Camille Pagé est – si j’ose dire – entré dans ma vie, il y a peu, et de surcroit par un chemin détourné. Pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler de lui avant de m’intéresser à l’histoire des couteliers de Châtellerault et de découvrir qu’il avait été l’auteur en 1896 d’un ouvrage sur « la coutellerie depuis l’origine jusqu’à nos jours ». Et si soudainement, devenu sexagénaire, je me suis enthousiasmé pour cette histoire d’un artisanat et d’une industrie quasiment disparus du Châtelleraudais à la fin de la première moitié du 20ème siècle, c’est que plusieurs de mes parents du 17ème au 19ème siècle ont été maître couteliers dans les faubourgs de la ville. Certains y ont même exercé des responsabilités dans la « gestion » de la toute puissante corporation des couteliers avant la Révolution. Je ne reviens pas sur ce récit qui peut être consulté sur ce blog dans un billet du 30 octobre 2012 sous le titre « La Rouanne couronnée de François Huau (1697-1744) maître-coutelier à Châtellerault ».
Evidemment, pour écrire cet article, je m’étais beaucoup inspiré du travail considérable de Camille Pagé, considéré, à juste titre, comme la référence incontournable en matière d’histoire de la coutellerie. De fil en aiguille, j’avais découvert qu’il était châtelleraudais, descendant de couteliers et qu’il avait été lui-même, directeur d’une manufacture de couteaux à Domine sur la commune de Naintré, près de Châtellerault…
Donc, insigne différence avec moi, il savait de quoi il parlait, lui ! Ou plus exactement sur quoi il écrivait. En outre, c’était un intellectuel brillant, un érudit, un historien. Elu conseiller municipal de Naintré en 1881, il en fut le maire de 1889 à 1914. Le personnage fut donc un notable important dans sa ville, mais aussi à Châtellerault qui se trouve à environ sept kilomètres plus au nord et qui a d’ailleurs donné son nom à une avenue, à un centre culturel municipal et à une salle polyvalente, situés en périphérie dans la direction – justement – de Naintré! Un vrai rêve de narcissique! Donner son nom – post-mortem – à une salle polyvalente, alors que « le commun des mortels », le « vulgum pecus », n’a juste le loisir – l’éternel loisir – que de voir le sien apposé au mieux sur une plaque tombale à usage unique (en principe), et parfois partagée avec d’autres!
Camille était à ce point célèbre à Châtellerault que beaucoup crurent et continuent de penser, à tort, qu’il en fut le premier magistrat !
Je me doutais bien que ce Camille Pagé, un des derniers rejetons d’une des prestigieuses dynasties coutelières qui firent la gloire de Châtellerault et de sa région, devait être notre parent, puisque nous-mêmes, grâce aux remarquables travaux de la plus valeureuse des généalogistes connues, Marie Thérèse G. (MTG), nous savions que beaucoup de nos ancêtres, dans ce coin de France, étaient des artisans couteliers. Nous nous doutions donc de notre parenté avec Camille, dont le grand-père Laurent Pagé était un coutelier de bonne renommée au Carrefour Joyeux à Châtellerault.
Mais nous étions méfiants, échaudés par notre récente mésaventure avec François-René Denou – voir mon billet du 19 janvier 2013 – que nous avions imprudemment adoubé – presque affublé – de notre cousinage, et qu’il nous a fallu, faute de preuves, renier puis adopter ! Ça ne se fait pas en effet d’abandonner des cousins, même des faux, en plein « débat » national sur la famille ! D’ailleurs je m’interroge sur la possibilité de faire déposer par un parlementaire ami, un dix-millième amendement à la loi en cours de discussion, proposant, au nom de l’égalité des droits pour tous les humains à travers les siècles, l’adoption par des quidams actuels de pauvres hères des temps anciens, qui passent pour avoir été sans famille de leur vivant ! Je n’irais toutefois pas jusqu’à préconiser au nom de cette universelle égalité et de la force de l’amour, le « Mariage Transcendant les Siècles » ( M.T.S. à surtout ne pas confondre avec M.S.T.). En tout cas, pas tout de suite!
