Le candidat socialiste à la présidence de la République, François Hollande, est désormais accompagné dans ses déplacements par une femme, généralement cheveux dénoués, plutôt bon chic, bon genre, que l’on retrouve au premier rang des VIP dans ses meetings. Au Bourget par exemple, le 22 janvier dernier, elle était assise entre le chanteur Benjamin Biolay et Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand. Pour qui n’est pas spécialement au fait du gotha socialiste ou qui ne s’intéresse que modérément à la vie privée de ceux qui prétendent nous diriger ou des courtisans qui se pressent dans leur sillage, cette présence d’une quasi-inconnue ne pouvait s’expliquer que par sa proximité avec le candidat, par son activisme militant ou encore par le choix d’une brillante énarque en recherche d’un destin national à gauche. La plupart des Excellences socialistes, dont le candidat lui-même, la première secrétaire du parti – sa concurrente d’un temps – la majorité des anciens et futurs ministres, sont en effet passés par cette filière de l’énarchie pseudo militante, pour booster leur bonne fortune. Le schéma ascensionnel est d’ailleurs identique à droite, de sorte que les valeureux colleurs d’affiche ou distributeurs de tracts demeurent cantonnés, en démocratie moderne, dans le rôle subalterne de supplétifs inconditionnels. Qu’ils s’en contentent : c’est déjà bien qu’on leur permette de tutoyer leurs idoles !
En l’occurrence, pour la dame inconnue, l’hypothèse d’un appétit de carrière « au premier degré » n’était pas la bonne. On a appris très vite qu’il s’agissait tout simplement de la compagne depuis 2006 de François Hollande. Elle s’appelle Valérie Trierweiler, du nom d’un précédent mari, père de ses enfants, et on dit qu’elle est journaliste politique…et maintenant sympathisante de gauche. Dont acte !
Mon billet aurait pu se conclure ici. N’ayant nulle vocation à concurrencer les journaux à sensation, ni d’ailleurs les moyens, je ne vibre pas à l’écoute de la vie privée des hommes ou des femmes politiques, et si, parfois, je m’y intéresse, comme ce fut sûrement le cas pour l’actuel Président de la République, c’est parce que son épouse, qu’on qualifie abusivement de « première dame de France » semble jouir d’un statut qu’aucun des textes qui régissent notre République ne semble lui conférer…
Mais, j’ai aussi l’esprit d’escalier et de la curiosité. Et pour les satisfaire, Internet et Wikipédia sont des outils remarquables…J’y apprends que Valérie Trierweiler est née en 1965 à Angers, qu’elle a longtemps habité le quartier Montplaisir et que ses études secondaires se sont déroulées au collège Jean Lurçat ainsi qu’au lycée Joachim du Bellay. A mes yeux, elle bénéficie donc à ce titre d’un a priori favorable, car je n’ai jamais prétendu être objectif ! Son compagnon bénéficie d’ailleurs du même crédit de sympathie, mais pour d’autres motifs que je m’interdis de développer ici, pour ne pas taquiner une mienne cousine que j’aime bien, et qui estime qu’un blog familial ne doit pas être confondu avec un forum politique !
Cinquième d’une famille de six enfants – famille, qui au demeurant, n’est ni très riche, ni pauvre – Valérie Trierweiler a pour nom patronymique Massonneau. Là encore : mon enquête aurait pu s’achever, mais ce qui m’a intrigué, c’est que les différents articles que j’ai lus sur elle, font état d’un grand-père et d’un arrière-grand-père banquiers, propriétaires de la banque Massonneau rue du Mail jusqu’en 1950, date, à laquelle elle fut rachetée par le Crédit de l’Ouest…
Le Crédit de l’Ouest ! Je ne peux évoquer cette banque sans songer à mon oncle Georges Turbelier (1927-2009) qui y a effectué l’essentiel – peut-être même la totalité – de sa carrière professionnelle à Angers d’abord, puis à Nantes. Le Crédit de L’Ouest, qui fut, grâce, précisément, à mon oncle, le lieu de mon premier job d’été, mon premier travail salarié et ma première feuille de paie ! A l’époque, en 1964, la banque – en tout cas mon lieu d’affectation – se trouvait près de la Poste centrale d’Angers non loin de la place du Ralliement et mon boulot consistait, au sein d’une sorte d’«open space » d’employées féminines, d’une part à endosser des chèques et, d’autre part, lors des pauses de la journée à acheter les viennoiseries de ces dames dans une boulangerie-pâtisserie voisine.
