Voeux ou désaveu

Il y peu, j’avais décidé d’interrompre ma recherche fébrile d’un passé retrouvé.

Puis, certains, en usant de divers moyens, m’ont dit que ce serait dommage! Pas dramatique mais quand même dommage, car ça les distrayait un peu de lire mes petites chroniques du temps qui passe…

Alors, désaveu,  tel un vieil acteur cabotin qui a déjà  fait, mille fois, ses adieux à la scène et qui revient, rien que pour sentir une fois encore la poussière des coulisses et écouter la rumeur de la salle, j’ai décidé de ressortir mon plumier et de croiser les mots avec mes chers fantômes. Il y en a d’ailleurs quelques uns qui résistent un peu avant de se découvrir. Tel ce François René Denou (1769-1852) qu’on soupçonne d’appartenir à notre famille angevine, mais qui continue, en dépit de plusieurs indices concordants,  de déjouer tous les pièges qu’on lui tend, jusqu’à faire disparaître toute trace de filiation ou d’affiliation simple avec notre arrière grand-mère au quatrième ou cinquième degré, dans les registres des arrondissements d’Angers du début de l’avant-dernier siècle. On aimerait pourtant se l’accrocher à la bandoulière familiale, ce républicain de 1791, qui a fait toutes les campagnes de la Révolution et de l’Empire et qui a fini tranquillement ses jours à Angers, pensionné de l’armée et décoré de la Légion d’Honneur – et dans les bras d’une « jeunette ».

Il en est de même, pour notre ancêtre, Jean Desvignes (1762-1793), « voiturier par eau » sur la Loire,  qui lui aussi se dérobe à nos investigations mémorielles. Il avait probablement fait le choix opposé de François René – qu’il ne connaissait pas – en adhérant aux thèses de l’insurrection vendéenne. Il a péri en décembre 1793, soit du côté d’Ancenis, lors de la tentative de l’armée royaliste de retraverser le fleuve pour retrouver la rive gauche après sa désastreuse « Virée de Galerne » ,… soit dans les marais de Savenay  dans l’ultime déroute des vendéens…Pour le prouver, il nous faudrait retrouver « l’acte de notoriété le concernant ».

Quoiqu’il en soit, nous faisons le siège de ces deux rebelles dans l’espoir de percer leurs mystères au cours de l’année 2013…et de le révéler! D’autres petites narrations attendent sagement qu’on les exhume: chaque chose en son temps! Quand j’écris « nous », je m’associe avec beaucoup de culot au travail de « bénédictine » , réalisé par la plus titrée des généalogistes de la famille: je veux dire Marie Thérèse TG.  D’autres sujets nous offriront sûrement l’occasion de jeter des ponts entre le passé, le présent et l’avenir et de donner notre point de vue en toute opacité, comme le fait la classe politique en affirmant le contraire! En toute opacité, car la transparence finit par lasser! Mais sans langue de bois et en toute indépendance d’esprit, comme peut s’autoriser à le faire un vieux monsieur, revenu de toutes les campagnes et  qui ne cherche plus depuis longtemps à s’attirer les bonnes grâces de quiconque ou de recevoir quelque prébende enviable.

En principe, le passage dans quelques heures à l’année nouvelle sur le méridien de Greenwich devrait  s’effectuer – je l’espère – sans risque – en tout cas avec beaucoup moins de risque que celui de s’emparer de gabarres défoncées pour franchir le fleuve Loire sous la mitraille républicaine en décembre 1793, mais quand même!  On nous dit que l’année serait rude.

Formons le voeu qu’elle le soit seulement pour tous ceux qui nous méprisent et qui se moquent de nous… Malheureusement  ils sont assez nombreux, souvent assez bien placés et velléitaires!  Faisons en sorte de passer outre leurs balivernes et que, pour tous, l’année soit douce! Dans tous les sens du terme… Exempte de violence!

Dans quelques heures, l’année 2012 sera définitivement cloisonnée dans le passé. Son temps, marque de notre impuissance, sera emprisonné.

Pour 2013, tout est envisageable. Même le meilleur! Bonne année 2013