Mais dans le cas d’espèce, notre cousine MTG a fait des miracles. Après avoir consulté et manipulé virtuellement toutes les archives consultables, fait chauffer, jour et nuit, tous les moteurs de recherche traitant de ces sujets, et enfin activé ses relations généalogiques dans tout l’Ouest de la France, elle a apporté la preuve indiscutable que Camille était bien de la famille !
Et en plus, c’était très simple ! Enfin presque : L’arrière-arrière-grand-père d’une de mes arrière-grands-mères, Augustine Durau (1867-1841), épouse Turbelier – voir mon billet du 19 septembre 2011 – était le cousin germain de l’arrière-arrière-grand-père de Camille Pagé. Cette relation que des esprits chagrins qualifieront de « complexe » peut aussi se formuler de manière plus lapidaire – mais pas nécessairement plus simple – en écrivant que les plus proches de nos ancêtres communs avec Camille Pagé – repérés avec certitude – sont un maître coutelier de Châtellerault, Louis Jean Huau (1661-1741) et son épouse Françoise Denichère,(1656-1722), elle-même fille et petite-fille de couteliers.
Insouciants et ne s’avisant aucunement des conséquences, trois cents trente ans plus tard, de leur engagement marital sur la raison d’un retraité de région parisienne, les deux « tourtereaux » se sont mariés le 5 juillet 1687 à Châtellerault et ont donné naissance à – au moins – deux fils, l’un, Louis Huau (1691-1741) à l’origine de la lignée Pagé, et l’autre, François Huau (1697-1744), à l’origine de la mienne, c’est-à-dire celle de mon arrière-grand-mère Augustine, mais aussi de MTG, notre chère écumeuse de grimoires ainsi que de Françoise F, l’une de mes cousines, « issue de germain et de Germaine ». C’est à la suite d’une promesse, que j’avais contractée auprès d’elles, dans un moment d’égarement, que je me suis mis à rédiger ce petit texte biographique sur cet illustre parent dont j’ignorais l’existence, il y a moins de six mois.
D’où le libellé de mon billet en forme d’oxymore !
Maintenant que je dispose d’une photographie de Camille Pagé – et même de plusieurs car le lascar disparu en 1917, est presque devenu une star d’Internet – je me demande pourquoi j’ai imprudemment postulé que ce visage d’intellectuel âgé au front dégagé, au crâne « en forme de poire » et ressemblant vaguement – non à Eric Saty – mais à Henri Becquerel m’inspirerait ? Pourquoi ai-je imaginé un instant qu’une observation attentive de notre héros me permettrait d’y déceler quelques traits morphologiques communs avec moi ou mes proches, en dépit du nombre appréciable de degrés de parenté qui nous séparent? Pourquoi, alors que nos familles ne se fréquentent plus depuis plus de trois siècles, ai-je pu penser que « Camille » pourrait être honoré d’être reconnu pour « notre Camille » ? Décidément, l’esprit de famille se perd … y compris dans la nuit des temps.
En fait, comme tout mécréant qui se respecte, je suis de ceux que les histoires d’esprits baladeurs impressionnent. J’aime les fantômes auxquels je ne crois pas. En particulier, j’aime bien l’idée suggérée par ma cousine Françoise F – ci-devant châtelleraudaise et ci-devant édile municipale dans l’équipe d’Edith – selon laquelle Camille l’aurait peut-être inspirée « outre-tombe et outre-mairie » pour prénommer sa fille Camille ! J’aime bien cette idée car elle humanise le probablement très sévère patron coutelier, en lui prêtant une certaine influence posthume dans le choix des prénoms des petites filles. Comme si, facétieux et attentif, le vieil intello entrepreneur avec sa moustache broussailleuse en tire-bouchon et son bouc de style Napoléon III ébouriffé à mi-chemin avec la barbe de Victor Hugo, continuait tendrement et à la marge d’influer sur le sort de ses jeunes concitoyens! D’ailleurs, il n’est pas faux de dire que de son vivant, Camille s’intéressait à la jeunesse, à son éducation et à son avenir.
