin et sur une musique de comptine. Il est décédé lorsque j’étais adolescent.
Je m’aperçois que j’ai oublié un aspect important dans la description de mon grand père, j’ai oublié les imposantes moustaches qui donnaient un air un peu martial mais qui nécessitaient beaucoup d’attention, surtout lorsqu’il mangeait la soupe !
Je connais parfois les mêmes difficultés que ton grand-père pour la soupe!
Cette histoire est bien finie aujourd’hui …