Le maniement du tampon me fut utile par la suite, lorsque, cadre dans l’administration à Paris dans les années 80, j’assortissais mon paraphe hiérarchique d’un cachet officiel… Pour l’adolescent que j’étais, le Crédit de l’Ouest est donc lié au double apprentissage du tampon encreur et du marivaudage intéressé avec une sorte de gynécée de la finance : un bon souvenir, dont je sais gré à mon « Tonton Jojo » aujourd’hui disparu. A mon regretté oncle, dont je mesure encore aujourd’hui toute l’étendue de notre réciproque affection. Cette expérience professionnelle primordiale fut en outre pour moi l’occasion de m’offrir mon premier « deux roues motorisées », un Vélosolex d’ancienne génération, avec lequel j’ai sillonné Angers en tous sens pendant plusieurs années !
Pour l’heure, c’est Internet que je parcours – gravissant les barreaux de l’échelle à crinoline qui conduit au tréfonds des soupentes du passé… Et j’y découvre que la banque Massonneau et Cie, propriété des aïeux de notre nouvelle peut-être future héroïne Valérie T, avait ses bureaux dans un hôtel particulier situé rue du Mail, à Angers. Surtout elle remontait, sous forme de banque familiale, aux années 1845-1848. A l’origine, elle s’appelait la « Banque Bordier » du nom d’un orfèvre qui avait fait fortune. Dans l’inventaire général du patrimoine pour la Ville d’Angers, un commentaire historique décrit l’importante emprise de la banque dans le quartier de l’actuelle mairie et souligne que la banque fut connue sous des appellations successives selon les associations de personnes : banque Bordier, banque Bordier, Cormeray et Cie, banque veuve Bordier, et enfin banque Massonneau et Cie, jusqu’à 1950, date de sa fusion avec le Crédit de l’Ouest.
Autrement dit, à l’issue d’un improbable détour par la campagne présidentielle 2012, on retrouve la banque Cormeray, dans laquelle travaillait Alexis Turbelier, le poilu tué en avril 1918 sur le front de la Somme. C’est sans doute près de cette banque, rue du Mail, Rue David ou Boulevard Bessonneau qu’il connut Adrienne Venault dans les années 1916-1917. Episodes que j’ai déjà eu largement l’occasion d’explorer dans ce blog …
Finalement, tous les chemins mènent à Rome ! Sur celui-là, batifolaient Alexis et Adrienne ainsi que Francois Hollande et Valérie Trierweiler-Massonneau !
Cela voudrait dire donc que cette Valérie est ma cousine !!!!!
puisque je suis moi-même la petite fille de Jacques Bordier héritier (déporté) de la banque Bordier d’Angers
Etonnant !
C’est possible, mais je n’ai pas mené d’investigations sur cet aspect de l’histoire. En tout cas, serait une belle et amusante coïncidence. Merci pour votre commentaire.
Bonjour. Une petite question : Les Bordier et Massonneau étaient-ils apparentés ou ‘simplement’ associés ?
Honnêtement, je n’en sais rien, car lorsque j’ai rédigé ce petit billet, je n’ai cherché qu’à faire sourire à propos de certaines coïncidences que j’avais notées. D’ailleurs, sur le moment, personne ou presque ne l’a lu! Depuis une dizaine de jours, des centaines de visiteurs m’ont fait l’honneur de le lire. j’en suis ravi mais je me demande bien pourquoi. En tout cas, merci, pour votre commentaire…
Il n’y a aucun lien de parenté entre les familles Massonneau et Bordier,
d’autre part la banque en question s’appelait « J.Bordier fils massonneau et cie « et non pas banque Massonneau.
Mon père Jacques Bordier était propriétaire en totalité de l’immeuble et associé majoritaire avec Jacques Massonneau.
Il est mort en déportation en 1943 .la banque fût cédée sous cette appelation en 1950 au credit de l’Ouest
La banque Massonneau n’a jamais existé – la banque familiale BORDIER remonte à 1945-48 par cession de la banque ROGERON – Le fondateur était JULES EMILE BORDIER – son fils JULES BORDIER. Cette banque a eu au moins 6 appellations dans les derniers temps: celle de MASSONNEAU ET CIE puis fusion avec le Crédit de l’Ouest en 1970. Les hotels particuliers du 86 et 88 rue du mail ainsi que la banque du 90 ont été detruits. Aujourd’hui,à cette place, nous y trouvons l’hôtel de ville d’Angers – Precision = Suivant les associations la banque Bordier fut d’abord la Banque Bordier, puis banque Bordier encore une fois, puis Cormeray et Cie, Banque Veuve Bordier puis Massonneau et Cie juste avant la fusion…
Elle n’a pas existé et elle a existé, selon votre commentaire!