D’ailleurs en septembre 1892, alors qu’il est maire de Naintré dans la banlieue de Châtellerault, c’est le président de la République Sadi Carnot – dont, soit-dit en passant – il avait un peu le look qui, de passage dans la région, lui remet les insignes des palmes d’officier d’académie, comme gage de son engagement pour l’instruction publique.
Camille est non seulement favorable aux réformes de 1882 sur l’école laïque et obligatoire de Jules Ferry, mais c’est en plus un fervent républicain. Ainsi, par les temps qui courent, si j’étais décisionnaire en Poitou, je lui dédierais volontiers une école, et même un collège ou un lycée. En tout cas, plus qu’une salle polyvalente et une avenue! Et j’en ferai un symbole du progrès de la raison contre l’obscurantisme !
Quoiqu’il en soit, je pense, avec d’autres, que les soirs de pleine lune et de conseil municipal, le spectre rigolard de Camille Pagé persiste à hanter les couloirs et les salles de la mairie de Châtellerault pour instiller l’idée -au demeurant erronée – dans l’esprit des édiles et des émissaires de Wikipédia, qu’il en fut le premier magistrat. Par un procédé paranormal, dont je renonce à expliquer les délicats rouages, il s’amuserait, lorsque l’occasion se présente, à conseiller subtilement l’attribution de son propre prénom à la progéniture des élu(e)s, comme s’il voulait par ce signe, manifester son parrainage « bienveillant ». C’est logique et ce serait justice d’en faire un maire élu à titre posthume. C’est la raison pour laquelle cette croyance merveilleuse, pour étrange qu’elle soit, repose sûrement sur une vérité, comme celle du petit Chaperon Rouge ! Enfin, moi, j’y crois quand je l’écris et ça m’intrigue d’y croire, alors que je ne me dope ni aux tranquillisants, ni à l’EPO, ni aux herbes, hormis aux aromatiques de Provence, les soirs de merguez-party !
Mais qui était donc au bout du compte ce Camille Pagé ? Ne voulant ni paraphraser, encore moins, caviarder de savants auteurs qui se sont attelés à sa biographie avec certainement beaucoup plus de talent et de compétence que moi – et avec un fonds documentaire dont je ne dispose pas – je m’en tiendrai à quelques épisodes ou traits que je pense essentiels, en soulignant en premier lieu, sur le fondement de la lecture de sa bibliographie prolixe, que ce devait être un travailleur infatigable. Etant entendu, qu’outre, ses activités intellectuelles, il dirigeait depuis 1867 l’entreprise familiale de coutellerie à Domine sur la commune de Naintré sur les bords du Clain et que durant trente ans, il en fut de directeur.
Camille Pagé était né à Châtellerault le 14 octobre 1844. Son père François Pagé associé à son frère Eugène étaient les héritiers d’une tradition commerciale et de fabrication de couteaux, notamment de ménage et de cuisine. Mais ils furent aussi des pionniers en matière industrielle en créant les premiers ateliers importants utilisant la force motrice du Clain et des machines à vapeur.
A la mort de François Pagé, en 1867, son fils, « notre » Camille prend la direction de l’entreprise paternelle avec son oncle. Selon l’historienne Catherine Falloux qui a écrit une monographie sur cette aventure industrielle, Camille, qui sera bientôt rejoint par ses frères, Gaston, Georges et Jules, est « passionné par son métier, et cherche à améliorer les conditions de production de couteaux en s’efforçant de concilier la recherche de la productivité et l’amélioration des conditions de travail ainsi que la lutte contre l’alcoolisme – combat récurrent de sa vie. Il se préoccupe aussi des méfaits des accidents mortels dus notamment à l’éclatement des meules servant à affûter les lames de couteaux. Mais, en 1898, considérant que l’entreprise familiale est sur de bons rails et qu’elle n’a plus besoin de son concours, il se retire en laissant les clés à ses jeunes frères…et retourne à ses chères études historiques.
