Dure vie pour les pandores en motocyclettes! Faut faire du chiffre…

Les temps sont durs pour les flics: il faut qu’ils verbalisent pour éponger la dette publique. Même quand il n’y a pas d’infraction, il faut se débrouiller pour en trouver et transformer tout usager de la route en délinquant potentiel! Que dis-je? En délinquant  à « tout prix » pour les taxer comme tels!

Pourtant on paie déjà au prix fort le carburant, la TVA sur les véhicules, sur les pièces détachées, sur l’entretien, sur les assurances, sur les péages et j’en oublie sûrement! Sans compter les impôts et les cotisations diverses toujours temporaires, mais il en faut toujours plus au nom de la sécurité routière!

Ce matin même, du côté de Massy, les flics autoroutiers procèdent à un contrôle systématique des scooters: je n’y coupe pas – à la différence du moteur de mon scoot. que le pandore motocycliste  m’intime l’ordre d’arrêter. Au demeurant,  le mec en bleu qui m’interpelle est peu amène, et même un peu ridicule, voire inquiétant avec son flingue à la ceinture et surtout son calot « style chantier de jeunesse pétainiste » placé de côté sur ses tempes dégarnies à la tondeuse !

Mais, « bonnard » même en me forçant pour ne pas être accusé d’outrage au déguisement, je ne suis pas inquiet car je suis en règle et je roulais peinard ! Grossière erreur, le flic ombrageux me demande mon attestation de formation puisqu’il s’agit d’un 125 cm3 et que je n’ai pas le permis moto… Je lui fais poliment observer – dans le genre coluchien qu’il aime sûrement  « Exciousiez-moi M’sieur l’Agent » – que cette obligation ne concerne que les nouveaux conducteurs mais qu’en ce qui me concerne, roulant depuis plus de cinq ans avec ce type d’engin, la prescription ne m’est pas opposable…

Déçu le cogne! mais pas vaincu… Il me demande alors le certificat de mon assurance qui prouve mes dires.

Je n’en ai pas! Mais conscient que chez les flics comme dans toutes les corporations, on peut toujours tomber sur un abruti besogneux du chiffre, j’avais prudemment conservé dans mon porte-feuille les attestations d’assurance des six dernières années.

Cette avalanche d’attestations ne désarme pas mon emmerdeur à deux roues, à gros cube et à petit QI de la police nationale: il veut un seul papier ainsi que, selon lui, le préciserait un vague arrêté dont il ne peut m’indiquer la date mais que, moi,  je devrais connaître! Un texte probablement long et imbitable, rédigé par un obscur fonctionnaire d’autorité, addict moralisant et pleurnichard de la sécurité routière, et qui se prend pour un ministre !

Mon bigorneau au front bas veut un seul papier et pas six qui démontrent la même chose! Tel est son bréviaire! Non mais! Mes efforts sont vains à montrer que l’obligation de résultat est atteinte et que « dans l’esprit » mes attestations annuelles additionnées prouvent mon expérience ancienne de la conduite! L’esprit! Il n’aimait pas! Car pour lui c’est secondaire. Ma tentative d’explication ne l’incite d’ailleurs guère à l’indulgence: au contraire, il n’aime pas les raisonneurs et le voilà qui se met à pianoter fébrilement sur une sorte de jeu électronique en vogue chez les flics pour relever les infractions quand on ne sait pas écrire. En outre, ce bidule permet, en principe, d’adresser à domicile une contravention, via un serveur ad hoc, dont je suppose – peut-être à tort – qu’il est entretenu par des esclaves sous-payés à l’autre bout du monde! De préférence, dans un pays où les droits de l’homme sont secondaires comme le raisonnement et l’intelligence chez mon patrouilleur motard de chemins vicinaux!

Bref! L’important pour mon fonctionnaire obtus, c’est le respect strict des contraintes de moyens! C’est sur le respect de ces contraintes que repose sans doute l’avancement! A coup sûr, pas sur le discernement car la réflexion peut être pénalisante dans la récolte des euros qu’on cherche, à « toutes forces (de désordre) », à extorquer aux braves gens d’un seul coup d’œil!  Bien sûr, les sommes rapportées par nos motocyclistes lobotomisés sont modestes. C’est peu pour abonder un budget de l’Etat catastrophique mais c’est déjà ça et ça motive les vicelards!

Dire que certains se sont fait élire en nous faisant croire au père Noël. D’ailleurs, c’est sur ce seul point « politique » où je me suis amusé à le tester! Mais là, il ne m’a pas surpris. J’oserais presque dire par euphémisme « pas déçu »! Car mon flicaillon d’opérette s’affranchissant de son devoir de réserve mais pas de son regard de bovidé, m’a dit alors – avec une touchante spontanéité bleu marine et un faux air de complicité nauséabonde – de bien voter la prochaine fois.

Un point c’est tout! Et comme il n’aime pas les fortes têtes qui ignorent la lettre du règlement, il verbalise!

Et en plus, il voulait que je signe son PV sur sa petite machine électronique!  Généreux tout de même, il m’a précisé que mon refus n’était pas pénalement punissable! J’attends la suite par la Poste!

Mais, ce n’est plus du tout la République que j’aime.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, il ne faudrait pas oublier de rappeler à ces cow-boys de bretelles d’autoroutes qu’ils sont d’abord au service des citoyens et que les statistiques qui vous sont si chères en matière de contrôles sécuritaires sont mensongères si elles reposent sur des comportements policiers non seulement inadmissibles mais inopportuns. Le fait d’être assermenté et de faire le beau en uniforme n’autorise pas l’arbitraire de la bêtise, l’arbitraire et la bêtise!

Je crois que désormais je me méfierai de la police d’autoroute, elle est imprévisible car elle croit bien faire dans son souci de plaire aux chefs.  Y-a quand même un truc qui m’a fait rire: il m’a dit qu’il avait le sens de l’Etat! J’ai fait semblant de le croire pour ne pas alourdir la note!