Comme beaucoup d’industriels « éclairés » de cette époque – l’entreprise de cordages Bessonneau à Angers est un autre exemple – le souci « social » de Camille de s’intéresser au sort des ouvriers induisit de facto une certaine forme de paternalisme qui le conduisit à s’investir dans des initiatives inspirées des phalanstères, et consistant à prendre en charge, sous le timbre patronal, de nombreux aspects de la vie privée et intime de ses salariés, comme leur logement, leur loisirs ou leur instruction…On comprend mieux dans ces conditions, que plusieurs décennies après sa mort, son ombre persiste à s’intéresser aux prénoms de la famille, cherchant, par là, à sauvegarder son empreinte!
Il meurt à Naintré le 22 juillet 1917 alors que l’issue de la Grande Guerre de 1914-1918 est encore incertaine et que l’hécatombe se poursuit sans relâche, avec son lot de désertions, de trahison et de fusillés innocents sacrifiés « pour l’exemple ». Nul doute que pour ce patriote de soixante-treize ans et malade, cette accumulation de malheurs fut fatale.
D’autant que Camille se revendiqua très tôt patriote : ainsi lorsque survint la guerre de 1870, jeune patron de 26 ans, il se porta volontaire pour combattre l’ennemi, comme lieutenant d’artillerie. Il aurait pu se dispenser de cet « élan du coeur » en prétextant que l’entreprise qu’il dirigeait, travaillait pour l’armée en fabriquant des sabres. Dans les faits toutefois, il ne participa pas à la guerre, bien trop expéditive, pour que les mobilisés de la Vienne aient l’occasion de participer à des affrontements… mais il demeura attaché à la défense nationale, et termina sa vie comme capitaine de réserve.
J’allais oublier le principal : Camille Pagé fit de brillantes études au collège de Châtellerault, où il fut reçu bachelier es-sciences à 17 ans le 31 juillet 1861. Ses « humanités » furent sa fierté. L’instruction pour tous fut d’ailleurs le fil rouge de sa vie, comme en atteste le discours qu’il prononça, en tant que président de l’association d’entraide des anciens élèves de son collège et comme notable local, à la distribution des prix du même collège le 31 juillet 1901. Les larges extraits qui suivent en disent plus long sur lui et sur sa conception de la société, que tout autre commentaire. Ces propos tenus, il y a plus de cent-dix ans témoignent de l’étonnante modernité de la pensée de son auteur et d’un humanisme que personne aujourd’hui ne pourrait désavouer ! Malheureusement, un peu plus de dix ans avant le premier grand massacre collectif de l’histoire de l’humanité, ses vœux – sa prophétie – pour la paix furent loin d’être réalisés !
Écoutons-le : il suffit de se transporter, un après-midi de juillet, dans un « coquet » théâtre en plein air installé dans la cour d’honneur du collège, d’y apercevoir une tribune et une estrade sur laquelle siègent de nombreuses personnalités dont le préfet, le maire et le principal du collège … et des professeurs en toge, et dans la cour, les élèves endimanchés :
« … Il y a quarante ans, j’assistais pour la dernière fois comme élève à la distribution des prix du Collège… C’était une véritable fête à laquelle j’ai souvent pensé dans le cours de ma vie et c’est toujours avec plaisir que je suis retourné voir notre vieux collège pour la distribution des prix, … Aujourd’hui, je dois le très grand honneur de présider cette solennité, dans notre coquet théâtre à mon titre de Président de l’Association amicale des Anciens Elèves du Collège…La pensée qui a donné naissance à notre Association procède du besoin de groupement, du besoin de solidarité, qui est, pour ainsi dire, la caractéristique de notre époque. Il ne faut pas se dissimuler que l’idée maîtresse aujourd’hui, c’est l’idée de solidarité qui sera la loi future des peuples; nous devons être unis dans un même sentiment que l’on peut définir par l’obligation pour chacun d’apporter sa part de travail à l’édifice social.
Le temps n’est plus où ceux qui possédaient, pouvaient se désintéresser de l’avenir, il faut aujourd’hui que chacun contribue au progrès de l’humanité et puisse dire ce qu’il a fait pour le bien de ses semblables, s’il ne veut pas être considéré comme un être inutile.
Vous tous, mes jeunes amis, qui êtes la pépinière d’hommes sur laquelle compte le pays, il faut bien vous pénétrer de cette vérité que l’avenir appartiendra à ceux qui auront le plus travaillé et qui, par suite, seront les mieux armés pour ce combat de tous les jours qu’on appelle : « la lutte pour la vie. » …C’est au Collège que l’on fait cet apprentissage et vous devez voir, (…) combien l’instruction a d’importance. Ce sera l’éternel honneur du Gouvernement de la République (…) d’avoir ouvert toutes grandes les sources de l’instruction et de l’avoir rendue obligatoire. Vous avez vu quel bouillonnement d’idées cela a fait naître. Les anciennes méthodes ont été modifiées, on en a essayé de nouvelles; de là est né l’enseignement moderne. On est cependant divisé sur la manière de l’apprécier, et il est certain qu’il ne peut remplacer l’enseignement classique au point de vue littéraire, mais si notre pays ne peut se passer de poètes et d’orateurs, il a besoin plus que jamais d’industriels et de commerçants qui puissent développer notre commerce et notre industrie et les mettre en état de lutter avantageusement contre la concurrence étrangère. …Vous avez des professeurs dévoués et intelligents (…). Ils feront de vous des hommes dont les talents et la science relèveront encore le renom de la France qui doit rester à l’avant-garde du progrès et de la civilisation. N’avons-nous nous pas pour nous encourager dans cette voie, le souvenir d’hommes comme Gambetta, Jules Ferry, Carnot, Félix Faure et tant d’autres qui, sortis des entrailles de la démocratie, sont arrivés aux premières magistratures du pays et dont les noms sont synonymes d’honneur, de dévouement, d’abnégation, de patriotisme.
Malheureusement, il ne faut pas toujours compter sur la réussite, et c’est pour aider ceux qu’un moment de découragement aura pu abattre ou qui auront été frappés dans la mêlée par les coups du sort que notre Société a, été fondée ; aussi j’éprouve une grande satisfaction d’avoir participé à sa création…
Voilà, mes jeunes amis, des questions bien sérieuses (…) mais au moment où vous allez partir en vacances (…) je veux essayer de vous montrer l’avenir sous des couleurs moins sombres. La science n’a point fait faillite comme l’ont, prétendu certains esprits chagrins; nos savants, les Chevreul, les Pasteur, pour ne citer que les plus célèbres, ont fait sortir de leurs laboratoires les plus grandes découvertes (…); en même temps ils ont fait preuve d’un désintéressement sans bornes en divulguant leurs secrets pour en faire profiter l’humanité entière. Le 19ième siècle dont nous avons vu l’année dernière la triomphale apothéose, a été fécond en découvertes. Pendant toute sa durée, la vapeur, l’électricité, le télégraphe, le téléphone n’ont cessé de nous apporter leurs surprises et leurs bienfaits. Vous verrez certainement des choses surprenantes à la découverte desquelles vous prendrez peut-être part vous-mêmes. L’électricité qui menace de détrôner la vapeur, la télégraphie sans fil, (…) promettent déjà de révolutionner le monde. (Au 20ème siècle) … il est probable que la perfection des engins destructeurs deviendra telle que ceux qui sont maîtres des destinées des peuples reculeront devant la responsabilité des malheurs qu’une guerre pourrait déchaîner…( !)
Dans ce difficile problème de l’assagissement de l’espèce humaine, nous devons chercher notre aide dans la femme et c’est avec plaisir que je vois se répandre l’habitude de la prendre pour symbole dans les manifestations populaires, soit comme muse, soit comme reine; c’est la magicienne qui opérera la transformation tant désirée, aujourd’hui qu’on lui verse à flots l’instruction dont elle avait besoin… ».
Voilà, ma promesse a été tenue : j’ai cherché à raconter Camille Pagé et j’ai découvert un personnage que je ne soupçonnais pas : un cousin, certes, très très éloigné mais dont finalement je me sens assez proche par les idées qu’il professait. J’ai croisé quelqu’un avec lequel il devait être passionnant de converser, un homme de culture classique mais aussi un ingénieur optimiste, confiant dans les progrès de la raison. Un modèle en quelque sorte. Un de ces pionniers de la France moderne et industrielle, bâtisseur d’un patrimoine qui, malheureusement se délite aujourd’hui, par suite de mauvais choix structurels depuis plusieurs décennies. J’aime le rêve de cet homme qui s’efforça de concilier l’histoire, l’ingénierie et l’entreprise. Et qui, à sa manière, sut relever ce challenge. Ce ne serait pas déchoir que de partager ses utopies, et même de lui ressembler.En revanche, si j’avais le choix, je me dispenserais bien de connaitre, sans doute prochainement, la même calvitie que lui. Ça risque de me donner un air « troisième République » un peu suranné et anachronique! Nous sommes au 21ème siècle et il faut être de son époque! Et ce n’est pas si aisé tous les jours.
merci d’avoir redonné vie à notre cousin illustre ..
c’est un vrai plaisir de lire ce texte qui certainement sera une référence familiale au même titre que l’lhistoire des couteliers de camille…
C’est pas peu dire !
pour ma part je diffuse aux descendants châtelleraudais..
Merci pour ce commentaire sympa, mais qui me fait rougir!
Quel travail remarquable ! Un vrai régal d’apprendre tout ce que Camille a pu dire, écrire et faire sans doute. Le journaliste professionnel familial châtelleraudais ira peut-être s’inspirer un jour des différents billets relatant nos ancêtres et cousins réels (ou adoptés).
Mais comme d’habitude, rien n’aurait pu se faire sans un remarquable et préalable « tir d’artillerie » (comme on disait en 14) réalisé par une certaine MTG!
Quel beau discours, les valeurs qu’il représente et quel style!
Et puis les distributions des prix de notre jeunesse c’était pas si mal, même si les discours n’étaient pas toujours du niveau de celui de Camille Pagé!
Eh oui! Je reviens d’une réunion à Paris dans un cercle où tu connais, de longue date, la plupart des orateurs/acteurs, tous champions de la langue de bois dont on fait les pipeaux: ces discours, que j’écoute de plus en plus difficilement, étaient très loin du niveau de notre ami Camille, tant par leur forme que sur le fond!
Une généalogiste (Gisèle A.) qui cousine avec nous par des maîtres bouchers (Lebeau) et se trouvant sans ordinateur momentanément, me signale que Camille Pagé (trois prénoms) est né le 14 octobre 1844 et pas le 20 comme écrit plus haut… Elle pense cousiner avec la femme de ce Camille Pagé.
OK Merci. Dont acte. Et excuses à ce bon Camille que j’ai, Dieu sait pourquoi, rajeuni de 6 jours!
Voici que Camille Pagé vient d’avoir à CHATELLERAULT hier, un nouveau petit cousin éloigné … JONAS, Il est mon dixième arrière-petit-neveu et descend directement des Huau maîtres-couteliers de Châtellerault et de plein d’autres ancêtres maîtres quelque chose, sans oublier François Requiem notre maître chirurgien ! Ainsi cette naissance nous donne l’opportunité de remettre à l’ordre du jour le texte admirable de février 2013 ! et peut-être quelques autres perdus dans les méandres des archives du 6bisrue demessine… En attendant qu’on parle peut-être du vainqueur italien futur sans doute du Tour de France 2014. Ne l’appelle-t-on pas lui « l’aigle de Messine » ?
Longue vie à Jonas. Voilà une nouvelle fort réconfortante en ces temps difficiles, où les drames et les tragédies sont trop souvent à l’ordre du jour! Félicitations aux parents, grands-parents sans oublier l’arrière grande tante!